Source : Ojim.fr – L’Ojim a consacré de nombreux articles à l’attitude des médias vis-à-vis des migrants. Ils ont une position morale et moralisante que l’on peut résumer en une phrase : les migrants c’est bien, ceux qui posent des questions sur leur accueil ou qui les refusent, c’est mal.
Le service public n’est pas en reste sur ce thème. Dans certains cas on peut même parler de véritable lobby.
Certains journaux s’engagent directement dans la « promotion du migrant », véritable marqueur moral et « chance pour la France » comme Le Télégramme de Brest. Une antenne régionale de France 3 censure les propos anti migrants sur son site internet et un journal breton fait de même.
Mais certains journalistes vont plus loin en organisant directement la venue de « migrants » in situ dans la région qu’ils couvrent pour leur journal. Autrement dit, ils utilisent leur travail de « journalistes » non seulement à des fins de simple propagande mais également pour « devenir des facilitateurs de l’arrivée des réfugiés ». Honnêteté, vous avez dit honnêteté ?
Avec l’autorisation de Breizh Info nous reproduisons un de ses articles sur les actions militantes de Michel Oriot « journaliste » de Ouest-France à La Baule.
Aide aux migrants. À La Baule, l’implication d’un journaliste d’Ouest-France
12/01/2017- 07h00 La Baule (Breizh-info.com) – Breizh-info poursuit son enquête sur les soutiens pro-migrants dans la Presqu’ile guérandaise. Aujourd’hui le cas d’un journaliste de Ouest-France qui ferait du lobbying pro-migrants auprès des mairies de la Presqu’île.
Parmi les responsables du collectif SRPI, on trouve dans la liste : « Accompagnement et facilitation du montage de dossiers pour proposer des hébergement dans les municipalités de la Presqu’île : Michel Oriot », avec son adresse mail au sein du groupe Ouest-France.
Correspondant local au sein de Ouest-France et chef d’agence de La Baule, il utiliserait ses possibilités professionnelles pour faire du lobbying pro-migrants auprès des municipalités. En effet, la marge des maires face à un journaliste – surtout du premier quotidien local – est bien moindre que face à un collectif ou à un citoyen. N’y aurait-il pas conflit d’intérêt dans ce mélange des genres entre le métier de journaliste et l’engagement personnel associatif ?
D’autant qu’il couvre activement le sujet – par exemple pour l’arrivée des migrants à Batz, relayée sur Ouest-France, ou la réaction du conseiller régional écologiste à l’université d’été de l’UMP à La Baule en 2015, et le refus des ténors du parti d’accueillir des réfugiés.
Ou encore cet interview d’une figure de la gauche italienne – d’origine africaine – qui appelle les pays européens à ouvrir complètement leurs frontières aux migrations. Le 5 novembre 2016 il donne dans une brève tous les contacts nécessaires pour apporter des dons en nature ou en argent à la mairie pour les migrants accueillis par la Ligue de l’enseignement à Batz. Etc.
Et pourtant, il est confirmé dans un billet daté de mai 2016 du collectif Pour l’avenir de Pornichet, qui sert de relais local à SRPI et à d’autres causes plutôt marquées à gauche : « Le collectif ICAR PRESQU’ILE ( Initiative Citoyenne pour l’Accueil des Réfugiés sur la Presqu’ile) prendra contact, par l’intermédiaire de Michel ORIOT (correspondant local Ouest France La Baule et membre dans le collectif) avec les mairies de la presqu’ile dont celle de Pornichet pour connaître leurs propositions d’accueil ». On ne peut pas faire plus clair.
Un autre billet de mars 2016 confirme son implication – ainsi que, par ricochet, du journal Ouest-France, dans le développement de la présence de migrants sur la Presqu’île : « Une réunion s’est tenue à Pornichet le 16 septembre à l’initiative de la rédaction bauloise de Ouest France et un modèle de lettre a été envoyé à chaque mairie afin que celle-ci se porte volontaire pour l’accueil des réfugiés ».
Michel Oriot n’engagerait donc pas seulement sa personne – il est le chef de l’agence d’Ouest-France à La Baule. Habitant de Pornichet, ce nantais d’origine passé par l’enseignement catholique diocésain sous contrat (école Saint-Donatien à Nantes, puis le très bourgeois lycée du Loquidy), a conduit une liste aux municipales 2014 à Sion-les-Mines, au nord de la Loire-Atlantique. Il n’a pas été élu maire, sa liste étant arrivée dernière des trois qui se présentaient. Il n’est que conseiller municipal sans délégation.
Il n’est pas seulement lobbyiste, c’est aussi la personne à l’origine du collectif pro-migrants de la Presqu’île, avec Annette Bolo. A ses confrères de l’Echo de la Presqu’île, il a été très clair en novembre 2015 : « Nous voulons devenir des facilitateurs de l’arrivée des réfugiés sur la Presqu’île », a-t-il affirmé. Il ajoute :« un phénomène d’entraînement entre les maires est possible pour initier une dynamique. On peut, on veut accueillir et mettre en place un dispositif pour être une force de proposition auprès de la préfecture ».
Source : Ojim.fr – Selon les derniers chiffres de l’OJD, relayés par Breizh-Info, Ouest-France a perdu près de 70 000 lecteurs en l’espace de 10 ans.
En effet, en 2005, la diffusion totale du « premier quotidien de France » atteignait 781 033 exemplaires par jour. En 2015, dix ans plus tard, elle n’était plus qu’à 712 500 ex/jour, soit une perte de 68 533 lecteurs. Une chute qui s’est accélérée en 2013 puis en 2014.
« La télévision et internet ont bien entendu contribué à affaiblir la diffusion d’Ouest-France. Mais cela n’explique pas tout. À coup sûr, un contenu fade, inodore, sans saveur ne peut pas enthousiasmer les nouvelles générations de lecteurs », analyse Breizh-Info. Certes, ce choix de « neutralité » exagérée (mais pas dépourvue d’idéologie) permet de ménager les élus tout en protégeant ses arrières. Mais cela se fait au prix d’une chute douloureuse.
Concernant le supplément du dimanche, Dimanche Ouest-France, celui-ci a progressé jusqu’en 2012 avant de décliner d’année et année. En 2013, sa diffusion était de 366 526 exemplaires par jour (- 4 577), en 2014 de 363 372 ex/jour (-3 154), et en 2015 de 364 028 ex/jour (-656).
Heureusement pour le quotidien du Grand Ouest, les faits divers, bien que peu approfondis, et la couverture locale permettent encore de maintenir le navire à flots. Mais pour combien de temps ?
Racisme, sexisme et âgisme concentrés dans un seul article. Dans un seul titre même. Dans son édition du 17 juin 2016, Ouest-Franceconsacrait un papier au nouveau pouvoir brésilien post-Dilma Rousseff.
Et pour le quotidien, ce pouvoir est (trop) « blanc, masculin et vieux ». Se basant sur la photographie officielle du gouvernement, Ouest-France juge que le cliché montre « un Président entouré d’hommes, âgés, tous blancs ». Visiblement, c’est un problème. Pour le quotidien, citant l’écrivain Eliane Brum, cette image « transmet un message clair » : le gouvernement Temer veut « garantir un retour vers le passé, quand les Noirs et les pauvres n’avaient accès ni à la consommation ni à l’université ». Rien que ça…
Cette discrimination à l’encontre de tout ce qui est blanc, vieux et homme n’a rien de nouveau. En septembre 2015, la nouvelle présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, jugeait que son groupe comportait trop d’hommes blancs de plus de 50 ans et qu’il fallait « que ça change ». Le mois suivant, le CSA lui donnait raison en estimant à son tour qu’il y avait trop de blancs à la télévision.
Et avril 2016, Didier Lestrade, journaliste pour Slate.fr et fondateur d’Act Up déclarait que les médias gays étaient eux aussi « atrocement blancs », le tout dans l’indifférence générale. Ce racisme là est permis, encouragé même. Si les races n’existent pas, la race blanche, elle, n’existe que lorsqu’il s’agit de la culpabiliser, voire de la faire disparaître…
L’occasion était trop belle. Le 24 avril 2016, Norbert Hofer, le candidat du FPÖ, termine en pôle position du premier tour de l’élection présidentielle autrichienne, devançant de 14 points l’écologiste Alexander Van der Bellen. Une première étape remportée « à la surprise générale », nous dit-on. Surtout celle des médias occidentaux, faudrait-il ajouter, ces derniers étant de plus en plus coupés du réel alors que l’Autriche fait face à des problèmes migratoires sans précédent.
En prévision d’un second tour le 23 mai où Hofer part favori, c’est le branle-bas de combat dans la presse aux ordres. Partout, notamment en France, on crie à la menace fasciste, on dénonce la montée de l’« extrême-droite » et on entend, à son niveau, influer au maximum sur le résultat du scrutin. Petit tour d’horizon d’une semaine de propagande ouverte pour « éviter le pire ».
Norbert Hofer, un nazi souriant qui vous veut du mal
« Discret et courtois », Nobert Hofer n’en est pas moins d’« extrême droite » pour la presse française. Pour L’Express, et bien d’autres, il est donc, logiquement, « l’extrême-droite avec une patte de velours (et un flingue) ». Un flingue ? Oui, car n’oublions pas que le candidat du FPÖ est un « adepte du tir sportif » et aime, parfois, porter une arme (en toute légalité) pour, dit-il, « renforcer son sentiment de sécurité ». Mais pour qui n’aurait pas pris la peine d’aller plus loin que le titre, ce qui est malheureusement le cas de beaucoup, Nobert Hofer apparaît, à première vue, comme un nazi armé qui a fait campagne « le Glock à la ceinture » (L’Obs).
Car nazi, il l’est aussi ! C’est Christian Rainer, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Profil, qui le dit : « Quand on parle de Norbert Hofer, on parle de quelqu’un fasciné par l’idéologie de la Grande Allemagne. On parle de quelqu’un qui a été sorti du chapeau par un chef de parti qui a frayé dans le milieu néonazi. » Une déclaration sans fondement qui sera reprise et mise en avant, AFP oblige, par toute la presse, Figaro compris. Sans fondement ou presque : dans sa jeunesse, Hofer a appartenu à la corporation estudiantine « Marko-Germania », proclamant l’Autriche comme faisant partie intégrante de la Grande Allemagne. Visiblement, seule l’extrême-droite n’a pas le droit aux casseroles de jeunesse…
De plus, lors de ce premier tour, Hofer a réalisé « le meilleur score jamais enregistré par le FPÖ à un scrutin national depuis la guerre ». On vous l’avait bien dit, que la guerre n’était pas si loin ! Et tant pis si le parti n’a été fondé qu’en 1956… Qui plus est, Hofer partage aussi avec le führer une volonté d’expansionnisme historico-identitaire. En février 2015, l’ingénieur aéronautique s’est en effet prononcé pour le retour du Tyrol, rattaché à l’Italie depuis 1919, à l’intérieur des frontières autrichiennes. Un thème « cher à l’extrême droite depuis la fin de la seconde guerre mondiale », nous dit L’Obs. Sauf que Hofer a défendu le droit à l’autodétermination des habitants de cette région et qu’il n’est évidemment en rien question de conquête militaire…
Pour FranceTVinfo, l’homme politique de 45 ans est un « parano », un « idéologue » qui cache bien son jeu. Autre grief à son actif : il est « islamophobe », expression utilisée tant par Libération que, servilement, par Le Figaro. « Pour moi, la burqa est un symbole de l’oppression des femmes, tout comme le foulard », a déclaré Hofer. Et Metronews de renchérir grossièrement : « Autant de discours prononcés avec un revolver à la ceinture. » Comprenez : Nobert Hofer compte tirer à vue sur les femmes portant le voile ! D’ailleurs, le bougre a même refusé, s’il était élu, de nommer une femme portant le voile dans son gouvernement. Pour ne rien arranger, suite à un accident de parapente, il se déplace désormais avec une canne, en boitant. Cela lui donne, sans aucun doute, un côté étrange et cynique à la Talleyrand (ou à la Docteur House, pour les plus jeunes).
Ce diable boiteux, comme était d’ailleurs surnommé le ministre des relations extérieures de Napoléon, est assurément « anti-Islam », comme nous l’assure L’Obs. Pour preuve : il refuse que l’Autriche, qui accueille déjà 90 000 « réfugiés » ne devienne le premier pays d’accueil de l’Union Européenne. Pire : il ne veut pas que l’Autriche devienne « un pays à majorité musulmane ». Comme le note Libération dans son article, sobrement intitulé « le péril Hofer » : « Pour lui, l’Europe est confrontée à une « invasion musulmane » de réfugiés venus « profiter des allocations » autrichiennes. Armer les soldats à la frontière est, selon lui, une évidence. » Avant, cela s’appelait tout simplement des douaniers. Quant à son rival, l’écologiste Alexander Van der Bellen, il est lui-même « fils et petit-fils de réfugiés ». Il est donc, logiquement, dans le camp des gentils. Peu importe que ce « réfugié » soit un descendant d’aristocrates russes.
L’Humanité, aussi, y va de sa pique. Pour le journal communiste, le candidat d’« ultradroite » « se déchaîne contre les musulmans » et ose évoquer les « valeurs et racines chrétiennes » de son pays. Personne ne conteste son aspect présentable, poli, sympathique. Cependant, dans la presse, c’est la course à l’expression la plus ridicule, de la « main de fer dans un gant de velours » (Le Figaro) à l’« extrémiste si présentable » (Le Point) en passant par le « loup dans un costume de mouton » (Euronews)…
Mais quand bien même cette sympathie évidente lui est reconnue, elle est considérée, partout, comme étant un habile moyen de manipulation. Une stratégie qui est également prêtée, en France… à Marine Le Pen. Dans la presse, on n’a d’ailleurs pas manqué de faire le parallèle entre le duo Nobert Hofer-Heinz-Christian Strache (dirigeant du FPÖ au discours plus direct) et le duo Marine Le Pen-Jean-Marie Le Pen. Comme l’écrit Marianne, le FPÖ n’est-il pas le « cousin d’extrême-droite » du FN ? Car bien-sûr, il n’est même pas nécessaire d’insister sur ce point : en plus d’être armé, nazi, anti-islam et autoritaire, Nobert Hofer est évidemment d’« extrême-droite ».
Sans aucun doute, ce fut l’expression la plus utilisée de la campagne. En cette fin du mois de mai, l’« extrême-droite » était « aux portes du pouvoir » en Autriche, et il fallait se mobiliser…
La menace brune ne passera pas
La diabolisation de Nobert Hofer n’aura pas suffit, il fallait également alerter l’opinion à grand coups de menace d’apocalypse et de désastre. Assurément, l’objectivité aura, une fois de plus, manqué à l’appel lors de cette couverture médiatique disproportionnée et déséquilibrée. Face à l’écolo fréquentable : le nazi susceptible de mettre un terme à la diabolisation de l’« extrême-droite » en Europe (c’est Marianne qui s’inquiète…).
Selon Libération, qui voit Hofer comme un « péril », seules deux solutions s’offrent à la gauche : « un sursaut ou le chaos ». Dans sa boule de cristal sponsorisée par Patrick Drahi, Libération voit donc un avenir apocalyptique pour l’Autriche en cas de victoire du FPÖ. Ses sources ? Des militants de gauche, des communistes, qui se mobilisent avec des drapeaux estampillés « Pas de nazi dans la Hofburg ». Ainsi, conclut Libé, lors du vote du second tour, il faudra un sursaut démocratique : « C’est ça ou le saut dans le vide. Ou un pays au bord du chaos. »
Pour Le Point également l’Autriche n’a que deux solutions. L’une enrobée de miel, l’autre de cyanure : « l’extrémiste Hofer ou l’écologiste Van der Bellen », titre l’hebdomadaire. Partout, on craint que l’actuel vice-président du Parlement autrichien ne sème le désordre dans le paysage politique du pays, notamment avec un renvoi du gouvernement et une dissolution de l’Assemblée. Pourtant, « le candidat d’extrême droite a souvent répété qu’il respecterait les usages et qu’il ne renverrait le gouvernement qu’en dernier recours », explique un journaliste. Mais FranceTVinfo craint« qu’il cache ses vraies intensions (sic) pour ne pas inquiéter les électeurs ». Ce qu’il dit est inquiétant mais ce qu’il ne dit pas l’est encore plus, en somme.
De son côté, La Tribune estime que cette élection serait un « véritable coup de tonnerre en Europe, car, pour la première fois, un représentant de l’extrême-droite deviendrait chef d’un État membre de l’UE et de la zone euro et il y serait parvenu par une élection directe au suffrage universel ». Mais outre ces craintes, comment expliquer cette tendance ? Pour Romaric Godin, toujours sur La Tribune, le pays est « travaillé par la nostalgie de la grandeur perdue des Habsbourg » et à cela s’est ajouté… « un manque de culpabilité pour la période nazie du pays ». Mais oui ! Exit la crise migratoire et les délires austéritaires de l’UE.
Pour BFMTV, « l’extrême-droite est aux portes du pouvoir ». Et de s’inquiéter qu’« en Autriche, Norbert Hofer ne fait presque plus peur ». Il faut donc relancer la peur. D’après La Tribune de Genève, la « percée de l’extrême-droite » se fait dans « une Autriche effrayée ». Effrayée par « les dizaines de milliers de réfugiés ayant débarqué sur leur sol, inquiets par la montée du chômage et furieux de l’immobilisme des gouvernants actuels ». Assurément, leur choix est donc irrationnel. Ainsi fragilisée, apeurée, l’Autriche est donc sur le point de « tomber sous le joug de l’extrême-droite » (Euronews). Quand bien même la victoire se ferait par les urnes, elle aurait donc toujours des allures de conquête militaire, d’occupation, de « joug ».
Au micro d’Europe 1, Jean-Michel Aphatie a quant à lui parlé de « menace pour l’Europe ». Rappelant que Norbert Hofer avait tenu, « dans sa jeunesse », des propos antisémites (la belle affaire), celui-ci a estimé que son élection serait « une mauvaise nouvelle pour une Europe déjà essoufflée, divisée et déboussolée ».
Pour couronner le tout et renforcer l’inquiétude, BFMTV nous parle des 600 000 musulmans autrichiens qui « retiennent leur souffle ». Dans son édition, la chaîne info rapporte le témoignage de « Mona », une blogueuse musulmane voilée dont l’amie, elle aussi voilée, se serait faite agressée dans le tramway à cause de son foulard. Et la chaîne d’ajouter que « dans le pays, les agressions à connotations raciste et islamophobe ont fortement augmenté depuis un an ». Ainsi pour BFMTV, même si l’écologiste venait à l’emporter, « le mal est déjà fait ».
Soulagement… et inquiétude
Ouf ! Nous sommes le lundi 23 mai, les votes par correspondances ont été dépouillés (et ont renversé la situation), les résultats du second tour sont officiels : c’est l’écologiste Alexander Van der Bellen qui remporte l’élection présidentielle, devançant le descendant d’Hitler de seulement 31 000 voix (50,3 %). Le « sursaut de l’Autriche » (La Dépêche) a bien eu lieu ! « Toute l’Europe attendait le résultat ». La voici soulagée. Reconnaissant sa défaite, Nobert Hofer a déclaré que « les efforts déployés pour cette campagne ne sont pas perdus, mais sont un investissement pour l’avenir ». Pour La Dépêche, c’est assurément une « menace ». Et le quotidien du midi de s’interroger : « L’Europe va-t-elle enfin avoir conscience de cette tâche brune qui, si elle n’y prenait garde, pourrait un jour prochain obscurcir son paysage ? »
En plein délire, La Dépêche va jusqu’à considérer cette « ultime réaction des électeurs autrichiens » contre le « national-populisme » contre « un acte de résistance ». Fort de café pour un quotidien qui – sans doute l’a-t-il oublié – a collaboré sous l’Occupation. S’il se dit « satisfait » de la défaite de l’« extrême-droite », il s’interroge encore : « Faudrait-il alors, dans une posture morale, se contenter de rappeler comment naquirent les monstres du passé ? » La mémoire est, visiblement, très sélective.
Dans toute l’Europe, la presse est « soulagée mais inquiète » (Le Soir). En Allemagne, le Der Spiegel alerte sur le fait que « le populisme de droite est en plein essor en Autriche ». La Süddeutsche Zeitung estime que « le SPÖ doit se ressaisir ». En Suisse, La Tribune de Genève estime que la défaite du FPÖ est « une alerte pour le reste de l’Europe ». En Angleterre, le Guardian a choisi de partir à la rencontre des immigrants vivant en Autriche, « soulagés par la défaite de Norbert Hofer ». Enfin en Espagne, El Pais juge que l’Europe est « effrayée ». « La xénophobie a prospéré comme un poison. Ses causes : la psychose terroriste, le délitement social, l’auto-sabotage par l’UE de ses valeurs fondatrices (réapparition des frontières, externalisation du problème migratoire à la Turquie), et l’obscénité avec laquelle les leaders xénophobes se servent des instincts et les sentiments, en faisant appel à la cohésion que propose le récit nationaliste », lance le quotidien de gauche.
En France, les médias ont également été très imaginatifs. Pour France Inter, « l’Autriche a préfère le vert au brun ». Pour FranceTVinfo, c’est « le soulagement qui domine » même si cette élection reste une « forme d’avertissement ». Dans un autre article, la déclinaison web du groupe France Télévisions nous explique « pourquoi il faut s’inquiéter malgré la défaite de l’extrême droite ». En effet, malgré la victoire de l’écologiste, « le très bon score réalisé par le candidat du FPÖ reste préoccupant ». Cette semi-défaite peut ainsi « créer une dynamique en Europe ».
De son côté, La Dépêche en a remis une couche en insistant sur ce nouveau président « écolo fils de réfugiés » et donc « média-friendly ». Concernant la victoire sur le fil de ce dernier grâce aux votes par correspondance, le quotidien lance un « Merci La Poste ! » sans équivoque. Pour le journal, Van der Bellen est « courageux, assurément, et à contresens de la démagogie électorale, quand il défend une position humaniste sur les réfugiés ».
Pour Le Progrès, même son de cloche, l’Autriche a « fait barrage à l’extrême-droite ». Malgré tout, « le FPÖ s’inscrit désormais dans le paysage politique autrichien comme le premier parti du pays ». Et ça, c’est un problème. Pour Ouest-France, l’Autriche a « échappé de peu à l’extrême-droite » mais, encore une fois, « l’excellent résultat de Norbert Hofer (49,7 %) inquiète ». Enfin du côté de RTL, l’inénarrable Alain Duhamel s’est félicité : « le fameux plafond de verre face à l’extrême droite n’est pas un mythe ».
Alléluia ! Au regard de cette campagne ahurissante menée tambour battant par l’ensemble de la presse européenne contre le FPÖ, le Front National (le fameux cousin d’extrême-droite) peut déjà avoir une idée de ce qui se passera, en France, en cas de présence de Marine Le Pen au second tour. De quoi présager un nouveau dossier Ojim bien fourni !
Les journalistes le nient, mais les commerciaux des régies publicitaires en font un discret argument de vente : l’achat d’encarts publicitaires entraine souvent un « rédactionnel » positif. En clair, si une entreprise ou une collectivité locale veut de bons articles dans la presse locale, il est préférable qu’elle sorte son carnet de chèques et achète de la publicité. Habituellement, l’opération se fait discrètement, de manière à ce que les lecteurs ne se rendent pas compte du marché. Mais il y a parfois des ratés…
C’est exactement ce que chacun a pu constater le 23 juin 2015, dans les éditions Pays de la Loire d’Ouest France. Un grand article y est en effet consacré au parc angevin « Terra Botanica ». Un parc contesté et régulièrement renfloué par de l’argent public. Bref, un parc qui est loin de faire l’unanimité et qu’Ouest-Francen’a d’ailleurs pas toujours ménagé. Pourtant, cette fois-ci, l’article est élogieux et la nouveauté du parc y est présentée sous son meilleur jour… Or, que trouve-t-on immédiatement sous cet article très favorable à Terra Botanica ? Un encart publicitaire de… Terra Botanica !
Une maladresse de mise en page qui illustre, encore une fois, le poids de la publicité sur les finances d’un journal et sur les rédactions. Comme le dit le proverbe : qui paye, commande !
Comme chaque année, le ministère de la Culture a publié la liste des titres de presse les plus subventionnés.
Dans le tableau de présentation, les différents types d’aides sont bien distincts : les aides directes, les aides à la filière (distribution), les aides aux tiers (modernisation sociale), ainsi que les aides indirectes, telle que la compensation au tarif postal.
À l’arrivée de cette course peu glorieuse, Le Figaro termine en tête avec plus de 15 millions d’euros de subventions en 2014. En deuxième position, Aujourd’hui en France affiche plus de 14 millions d’euros d’aides, dont 13 427 000 euros d’aide à la filière. Suivent Le Monde avec 13 millions d’euros de subvention, La Croix avec 8 300 000 d’euros, Ouest-France avec 8 200 000 d’euros et sa diffusion colossale de 246 millions d’exemplaires par an, Libération avec 8 millions d’euros et Télérama avec 7 millions d’euros.
Bien plus bas, en 53e position, Valeurs Actuelles ne peut se vanter d’aucune aide directe et affiche un peu plus d’un million d’euros de compensation au tarif postal. De même pour L’Opinion, quotidien libéral lancé par Nicolas Beytout il y a deux ans, qui affiche, comme VA, de bons résultats malgré l’absence de subventions directes.
Au total, en 2014, l’État aura déversé près de 227 millions d’euros pour tenter de maintenir en vie une presse à l’agonie, dont la situation ne s’arrange pas avec les années.