227 millions d’euros de subventions pour la presse en 2014

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Comme chaque année, le ministère de la Culture a publié la liste des titres de presse les plus subventionnés.

Dans le tableau de présentation, les différents types d’aides sont bien distincts : les aides directes, les aides à la filière (distribution), les aides aux tiers (modernisation sociale), ainsi que les aides indirectes, telle que la compensation au tarif postal.

À l’arrivée de cette course peu glorieuse, Le Figaro termine en tête avec plus de 15 millions d’euros de subventions en 2014. En deuxième position, Aujourd’hui en France affiche plus de 14 millions d’euros d’aides, dont 13 427 000 euros d’aide à la filière. Suivent Le Monde avec 13 millions d’euros de subvention, La Croix avec 8 300 000 d’euros, Ouest-France avec 8 200 000 d’euros et sa diffusion colossale de 246 millions d’exemplaires par an, Libération avec 8 millions d’euros et Télérama avec 7 millions d’euros.

Bien plus bas, en 53e position, Valeurs Actuelles ne peut se vanter d’aucune aide directe et affiche un peu plus d’un million d’euros de compensation au tarif postal. De même pour L’Opinion, quotidien libéral lancé par Nicolas Beytout il y a deux ans, qui affiche, comme VA, de bons résultats malgré l’absence de subventions directes.

Au total, en 2014, l’État aura déversé près de 227 millions d’euros pour tenter de maintenir en vie une presse à l’agonie, dont la situation ne s’arrange pas avec les années.

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L’Opinion poursuit sa route dans un milieu sinistré

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Dans un entretien à puremedias.com, Nicolas Beytout et Christophe Chenut reviennent sur les deux ans du quotidien L’Opinion. D’après son fondateur, « il se porte bien », mais au-delà de l’intérêt de ce journal qui se dit « libéral, pro-business et pro-européen » tout en se disant différent, ce qui importe ici est sa résistance au sein d’une presse écrite qu’on disait morte.

Or après deux ans d’existence dans ce milieu difficile, L’Opinion peut se vanter d’une diffusion à 35 000 exemplaires, « la même depuis le lancement », et d’une fréquentation web de 720 000 visiteurs uniques par mois, alors même que 25 % du site seulement est en accès libre. De bons résultats donc avec le papier pour « l’influence » et le web pour « l’audience ».

Une réussite à la Mediapart ? Non, assure Beytout. « Le modèle de « Mediapart » est très différent car ils ne suivent pas l’actualité. Ils créent leur actualité. C’est du moins leur ambition. Nous, on sort des scoops, pas aussi fracassants, mais on en sort. Le scoop, c’est le produit d’appel. La promesse faite à nos lecteurs sur le long terme, c’est qu’avec nous, ils auront un angle, une analyse, une vision orientée de l’actualité », explique-t-il.

Désormais, l’objectif est de se maintenir, tout en évitant le piège de la course au buzz. « La presse qui dit la même chose que les autres et qui prétend faire payer n’a aucune chance d’y arriver. Une presse qui dit ce qu’on ne trouve pas ailleurs car elle est technique ou très spécialisée a une chance de faire payer », croit savoir Nicolas Beytout, sûr de sa différence.

Enfin, concernant l’anonymat initial des investisseurs du journal, le fondateur affirme que « cela ne venait pas de nous ». Et d’expliquer que « certains investisseurs travaillant notamment avec des collectivités locales n’avaient pas envie d’assumer le côté engagé du journal et préféraient rester anonymes ».

Voir notre portrait de Nicolas Beytout

Mediapart dévoile les actionnaires cachés de L’Opinion

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Nicolas Beytout avait voulu maintenir le mystère autour des actionnaires de son quotidien, lancé en mai dernier. Mais celui-ci n’aura duré qu’un peu plus d’un an.

Après une enquête, Mediapart vient de lever le voile sur cette fameuse « quinzaine d’investisseurs, dont aucun n’a de minorité de blocage » qui se cachait derrière L’Opinion. Ce vendredi 22 août, le média en ligne annonce que « les deux principaux financeurs se révèlent être Bernard Arnault ainsi que les Bettencourt ».

Bernard Arnault, qui détient Les Échos, aurait investi 6 millions d’euros via une filiale de son groupe, LVMH. Quant à la famille Bettencourt, elle a apporté 3,2 millions d’euros via la holding Thétys et contrôle ainsi 13,4 % du capital. Ainsi, les « deux tiers » des fonds se révèlent être détenus par les deux plus grandes fortunes françaises.

Mediapart a tiré ces révélations chiffrées d’un document présenté par Bey Médias, société éditrice du titre, au tribunal de commerce de Paris suite à une augmentation de capital en juillet. Si l’anonymat des investisseurs avait été conservé, c’est, selon Nicolas Beytout, « parce qu’il y avait des gens qui n’étaient pas là pour des raisons politiques, mais pour participer à un projet de presse ».

Voir aussi notre infographie de Mediapart

Crédit photo : Ojim (cc)