Le Monde en quête de néoconservateurs à combattre

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Source : Ojim.fr – Dans son édition du 11 janvier 2017, Le Monde soupçonne le « penseur iconoclaste » Michéa d’influencer une nébuleuse de jeunes revues conservatrices. « L’Affaire » s’inscrit dans le prolongement d’affaires plus anciennes. Des intellectuels, des revues, des sites inquiètent depuis plusieurs années Le Monde, mais aussi Libération, Les Inrocks ou Le Nouvel Obs. Michéa et de « jeunes gens antimodernes » seraient les derniers avatars de l’offensive d’une « authentique pensée conservatrice ». Le monde des lettres et des médias est-il menacé par une « nouvelle pensée conservatrice » dont Michéa serait le prophète ? Décryptage.

« Enquête sur la nouvelle pensée conservatrice »

Le Monde consacre 4 pages à cette « Enquête sur la nouvelle pensée conservatrice », en deux ensembles. Le premier, par Ariane Chemin, s’intéresse à des « jeunes gens antimodernes » qui « se réclament de penseurs comme Jean-Claude Michéa dans leur combat contre l’idéologie du progrès ». La journaliste a aussi rencontré Alain de Benoist. Le second ensemble, par Nicolas Truong, donne à lire un article factuel consacré à Michéa et à son « analyse du libéralisme qui suscite des réserves plus à gauche qu’à droite ». Truong propose également une lecture du dernier essai du philosophe, Notre ennemi le capital, prolongeant sa « critique obstinée du progressisme ». Les « débats & analyses » du Monde publient aussi deux tribunes. Dans « Une authentique pensée conservatrice », Laetitia Strauch-Bonart, ancienne élève du philosophe au lycée, et auteur de Vous avez dit conservateur ? (Cerf,2016) ne cache pas son admiration pour Michéa : « Nous savions être les heureux élus : la seule classe de terminale S du lycée Joffre, à Montpellier, qui, pour ses trois heures de philosophie hebdomadaires, aurait pour professeur Jean-Claude Michéa ». Strauch-Bonart critique cependant son « aversion » du capitalisme : travaillant en entreprise, la jeune femme ne rencontre pas le capitalisme brocardé par Michéa mais « une société bien plus intéressante et fructueuse ». Elle s’oppose alors à la mode « un peu simple » de la critique du capitalisme « quand d’autres pays rêveraient d’accéder au confort qu’il nous apporte ».

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Orlando : un coup de la Manif pour Tous ?

Orlando : un coup de la Manif pour Tous ?
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Un musulman commet un épouvantable massacre au nom d’Allah aux États-Unis ; en France, c’est la droite catholique qui est attaquée… L’aveuglement est à son comble. La plupart des médias ne peuvent pas voir la séquence historique que nous vivons, et ne la verront jamais. Leur monde s’écroulerait dans la seconde.

Après la tuerie d’Orlando, qui a vu un musulman abattre 50 personnes dans un club gay, il fallait bien trouver un coupable idéologiquement plus proche de l’ennemi que désignent sans relâche la plupart des médias. Si beaucoup de médias ont parlé d’acte terroriste, car c’en est évidemment un, certains s’indignent de voir la dimension « homophobe » de cette attaque occultée… au point de désigner la Manif pour tous et « l’extrême-droite » comme les véritables coupables !

Que n’aurait-on pas entendu si cette tuerie avait été commise par un extrémiste blanc. Partout les tribunes auraient fleuri pour dénoncer la violence de l’« extrême-droite », la résurgence des heures les plus sombres, etc. Seulement voilà, l’attentat est l’œuvre d’Omar Mateen, un musulman d’origine afghane ayant prêté allégeance à l’État islamique. Si le profil n’est pas très « bankable », les médias n’ont pu globalement que constater le caractère terroriste de l’attaque.

Mais cela n’était pas suffisant. Pour beaucoup de militants LGBT, repris par de nombreux médias, le mot « gay » était le grand absent des unes de quotidiens. Voyez-vous, insister sur l’acte conduit inévitablement à se tourner vers son auteur : un islamiste. Alors que s’intéresser à la cible permet de se concentrer uniquement sur l’homophobie, au sens le plus large possible, quitte à amalgamer quelqu’un qui hait les gays au point de les massacrer et quelqu’un qui souhaite simplement que cette homosexualité ne vienne pas chambouler les institutions au point de « changer de civilisation », comme le disait Christiane Taubira elle-même…

« La violence dont nous sommes les témoins, démontre que la haine homophobe et transphobe peut être aussi un prélude aux massacres de masse », explique ainsi Nicolas Rividi, militant LGBT, dans une tribune sur le site du Huffington Post. Pour lui, qui s’est fait un devoir de remonter aux « racines de la haine », cette haine n’est pas le moins du monde motivée par l’idéologie coranique mais plutôt par « l’idéologie prônée par l’état islamique », lequel semble être sorti de nulle part. En effet, l’auteur de la tuerie a, semble-t-il, été inspiré par « une vision fantasmée de la religion ». Pire, celle-ci : « touche toutes les religions sans distinction ».

Le lien avec l’islam étant incontournable, il fallait bien élargir… « Les trois religions structurent la société depuis des siècles, et depuis des siècles leurs dogmes appellent au meurtre des homosexuels », explique-t-il. Aussi appelle-t-il les « institutions religieuses » à « prendre la mesure de la responsabilité qu’elles portent ». Question : dans quelle mesure l’Église catholique, au hasard, a-t-elle un quelconque lien avec un islamiste américain lié à l’État islamiste ? Vous avez quatre heures…

Toujours dans le Huffington Post, la journaliste Marine Le Breton prenait le même chemin. « Même s’il s’agit d’une attaque revendiquée par Daech, la tuerie d’Orlando, la plus meurtrière de l’histoire des États-Unis, restera pourtant certainement dans les esprits comme un acte terroriste homophobe plutôt qu’islamiste », a-t-elle estimé. La raison ? Il s’agissait d’un club gay emblématique et nous étions au mois de juin, mois de toutes les gay pride… Cachez cet islamisme que je ne saurais voir…

Aussi, concernant le tueur, il semblerait que « ses liens avec le terrorisme islamique organisé sont, eux, encore flous ». Et Le Monde de renchérir : « Dans le cas d’Orlando, le débat est donc de savoir si la revendication de l’attaque par Daech suffit à parler de « terrorisme », ou s’il faut attendre les avancées de l’enquête sur le profil d’Omar Mateen et ses motivations pour se prononcer. » On ne savait pas les médias aussi méticuleux concernant les liens à faire entre les événements et les personnes. En revanche, pour faire le lien délirant entre cette attaque et la Manif pour tous, ces derniers ont semble-t-il pris beaucoup moins de précautions !

Après le tweet d’indignation de la Manif pour Tous ainsi que ceux de Christine Boutin et de Robert Ménard, certains militants LGBT ont dénoncé ces condamnations sur les réseaux sociaux. Aussitôt, en se cachant derrière ces réactions, de nombreux sites s’en sont donnés à cœur joie en compilant les « meilleures » réactions. Partout, il était question d’insister sur la nature inappropriée de ces réactions officielles. Pourquoi ? Concernant la Manif pour Tous, « certains de ses membres s’étaient montrés particulièrement violents lors des manifestations contre le mariage pour tous » (BFMTV). Christine Boutin, n’avait-elle qualifié l’homosexualité d’« abomination » ? (en ajoutant, mais cela n’a que trop peu été rappelé : « Mais pas la personne. Le péché n’est jamais acceptable, mais le pécheur est toujours pardonné »). Croire que l’homosexualité est un péché ne relèverait donc plus d’une conviction acceptable mais d’une incitation au massacre…

Ainsi les personnes qui étaient opposés au mariage pour tous, bannis du genre humain, n’ont-ils pas droit d’avoir de la compassion pour les 50 victimes d’Orlando, étant entendu que leur position politique a armé le bras du tueur…. Yvan Rioufol, lui aussi, a été sommé par L’Obs de se garder de tout commentaire car « en mai 2013, Rioufol avait publié sur son blog un billet… sobrement intitulé « Après le mariage gay, la polygamie ? » ». La chape de plomb autour de la question islamique étant si épaisse, les boucs-émissaires d’« extrême-droite » habituels étaient des défouloirs tout trouvés. Pour Nicolas Rividi (Huffington Post), « bouffis d’hypocrisie, ces dangereux pyromanes semblent marquer une distance avec les assassins qu’ils contribuent à créer ». Oui, on a bien lu : qu’ils contribuent à créer… Car en effet, les Ménard, Boutin et autres cadres de la Manif pour Tous « fournissent le terreau idéologique dans lequel les auteurs d’actes LGBT-phobes puisent leur haine ». Alors, évidemment, « il faut comprendre que certains messages ne passent pas » (Les Inrocks).

Et quand on se s’attaque pas directement à ces personnes, c’est aux « religions monothéistes » qu’on s’en prend, quand bien même aucun catholique ni aucun juif n’a été condamné pour acte homophobe en France, et que les seuls cas de meurtres d’homosexuels impliquent des musulmans, ou des pays musulmans, où l’homosexualité est toujours punie par la loi. Pour l’avocat Gilles-William Goldnadel, « lorsqu’on pratique un amalgame aussi grossier, c’est bien évidemment, encore une fois, pour tenter de disculper les criminels ».

Pendant qu’aux États-Unis la presse accuse Donald Trump de récupération, alors qu’Hillary Clinton fait un lien hors-sujet entre le massacre et le port d’arme (les tueurs du Bataclan n’avaient pas de port d’arme), la presse française préfère quant à elle éviter autant que possible de faire l’« amalgame » entre ce nouvel attentat islamiste et l’islam. En revanche, lorsqu’il en question de mouiller l’« extrême-droite » qui n’a strictement rien à voir là-dedans, la déontologie méticuleuse utilisée pour qualifier l’acte d’Omar Mateen s’évapore soudainement, comme dissoute dans la vase puante du politiquement correcte qui inonde les rédactions à chaque attentat.

Photo : Ojim (cc) – Source : ojim.fr

Le Monde se paie Verdier et RT France

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Ojim.fr – Le « Verdier bashing » continue. Après son éviction de France 2 suite à un livre climatiquement incorrect, Philippe Verdier a trouvé refuge sur la chaîne russe RT France, ce qui ne plaît visiblement pas à tout le monde.

Dernier exemple en date : un article du Monde signé par Alexis Delcambre et publié le 15 décembre 2015. Dans celui-ci, l’auteur semble trouvé scandaleux que l’ancien monsieur météo de la 2 officie désormais sur une chaîne « financée par le Kremlin ».

Qui plus est, cette chaîne a l’audace de « diffuser sa conception du monde sur les marchés francophones ». Pour Le Monde, il s’agit là d’« un des projets médiatiques les plus mystérieux du moment ». Et le quotidien du soir d’estimer qu’outre la chronique de Verdier, « certains prismes sautent aux yeux » dans les autres contenus de RT France.

Par exemple, « le relais systématique des positions du régime de Damas, protégé de Moscou, ou la part belle accordée aux défenseurs français de l’alliance avec la Russie, comme Philippe de Villiers ou le directeur de Valeurs actuelles, Yves de Kerdrel ».

Pour Alexis Delcambre, cette chaîne lancée en 2005 et ayant pour but de « casser le monopole des médias anglo-saxons » dans l’actualité internationale est visiblement la seule à véhiculer, en toile de fond, une certaine idéologie. Les médias occidentaux ? Jamais ! vous dit-on.

Preuve que RT n’est « pas toujours d’une grande rigueur » : des rumeurs y ont circulé pendant les attentats, et sa rubrique « Opinions » offre « un concentré d’une vision « désoccidentalisée » des affaires du monde : rumeurs d’un coup d’État inspiré par les États-Unis au Venezuela, accusations de trafic entre Daech et la famille Erdogan en Turquie… »

En revanche, au Monde, point de prisme occidentaliste, le tapis rouge déroulé pour le secrétaire général de l’Otan en mars dernier pourra en témoigner…

Quand Le Monde fait la communication des migrants

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Parodie de parodie, ce pur cirque médiatique souligne la rupture entre quelques artistes hors-sol, les médias qui les soutiennent et la population. Source : Boulevard Voltaire

« La maison bleue adossée à la colline », oui, vous connaissez la (mièvre) chanson de Maxime Le Forestier. Mais vous ne connaissez pas la maison bleue des migrants de Calais dont Le Monde du 28 novembre chante les louanges avec une petite larme au coin des yeux. À la suite de l’appel de Libération, dit « appel des 800 », certains artistes se rendent régulièrement dans la jungle de Calais et « créent des œuvres pour contrer les discours xénophobes ».

Vous y rencontrerez « Alpha » de Mauritanie (qui ne semble pas un pays en guerre). Alpha « fait pousser des légumes et… vend du vaccin contre le racisme ». Une dessinatrice va faire son portrait pour « sortir des chiffres anesthésiants ». C’est vrai, un million de migrants/réfugiés/clandestins, ça ne peut qu’anesthésier le bon peuple de Calais.

Ce bon peuple qui apprend que la jungle de Calais est aussi « un petit bout d’utopie », une sorte de rêve prémonitoire de ce que pourrait devenir l’ensemble de la région avec un peu de chance. Ou, mieux encore, « un morceau de France à regarder et à donner à voir ». Et pas seulement un morceau, d’ailleurs, c’est la France tout entière ! « Il est intéressant de regarder la France à cet endroit-là », dit une cinéaste. Certes il y a les rixes, la prostitution, les deux incendies en huit jours, certes les bancs du théâtre ont été volés mais « il faut bien construire encore et toujours pour les nouveaux arrivants ».

Ces charmants « artistocrates », selon l’expression de Philippe Muray, font du tourisme migrants comme ils vont à Marrakech ou à Pattaya, pour avoir un peu de frisson exotique. Leur caméra, leur micro ou leur carnet à dessin à la main, ils distribuent leurs œuvres, cherchant l’inspiration avec un sourire navré mais complice. Heureusement, ils sont fermement soutenus par le ministre de l’Intérieur : ces artistes « manifestent une préoccupation que j’entends et que je partage », leur a déclaré Bernard Cazeneuve.

Parodie de parodie, ce pur cirque médiatique souligne la rupture entre quelques artistes hors-sol, les médias qui les soutiennent et la population. Car il y a un absent tragique dans ce qui n’est qu’un narcissisme complaisant : c’est la population de Calais, ses souffrances au quotidien. C’est dit : les habitants de Calais ne méritent pas la jolie maison bleue.

« Discours de vérité du FN »: Maïtena Biraben au bûcher médiatique !

« Discours de vérité du FN »: Maïtena Biraben au bûcher médiatique !
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Jeudi 24 septembre, Maïtena Biraben recevait dans le « Grand Journal » l’avocat Éric Dupond-Moretti. Source : ojim.fr

Au détour des questions posées autour du « politiquement correct », la présentatrice a osé déclarer que « les Français se reconnaiss(aient) dans le discours de vérité » tenu par le Front National. « Vous savez que les propos de la vérité sont souvent tenus et incarnés par le Front national aujourd’hui, rarement par le Parti socialiste, très rarement par les partis classiques », a-t-elle martelé.

Face aux tentatives de l’avocat de minimiser ces affirmations, Maïtena Biraben a même rappelé que le FN était « le premier parti de France ». Faute grave, aux yeux de ses confrères journalistes !

Sur Twitter, des personnalités comme Edwy Plenel (Mediapart) ou encore Didier Porte ont relevé la sortie « borderline » de la journaliste. Une heure plus tard sur BFMTV, Philippe Gildas, ancien animateur de « Nulle Part Ailleurs », ancêtre du « Grand Journal », est également revenu sur l’affaire. « Une connerie comme ça, je ne l’ai jamais faite (…) Elle peut apprendre (…) Avant elle faisait les ‘Maternelles’, là ça la change… », a-t-il fait remarquer.

De son côté, le journal Le Monde s’est carrément lancé dans une « contre-enquête » rapide pour contester les affirmations de la présentatrice. Pour Le Monde, chiffres à l’appui, le FN n’est pas le premier parti de France. Si le quotidien du soir ne peut nier qu’aux dernières élections, le parti de Marine Le Pen a capitalisé le plus d’électeurs, il préfère juger un parti en fonction de ses élus, ce qui place le FN en septième place…

Heurté par cette sortie, le quotidien du soir est allé jusqu’à contacter la direction de Canal + pour demander des explications. Voilà Maïtena Biraben prévenue : il y a, dans le microcosme médiatique, une ligne rouge à ne pas franchir…

Voir notre portrait de Maïtena Biraben

Crédit photo : DR

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« M Le Magazine » du Monde, une plaquette publicitaire

M Le Magazine du Monde, une plaquette publicitaire
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Pourquoi faire un magazine en fin de semaine pour un quotidien ? Pour la publicité pardi ! Suivant l’exemple du Figaro Magazine, véritable portfolio publicitaire, Le Monde du trio BNP (Bergé-Niel-Pigasse) nous vante la consommation néo-libérale, riche … et engagée branchouille sur le plan sociétal.

Prenons le numéro du samedi 20 juin 2015, 108 pages couvertures incluses. 17 pages de publicité directe pour les damnés de la terre : Hermés, Dior, Omega, (avec Georges Clooney qui fait une infidélité à Nespresso), Renault Kadjar (« Vivez plus fort »), Jaguar. Mais plus intéressantes sont les pages de publicité semi-cachée, camouflée ou carrément présentées comme faisant partie du corps du magazine.

Les pages 73 à 76 sont autant de publicités camouflées en faveur de maracons, de gants et d’outils de jardin, d’un festival, d’un livre d’artiste (qui fait aussi des pyjamas…). La page 77 en faveur de l’office du tourisme espagnol est identifiée comme publicité ce qui n’est pas le cas des pages 88 et 89 en faveur de l’office du tourisme estonien. De charmants éphèbes androgynes présentent leurs atours de la page 80 à 85 avec identification des marques mais sans mentionner publicité comme dans les magazines féminins. Les pages 86 (salons de jardin), 87 (articles de jardin), 91 (livre sur les jardins), 92 (restaurant), 93 (restaurant et vins), 106 (festival) sont autant de publicités déguisées. Il y a doute pour les pages 98 à 103 où l’on hésite entre la critique culturelle et le message promotionnel. Il n’y a par contre aucun doute sur la page 90 où un pseudo article sur une Harley Davidson pour femmes « Jantes féminines » est un monument publicitaire, le nom de la marque est indiqué en tout petit en bas à droite et en vertical ce qui permet de signaler que l’article est une commande… pour ceux qui ont de bons yeux et de la curiosité.

Sinon vous pourrez apprendre que « l’esprit de compétition dans les lycées de Palo-Alto c’est mal », que pour la première fois un « trouple » soit un couple à trois (deux lesbiennes, un homosexuel – avec enfant s’il vous plaît) a été reconnu par un tribunal en Argentine, qu’en Allemagne « de nombreuses paroisses fournissent soutien et abri aux sans-papiers », que l’on peut cultiver son cannabis à la maison grâce à un matériel adapté, que le voisin français d’origine arabe a « réparé la barrière du retraité de chez Renault » car « on est tous égaux devant la météo ». Tout le prêt à penser du bobo branché… et riche.

227 millions d’euros de subventions pour la presse en 2014

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Comme chaque année, le ministère de la Culture a publié la liste des titres de presse les plus subventionnés.

Dans le tableau de présentation, les différents types d’aides sont bien distincts : les aides directes, les aides à la filière (distribution), les aides aux tiers (modernisation sociale), ainsi que les aides indirectes, telle que la compensation au tarif postal.

À l’arrivée de cette course peu glorieuse, Le Figaro termine en tête avec plus de 15 millions d’euros de subventions en 2014. En deuxième position, Aujourd’hui en France affiche plus de 14 millions d’euros d’aides, dont 13 427 000 euros d’aide à la filière. Suivent Le Monde avec 13 millions d’euros de subvention, La Croix avec 8 300 000 d’euros, Ouest-France avec 8 200 000 d’euros et sa diffusion colossale de 246 millions d’exemplaires par an, Libération avec 8 millions d’euros et Télérama avec 7 millions d’euros.

Bien plus bas, en 53e position, Valeurs Actuelles ne peut se vanter d’aucune aide directe et affiche un peu plus d’un million d’euros de compensation au tarif postal. De même pour L’Opinion, quotidien libéral lancé par Nicolas Beytout il y a deux ans, qui affiche, comme VA, de bons résultats malgré l’absence de subventions directes.

Au total, en 2014, l’État aura déversé près de 227 millions d’euros pour tenter de maintenir en vie une presse à l’agonie, dont la situation ne s’arrange pas avec les années.

Télécharger le tableau complet

La SDJ du Monde réagit aux insultes de son actionnaire, Pierre Bergé

La SDJ du Monde réagit aux insultes de son actionnaire, Pierre Bergé
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Après les propos insultants de Pierre Bergé vis-à-vis du feuilletoniste du supplément littéraire, Éric Chevillard, la société des journalistes (SDJ) du quotidien du soir s’est dite « choquée » par son comportement.

Bergé avait, en octobre dernier, jugé « ridicule » que Le Monde critique, via un papier d’Éric Chevillard, l’écrivain Patrick Modiano, alors que celui-ci allait obtenir le prix Nobel quelques jours plus tard. Mardi dernier, suite cette fois à un article positif écrit par Denis Cosnard, Pierre Bergé était revenu sur l’affaire, traitant M. Chevillard de « connard », dans un jeu de mot jugé « facile et déplacé » par la SDJ.

« Nous regrettons que le président du conseil de surveillance du Monde ait cru bon d’ajouter l’insulte à son mécontentement coutumier », a-t-elle publié en réaction. Et de poursuivre : « L’exercice de la critique, qu’elle concerne les arts, les lettres, le théâtre, le cinéma ou la musique, doit demeurer libre. Loin de nous l’idée d’empêcher M. Bergé de s’exprimer publiquement, mais cette intervention nous choque. Elle nuit à l’image de notre journal et à la sérénité du travail de la rédaction. »

Ce n’est pas la première fois que Pierre Bergé s’en prend au journal dont il est actionnaire. En avril 2013, il s’était indigné qu’une publicité pour la Manif pour Tous paraisse dans ses colonnes. Il s’en était également pris à l’hebdomadaire La Vie, qui appartient au groupe Le Monde, suite aux éditoriaux du directeur de la rédaction, Jean-Pierre Denis, contre « le mariage pour tous ».

Voir notre infographie du groupe Le Monde ainsi que celle de Pierre Bergé

Crédit photo : drumaboy via Flickr (cc)

Pierre Bergé traite un journaliste du Monde de « connard »

Pierre Bergé traite un journaliste du Monde de « connard »
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Connu pour ses coups de sang et son ingérence dans la ligne éditoriale du journal dont il est actionnaire avec Xavier Niel et Matthieu Pigasse, Pierre Bergé vient de récidiver en traitant un journaliste du Monde de « connard ».

L’origine du conflit remonte au 2 octobre dernier lorsque l’écrivain qui tient le feuilleton littéraire du Monde, Éric Chevillard, publie un article critique sur Patrick Modiano, quelques jours avant qu’il ne reçoive le prix Nobel de littérature. Ce qui a le don de rendre furieux Pierre Bergé.

Il publie alors un tweet assassin, estimant que Le Monde est « ridicule aux yeux du monde entier. Il y a 8 jours il descendait le livre de Modiano. Aujourd’hui Modiano reçoit le prix Nobel. » Et d’ajouter : « Pauvre Chevillard que personne ne lit et qui se venge en démolissant Patrick Modiano prix Nobel de littérature 2014. » Tweet étonnant qui part du principe qu’un prix Nobel ne pourrait plus être soumis à la critique et qui n’hésite pas à manier le cliché de l’écrivain raté « qui se venge en démolissant », et tant pis si Chevillard est un excellent écrivain reconnu par ses pairs et si son article sur Modiano, nuancé et respectueux, ne fait qu’émettre quelques réserves légitimes… (édition abonnés).

Dimanche dernier, lorsque Denis Cosnard, un autre critique littéraire du Monde, publie un article cette fois favorable à Modiano suite à son discours de réception du prix Nobel prononcé à Stockholm, Bergé, envoie un autre tweet : « Chevillard ou Cosnard ? Ou le connard n’est pas celui qu’on pourrait croire ». Jouant avec le nom du second rédacteur, il traite ainsi ouvertement Chevillard de « connard ».

Sur son blog, Éric Chevillard explique que cela fait des mois qu’il « ne répond que par des blagues aux propos insultants de Pierre Bergé à (s)on égard ». S’il accepte que le propriétaire du journal critique ses articles, la « calomnie » passe moins bien.

« Puis voilà que j’apprends qu’il me traite maintenant de connard (sic) depuis la branche de Twitter où il croasse ses imprécations. Cela confine au harcèlement moral, non ? », poursuit-il. Et de conclure : « J’ai donc le choix : ou bien je lui envoie ma démission – mais pourquoi pas des fleurs avec ? Ou bien je m’immole par le feu dans le hall du journal. Ou j’attends plutôt qu’il me vire ; et au moins les choses seront claires. »

Voir notre infographie de Pierre Bergé et du groupe Le Monde

Crédit photo : Parti socialiste via Flickr (cc)

Dossier : les Décodeurs, bienvenue au Ministère de la Vérité

Dossier : les Décodeurs, bienvenue au Ministère de la Vérité
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« Mais qui gardera ces gardiens ? »
Juvénal, Satires.

«Être informé de tout et condamné ainsi à ne rien comprendre, tel est le sort des imbéciles.»
Georges Bernanos, La France contre les robots.

Sous couvert de « vérification par les faits » des discours ambiants, le journalisme tend de plus en plus à asséner une vérité révélée au détriment de la controverse, qui seule permet un débat de qualité. Mais en tuant la controverse, c’est également la presse qu’on assassine…

Popularisée dans les années 1990 outre-atlantique, puis importée en France par des sites comme Acrimed, ou Arrêt sur Images, la vérification par les faits (ou fact checking) est une méthode consistant à vérifier l’exactitude des affirmations contenues dans un discours politique. Elle a connu, en France, une recrudescence au début des années 2010, avec notamment l’arrivée de la rubrique « Desintox » de Libération, le « Véritomètre » de la campagne présidentielle 2012 (i>Télé/OWNI) ainsi que le blog affilié au site du Monde, Les Décodeurs. Un blog qui a tout d’abord officié de la fin 2009 au début 2014, moment de la naissance de la rubrique Décodeurs directement adossée au service politique du site. Problème : ce blog, qui se défendait d’être une tribune politique, est devenu, au fil des mois, une véritable institution de la Vérité officielle. Au détriment du pluralisme des opinions.

Manipulations sémantiques, biais idéologiques

La devise affichée par la rubrique du Monde.fr, « vérifier les déclarations, assertions et rumeurs en tous genres », laisse croire qu’une certaine impartialité est de mise dans la méthode des journalistes des Décodeurs. Mais une lecture attentive de leurs travaux permet de constater que leur science de la rectification, si elle a des thèmes tout à fait variés, se déploie beaucoup plus dans certains domaines que d’autres. Outre les articles techniques portant sur la fiscalité, l’économie ou la gouvernance européenne, qui représentent la toile de fond thématique du site, de très nombreux papiers viennent contredire toute critique de nature populiste à l’encontre du gouvernement actuel ou de l’autorité officielle en général. Ces derniers se donnent en effet pour objectif de faire cesser les « rumeurs » répandues par les réseaux sociaux et les milieux de la « réacosphère ». Mais sur la forme, ces correctifs font l’objet d’une présentation tout sauf neutre et s’appuient sur des manipulations sémantiques peu pertinentes, voire anecdotiques.

Samuel LaurentPremier exemple : il est de bon ton, pour le journaliste Samuel Laurent, de qualifier les propos d’Éric Zemmour d’élucubrations lorsque ce dernier s’insurge contre la « théorie du genre ». En cause ? Le fait que l’auteur du Suicide français, ait brandi à l’antenne d’i>Télé un document attestant d’un partenariat entre l’Éducation Nationale et la « ligne azur », un service d’écoute téléphonique pour les adolescents qui s’interrogent sur leur orientation sexuelle. Samuel Laurent, bien étrangement, indique dans son article que l’existence de cette ligne téléphonique est avérée. Il admet tout aussi ouvertement que l’usage qui en est fait par l’Éducation Nationale, est, lui aussi, acté (depuis 2009). Pourquoi, dès lors, qualifier les propos de Zemmour d’ineptie ? Pour la simple raison que l’ennemi public numéro un de la pensée unique a puisé son information sur un site jugé peu fréquentable, celui du polémiste Alain Soral. Samuel Laurent estime ainsi que cette source n’est pas « des plus objectives » tout en reconnaissant dans le paragraphe suivant la véracité de ses informations. Peut-on, dans ce contexte, parler de vérification des faits ? Ne faudrait-il pas plutôt parler de procès d’intention maquillé en entreprise de rétablissement de la vérité factuelle ? À cet égard, le livre d’Éric Zemmour a été interprété selon une grille idéologique manifeste, en le brocardant sur des écarts de chiffres risibles et sans pertinence dans l’économie générale de son propos : par exemple, le nombre avancé par Éric Zemmour de 270 000 mariages mixtes (d’un citoyen français avec un étranger) en 2013 est en réalité de… 231 000. Ce qui remet en cause, à n’en pas douter, l’ensemble de son diagnostic.

Autre sujet sur lequel les Décodeurs ont estimé qu’il fallait rétablir une vérité univoque et incontestable : celui du scénario d’une sortie de l’euro. Le jeune journaliste Maxime Vaudano est convaincu d’être suffisamment compétent pour trancher dans ce débat très clivant, n’en déplaise aux économistes prônant une dissolution de la zone euro. Malgré leur nombre grandissant, et le fait qu’ils comptent dans leurs rangs des économistes reconnus par leurs pairs, et parfois primés, le jeune journaliste considère que les économistes pro-euro constituent malgré tout «l’immense majorité». Sans prendre la peine de pondérer cette majorité à l’aune de la justesse de ses prévisions passées. Jacques Sapir s’est attelé à déconstruire cette tribune pro-euro maquillée en institution objective des faits, au mépris de toute controverse existante sur le sujet. L’économiste de l’EHESS, auteur de La Démondialisation, a ainsi estimé que l’article contenait « des ambiguïtés et des erreurs, parfois si énormes, que l’on se demande s’il ne ressort pas d’une rubrique humoristique ». Au rang desquelles, l’incapacité, pour la France, de rembourser sa dette publique en cas de sortie de l’euro. Jacques Sapir explique en réalité que le principe juridique prévalant, en la matière, est celui de la « lex monetae » : « un État rembourse dans sa monnaie, du moment qu’il a emprunté dans celle-ci, et peu importe le nom de cette dernière […] L’Euro, d’ailleurs, n’est pas assimilable à une mesure relevant du droit européen, mais d’un droit particulier de coordination des Etats membres, ce que vérifie la structure de la Banque Centrale Européenne qui n’a pas supplanté les Banques Centrales des différents États. Il eut suffi au rédacteur de l’article de consulter des juristes qualifiés en la matière, ce qu’il n’a visiblement pas fait.», ajoute-t-il avec sévérité.

Outre les carences juridiques du rédacteur, c’est surtout son incapacité à saisir le problème comme un débat économique qui s’illustre dans l’article. La part belle y est faite au légalisme aveugle, aux arguments d’autorité qui s’appuient sur des instruments de mesure idéologiquement marqués, et qui œuvrent à fermer le débat plutôt qu’à le prolonger. Débat qui est en outre posé en des termes anxiogènes dès le titre de l’article : « la sortie de l’euro prônée par le Front National nous ruinera-t-elle ? ». Il y est immédiatement question d’établir la parenté entre l’idée d’une sortie de l’euro et le Front National, et non comme une question relative à une somme de connaissance, ce qu’est l’économie, et donc sujet à la critique et au débat. Et de conditionner cette question à notre ruine probable. Pour répondre à cette question, la parole est donnée à ceux qui sont concernés, enfin ceux d’un bord, uniquement. Institutions européennes et banques privées sont en effet interrogées, mais nulle mention n’est faite des partisans de la sortie de l’euro, comme l’explique Jacques Sapir : « De cela, les lecteurs du Monde n’en sauront rien, comme ils n’auront pas accès aux différents travaux des partisans d’une sortie de l’Euro ». Tous les experts sont égaux, mais certains le sont plus que d’autres.

Une arithmétique des absents

C’est donc aussi ce que le site ne dit pas, dans ses articles, qu’il faut avoir en tête. De même que sa démarche. Par exemple, lorsque Samuel Laurent publie un article visant à accréditer les chiffres de la police de la Manif pour tous d’octobre dernier, il le fait en dépit des protestations de personnes présentes sur les lieux, qui affirment qu’il s’agissait d’une véritable marée humaine : à eux la parole ne sera pas donnée. Et en s’appuyant sur l’expertise d’un seul individu, en dépit des controverses fréquentes sur la diversité des méthodes de comptage. Mais le ministère de la Vérité a parlé, sans s’accommoder outre mesure de la pluralité des ressentis, de la complexité de la question. Trancher, c’est ce à quoi Samuel Laurent et ses confrères aspirent : instituer, établir, affirmer, et non pas donner les éléments de réponse à son lectorat, pour qu’il puisse se faire lui-même sa propre idée.

Il conviendra aussi de remarquer que le site fait des affirmations et agissements des membres de la Manif pour tous l’objet d’une étude privilégiée, mais qu’il sera inutile d’espérer y trouver des articles traitant des groupuscules d’extrême-gauche, fussent-t-ils violents, comme les « antifas ». Samuel Laurent ne s’est pas non plus évertué à étudier les chiffres fournis par les manifestants d’autres bords politiques, qui présentent souvent là aussi un écart considérable avec ceux de la police.

Il faudra être bien patient, aussi, pour trouver un quelconque article « décodant » de cette manière les affirmations d’un Aymeric Caron ou d’un Jean-Michel Aphatie : considère-t-on, en dépit de toutes les apparences, que leur discours est apolitique ? On remarque par ailleurs que les grands « absents » de la critique des Décodeurs ne sont pas tant les figures d’une grande famille politique que celles de l’idéologie médiatiquement dominante. Tout ce qui est eurolâtre, libéral et libertaire n’est pas questionné. Et quand ils sont égratignés, c’est pour avoir fait preuve d’un manque de zèle dans l’application du vaste, et obligatoire programme égalitariste, comme le titre de cet article sur « la lente féminisation de la commission européenne » l’illustre bien. On voit bien comment cette proposition rhétorique vise à démontrer que la nécessité de la « féminisation » ne se discute pas : c’est un postulat de départ.

Dans le domaine international, les Décodeurs appliquent tout aussi consciencieusement cette ligne de conduite de la vérification choisie et orientée. Ils auront ainsi manqué de très nombreuses occasions de mettre en lumière les nombreux bidonnages relevant de la propagande de guerre anti-russe qui a cours dans les médias français depuis la fin 2013. Les fonctionnaires du Ministère de la Vérité n’ont pas estimé nécessaire de les soumettre à l’examen : sûrement parce que les manipulations sémantiques triviales ne suffisent pas à arranger des faits décidément bien têtus. La Vérité des Décodeurs est avant tout celle qui peut s’insérer dans un certain récit médiatique, dont la composition relève avant tout de l’effacement pur et simple des faits contradictoires.

La mort de la controverse

Ce qui semble se cacher, derrière cette volonté d’établir une vérité unique, monolithique, pour ainsi dire incontestable, c’est une entreprise même de déconstruction, et de destruction, du goût français pour la controverse. Des lignes de tensions, de fractures, de clivages, qui investissent tout débat. D’annuler aussi l’importance de l’intuition, du ressenti, au profit de l’objectivité axiomatique, en réalité dogmatique. Dans le but d’établir, en somme, un consensus éclairé, providentiel : une vérité révélée. C’est ce que l’historien et sociologue américain Christopher Lasch appelait «l’art perdu de la controverse». Car ce n’est pas tant sur la prétention à tordre les faits pour les insérer dans une vision du monde pré-établie qu’il faut porter la critique aux Décodeurs et, plus généralement au fact checking. Mais contre cette volonté qu’il a de présenter cette entreprise, bien évidemment partisane, en processus scientifique, infaillible, axiologiquement neutre alors qu’elle est politiquement orienté.

Dans son ouvrage intitulé La révolte des élites ou la trahison de la démocratie, paru en 1994, Christopher Lasch explique que le XIXème siècle a constitué l’apogée de la presse ouvertement partisane et polémique. A l’époque les journalistes refusaient d’adhérer à un idéal d’objectivité et de neutralité qu’ils jugeaient fallacieux. C’est pourtant à cette époque que la presse a le plus passionné le peuple américain. Le début de l’âge d’or de la presse écrite, en France, se situe aussi à la toute fin du siècle où se sont illustrés Balzac, Hugo ou Zola. « La presse du XIXème siècle a créé un forum ouvert à tous où l’on disputait avec chaleur des problèmes. Non seulement les journaux rendaient compte des controverses politiques, mais ils y prenaient part, et y entrainant aussi leurs lecteurs. » écrit Christopher Lasch. Mais la professionnalisation du journalisme a tué l’idée d’un journalisme vivant, orienté, pourquoi pas de mauvaise foi : humain et d’essence populaire. « Le déclin de la presse partisane et l’avènement d’un nouveau type de journalisme qui professe des normes rigoureuses d’objectivité ne nous assurent pas un apport constant d’informations utilisables. Si l’information n’est pas produite par un débat public soutenu, elle sera pour l’essentiel au mieux dépourvue de pertinence, et au pire trompeuse et manipulatrice. De plus en plus, l’information est produite par des gens qui désirent promouvoir quelque chose – un produit, une cause, un candidat ou un élu – sans s’en remettre pour cela à ses qualités intrinsèques ni en faire explicitement la réclame en avouant qu’ils y ont un intérêt personnel », ajoute Lasch au terme d’une analyse brillante et prophétique. Ceci explique, d’un même coup, le désintérêt paradoxal mais croissant de la population pour les médias, ainsi que son degré très faible de connaissance de l’actualité et des enjeux majeurs de son temps. Quand les informations ont pour but de couper court au débat, plutôt qu’à l’introduire, de fournir des réponses pré-conçues, au lieu de donner des outils pour voir le monde, il n’est alors pas étonnant qu’elles perdent toute pertinence et qu’elles deviennent un simple bien marchand.« Quand le débat devient un art dont on a perdu le secret, l’information aura beau être aussi facilement accessible que l’on voudra, elle ne laisser aucune marque. Ce que demande la démocratie, c’est un débat public vigoureux, et non de l’information. Bien sûr, elle a également besoin d’information, mais le type d’information dont elle a besoin ne peut être produit que par le débat. Nous ne savons pas quelles choses nous avons besoin de savoir tant que nous n’avons pas posé les bonnes questions, et nous ne pouvons poser les bonnes questions qu’en soumettant nos idées sur le monde à lépreuve de la controverse publique » explique à cet égard Christopher Lasch.

On conseillerait bien aux journalistes des Décodeurs la lecture d’un tel ouvrage. De même que la relecture attentive du chef d’œuvre de George Orwell, 1984, qui dans la description de son effrayant Ministère de la Vérité, semble avoir perçu les prémices de cette dérive autoritariste et élitiste du fact checking. On redoute malheureusement que leur temps de lecture soit tout entier dévoué à l’épluchage de données statistiques officielles, ou de rapports économiques rédigés sous l’influence de leurs employeurs…

Voir aussi : Détenus d’origine étrangère : Le Monde joue avec les mots