De Versailles à La Motte Tilly : L’abbé Terray, ministre de Louis XV

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Découvrez l’exposition « De Versailles à La Motte Tilly : L’abbé Terray, ministre de Louis XV » au château de La Motte Tilly. 

Cette exposition, en partenariat avec le château de Versailles, retrace l’histoire du seigneur de La Motte Tilly, l’abbé Terray, et, de manière inédite, celle de ce grand domaine jusqu’à la Révolution. Réunis pour la première fois, des documents d’archives, des objets d’art précieux, des dessins et des tableaux contribuent à mettre en lumière un très beau château du XVIIIe siècle  richement meublé. Cette présentation s’articule autour du somptueux portrait officiel que Terray commande en 1773 à Alexandre Roslin (1718-1793). Le peintre représente le tout-puissant ministre au sommet de sa gloire.

Cette exposition retrace l’histoire du maître des lieux, et, de manière inédite, celle du domaine de La Motte Tilly jusqu’à la Révolution. Réunis pour la première fois, des documents d’archives, des objets d’art précieux, des dessins et des tableaux contribuent à mettre en lumière ce chef-d’œuvre architectural trop longtemps ignoré. Cette présentation s’inscrit autour de la somptueuse image officielle que Terray commande en 1773 à Alexandre Roslin (1718-1793). Le peintre figure le tout-puissant ministre au sommet de sa gloire.

Cette manifestation présentera des œuvres des grandes institutions françaises ainsi que d’autres, inédites, appartenant à des collections privées.

L’exposition est rendue possible grâce au prêt d’œuvres des collections de Versailles et aux concours généreux du musée du Louvre, de l’abbaye de Chaalis, du musée de la Compagnie des Indes, de la Bibliothèque nationale de France, des Archives nationales, des Archives départementale de l’Aube et de plusieurs collections particulières.

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« Secrets d’Histoire » célèbre trop les rois selon le sans-culotte Mélenchon

claude chollet
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Après s’en être pris au Métronome de Lorant Deutsch ainsi qu’au jeu Assassin’s Creed Unity, le Front de Gauche ressort sa guillotine médiatique.

« Secret d'Histoire » présentée par Stéphane Bern

« Secret d’Histoire » présentée par Stéphane Bern

Cette fois, c’est l’émission « Secret d’Histoire » présentée par Stéphane Bern sur France 2 qui s’est attirée les foudres révolutionnaires des héritiers de Robespierre. Dans une lettre adressée à la nouvelle présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte (pas encore en fonction), Alexis Corbière et Jean-Luc Mélenchon ont tenu à l’« alerter » sur les contenus de l’émission.

Prenant acte du succès de celle-ci, et lui reconnaissant une grande qualité de production, les deux hommes commencent leur plaidoirie en regrettant le portrait qui a été dressé, le mardi 19 mai, du roi Louis XVI, volontairement rebaptisé « Louis Capet » comme au bon vieux temps du tribunal révolutionnaire.

Dénonçant « les contenus idéologiques de ces émissions et le choix très orienté des sujets », le Front de Gauche constate que, « depuis 2008, France 2 a diffusé 88 épisodes différents de « Secrets d’Histoire ». Sur ces 88 opus, plus de 60% sont consacrés exclusivement à des monarques et leurs favorites. Sur les moins de 40 % restant, dont l’essentiel est consacré à des artistes (écrivains et peintres), ou des personnages folkloriques et très secondaires de l’histoire universelle (…) seulement 5 émissions, soit 6% (!) de la totalité, ont été consacré à des personnalités ou des lieux liés à la République. »

Diantre ! La République ne serait donc qu’une petite partie, récente de surcroit, de l’histoire de France ? Corbière et Mélenchon semblent en tout cas le découvrir, avec d’autant plus d’aigreur que, comme ils l’ont rappelé eux-mêmes, l’émission de Stéphane Bern, aussi centrée sur l’Ancien Régime soit-elle, attire 3 à 4 millions de téléspectateurs à chaque rendez-vous. Réflexe victimaire oblige, le communiqué rappelle également que seul un tiers des émissions est consacré à des femmes, « qui ne sont souvent présentées qu’à titre de « femme de… » ou « favorite d’untel » », et regrette qu’aucun des personnages principaux ne soit de couleur. Y aurait-il un roi de France noir de peau que Stéphane Bern occulterait ? Et de poursuivre en regrettant que l’on consacre deux épisodes à Jésus, quelques autres à des sujets religieux, et aucun aux philosophes des Lumières, aux « figures du combat pour l’émancipation laïque », ou encore à la « grande famille intellectuelle du socialisme et communisme, qui a tant marqué l’histoire de France »... « D’une façon déséquilibrée, chaque épisode valorise de façon quasi systématique et outrancière des rois et reines, et même la principauté d’opérette et paradis fiscal de Monaco, au détriment de tous ceux qui ont lutté pour l’égalité et la justice », estiment-ils avant d’exiger que la présidence de France Télévisions « fasse un rappel à l’ordre aux producteurs et concepteurs de ces émissions ». Et de conclure que « finalement, « Secret d’histoire » tient plus de la basilique Saint Denis que du Panthéon ». Dans un communiqué, France 2 s’est défendu de ces accusations venues tout droit de la fin du XVIIIème siècle en rappelant que hormis « Secret d’Histoire », la chaîne proposait « régulièrement en première partie de soirée des grands documentaires événementiels » ou encore des fictions consacrés à des sujets plus « républiquement corrects ». En résumé, non contents que la République règne sans partage depuis 1870, il faudrait désormais, pour MM. Corbière et Mélenchon, qu’elle oublie totalement les siècles d’Histoire qui l’ont précédée. En agissant de la sorte, les deux hommes se comportent, comme ils l’ont fait avec Lorant Deutsch, en véritables petits commissaires politiques épurateurs de l’Histoire, donnant ainsi raison à la formule tristement célèbre de Saint-Just : « Ce qui constitue la République, c’est la destruction totale de ce qui lui est opposé. »

Dessin : © Milady de Winter, pour l’Ojim

« Ils commencent à me gonfler tous avec la République »

claude chollet
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( blogue rue89 )

Le truc avec les gros concepts que tout le monde est censé approuver, c’est que tout le monde s’en sert à tour de bras, et qu’ils ne sont pas là pour se défendre.

Alors, certes, faire de la politique consiste dans une assez large mesure à raconter à peu près n’importe quoi avec un ton de certitude, et certains concepts se font passer dessus comme ça avec une belle régularité (coucou « démocratie », « identité », « nation »), mais en ce moment et depuis le changement de nom annoncé de l’UMP, « République » et « Républicains » commencent à avoir un sort vraiment peu enviable.

Au point qu’on en serait presque reconnaissant aux cadors de l’UMP de mettre le sujet comme ça sur la table, parce que cela permet de s’apercevoir que ça fait un beau bout de temps que tout le monde se fait plaisir avec, et que dès qu’il s’agit d’appuyer un truc discutable, le label « République » sort du tiroir.

Dans la catégorie emplois douteux…

Dans le grand best of des emplois douteux, plein de mentions spéciales :

  • le grand classique « République-laïcité », notamment appuyé par le champion toutes catégories Nicolas Sarkozy, qui récidive dans sa lettre ouverte aux militants UMP avec un joli « la République, c’est le mérite et l’excellence » (sorti de nulle part) ;
  • le très WTF « République ou burqa », qui apparaît chez Sarkozy aussi mais qui a aussi de réels théoriciens ;
  • l’ultra-courant « République contre FN », notamment réapparu récemment chez Manuel Valls en pleine Assemblée nationale ;
  • le plus barré « fête du cochon-République », qui nous vient lui tout droit du FN lui-même.

On en serait presque d’accord avec une citation récente du vieux Le Pen, qui a au moins un certain don pour saisir l’esprit du temps : « Ils commencent à me gonfler tous avec la République » (après il part dans un délire douteux sur la nation, mais bon, c’est déjà ça).

On a donc compris que dans le contexte actuel, la République c’est ce qui est bien, et ce qui est contre la République, c’est ce qui est mauvais. Chouette. Mais si on pouvait juste faire un tout petit peu d’efforts avec le terme, on réussirait peut-être à recentrer un poil le débat.

Un mot qui ne veut rien dire de particulier

Si l’on prend par exemple l’étymologie, surprise, « res publica » désigne littéralement la chose publique – ce qui ne veut très exactement rien dire en soi, si ce n’est que tout le monde en parle – et est globalement utilisée par Cicéron comme traduction du terme grec de politeia (qui est tout aussi large, mais désigne globalement la forme de gouvernement). Rien de spécifique donc, et le mot n’existe même pas en tant que tel avant la Renaissance, où des auteurs italiens commencent à souder les deux mots pour désigner leurs gouvernements urbains.

Cela dit, il est vrai qu’on oppose aujourd’hui la période républicaine à la royauté (avant le renversement des Tarquin) et à l’Empire après le principat de César puis d’Auguste (donc avant -52, globalement), mais la désignation est entièrement postérieure, et tout régime politique était une res publica à Rome (la monarchie comprise).

La naissance d’une référence

L’apparition de la définition de République qu’on emploie à la louche aujourd’hui (en gros un régime dont la légitimité vient du peuple) apparaît globalement au XVIIIe siècle, notamment chez Montesquieu dès les premières lignes du deuxième livre de « L’Esprit des Lois », avant de se perpétuer au long du XVIIIe siècle, notamment à travers l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert :

« Il y a trois espèces de gouvernements : le républicain, le monarchique et le despotique. »

On pourrait détailler la chose, mais on voit assez bien l’idée, d’association entre souveraineté populaire, relative liberté et République ; tout en remarquant que cela reste très vague, mais positif.

Mais ce n’est pas la seule définition possible, et le terme se définit de manière très lâche tout au long du XVIIIe siècle, plus ou moins en lien avec l’idée d’un gouvernement libre (ce qui n’est d’ailleurs pas nécessairement contradictoire avec une monarchie, par exemple « éclairée »), comme le montre parfaitement une citation célèbre du Contrat social de Rousseau :

« Tout gouvernement légitime est républicain. »

La Révolution Française

C’est d’ailleurs pleinement comme cela que le mot entre dans l’univers de la Révolution française, comme un synonyme du bon gouvernement et de la démocratie en s’appuyant sur les principes de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 : d’abord contre le régime censitaire et le pouvoir économique et politique des propriétaires, puis seulement dans un deuxième temps contre la monarchie, à la suite de la fuite du roi et de son arrestation à Varennes en 1791.

C’est alors que la République apparaît progressivement comme un remplacement possible de la monarchie, et en devient de facto l’antonyme lorsqu’en septembre 1792 la monarchie est abolie et que l’an I de la République est proclamé, mais le mot n’a toujours pas de contenu plus détaillé que le « bon gouvernement » – ce qui donne d’ailleurs lieu à des débats sans fin à la Convention entre ceux qui mettent au premier plan de la République la liberté (des propriétaires essentiellement), et ceux qui mettent en avant le bien-être (du peuple).

Le processus se finalise du coup à travers l’exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793, où l’incompatibilité de la République et de la monarchie s’établit définitivement (et fait un peu disparaître la complexité de la notion), en affichant aux yeux de toute l’Europe qu’il serait difficile de revenir en arrière désormais, et en posant la République française comme un symbole de l’opposition à la monarchie.

Pas clair pour autant

Cela ne lève pas pour autant les ambiguïtés, et le mot ne cesse de prendre des sens différents tout au long des XIXe et XXe siècles, tant tout le monde ne cesse de se réclamer de la République, spécialement depuis 1871 qu’elle est le seul régime en France : quel rapport entre les républicains conservateurs du début de la IIIe République, l’extrême droite de Charles Maurras et de l’Action française des années 30 et les partisans de la VIe République aujourd’hui, qui se revendiquent tous autant de la République et de la Révolution ? Comme le formule parfaitement l’historien Claude Nicolet dans « L’Idée républicaine en France » :

« Pour s’entendre, il faut prêter à la République un nombre presque infini d’épithètes, d’attributs, ou de génitifs possessifs. Petit jeu dont peuvent s’égayer ou s’attrister, selon l’humeur, l’historien et le citoyen. Nous avons eu des Républiques girondine, montagnarde, thermidorienne, directoriale, césarienne, impériale. Une République des ducs, mais aussi (pour égrener les titres de livres célèbres) une République des camarades, des comités, des professeurs, des députés ; nous avons la République au village, la République rurale, celle de la Commune de Paris ; des Républiques conservatrices, opportunistes, libérales, radicales, démocratiques ; une République bourgeoise, mais aussi d’autres, sociales ou socialistes : la mariée est vraiment trop belle. »

Ainsi, « l’imprécision redoutable » de la notion n’est pas nouvelle, et c’est un sport assez établi que de se réclamer de la République tout en racontant n’importe quoi ; mais il est assez nouveau de se réclamer de la République pour raconter n’importe quoi, et l’on pouvait compter jusqu’à présent sur une certaine sobriété, voire une certaine décence dans l’emploi, qui permettait à la notion de garder sa force et sa religiosité même, comme le relevait encore C. Nicolet au début des années 80 :

« Il est remarquable que ce mot, apparemment si galvaudé en France, garde malgré tout intactes certaines capacités émotionnelles qui font que, dès qu’il est prononcé d’une certaine manière, chacun devient attentif, et dresse l’oreille : on n’invoque guère la République, dans le discours politique français, que lorsque sont en cause, derrière l’agitation ou les prétextes, les choses vraiment fondamentales. »

Comparez la citation à l’emploi frénétique et très WTF du terme (cf. plus haut), qui tourne en boucle dans les discours et les interventions politiques, sur les chaînes infos et les réseaux sociaux, désormais dans le prochain nom même d’un parti (et donc de ses représentants) en France, et vous conclurez sans doute qu’on a changé d’époque.

C’est-à-dire qu’on passe clairement de la captation d’héritage classique à l’OPA sur la définition de la République – dont on peut parier qu’elle donnera lieu à tellement de bêtises différentes qu’elle finira par démonétiser complètement le mot (« liberté » est passée par là, elle peut en parler aussi).

C’est dommage, le concept n’était pas dégueu, il aurait pu encore servir.

( source )

(ShrimpMan/Wikimedia Commons/CC)