État d’urgence : le gouvernement pourra fermer des sites internet

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Source : Ojim.fr – Avec la prolongation de l’état d’urgence pour trois mois, le gouvernement va être en mesure de bloquer les sites internet faisant l’apologie du terrorisme.

Votée à l’Assemblée nationale, la prolongation de l’état d’urgence a été amendée, sur l’impulsion des députés centristes et radicaux, afin de permettre le blocage des sites djihadistes. « Le ministre de l’Intérieur peut prendre toute mesure pour assurer l’interruption de tout service de communication au public en ligne provoquant à la commission d’actes de terrorisme ou en faisant l’apologie », est-il ainsi inscrit dans le texte. Quand on pense qu’il n’y a pas si longtemps, le même ministre estimait que ce n’était pas un délit d’appeler au djihad…

Cet amendement vient ainsi compléter le projet de loi visant à supprimer les mesures de contrôle de la presse lors de ces trois mois. Depuis février 2015, 87 sites ont déjà été fermés en vertu de la loi anti-terroriste de 2014. Désormais, les procédés seront plus efficaces et il ne sera pas nécessaire de contacter, au préalable, le l’hébergeur du site visé.

Comme toujours, certains craignent des dérives sécuritaires qui conduiraient le ministère à agir selon des méthodes tout à fait subjectives et arbitraires à l’égard de certains sites. L’avenir nous dira si cette disposition a été utilisée à bon escient.

Crédit photo : niroworld / Shutterstock.com

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Polytechnique : l’Etat réforme la « pantoufle »

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Le sort de la fameuse « pantoufle » de Polytechnique est réglé. Samedi 23 mai, le gouvernement a publié au Journal officiel le décret qui réforme ce régime, contre l’avis du Conseil d’Etat. La pantoufle est la somme – plus de 40 000 euros – que les élèves qui ne travaillent pas dix ans pour l’Etat en sortant de l’école militaire d’ingénieurs doivent rembourser à l’école.

La Cour des comptes dénonce le problème depuis trois ans, Polytechnique demande à l’Etat de le régler depuis cinq ans. Mais cela fait quinze ans qu’il est identifié. En effet, depuis la dernière réforme du dispositif, en l’an 2000, plus aucun polytechnicien n’est tenu de s’acquitter de la pantoufle, hormis ceux, très peu nombreux, qui choisissent de devenir fonctionnaire mais ne le restent pas dix ans. « Un polytechnicien menant carrière dans des institutions bancaires américaines est exonéré de remboursement, à la différence d’un ingénieur des Ponts travaillant dans une direction régionale de l’Etat », s’agace le député UMP de Haute-Marne François Cornut-Gentille, auteur d’un récent rapport sur l’école.

Lire aussi : Polytechnique : l’Etat accusé de négligence

Dans son principe, établi par Polytechnique dès 2010, la réforme rétablit donc la règle d’avant 2000 : tout polytechnicien ne travaillant pas dix ans pour l’Etat remboursera sa scolarité. Pour l’école, c’est une question d’éthique, d’image et d’argent : le manque à gagner serait de l’ordre de 5 millions d’euros par an. Pourtant, le 23 février, le Conseil d’Etat avait rejeté le projet de décret présenté à l’automne par le gouvernement. Mais l’avis du Conseil d’Etat est consultatif, et le ministère de la défense plaide pour l’adoption du texte en dépit des critiques de l’institution du Palais-Royal.

« Notre texte est solide juridiquement »

Le ministère de la défense considère en effet que la légalité de son projet, lu et relu par de nombreux services juridiques de l’Etat, est solide. Le Conseil d’Etat pense le contraire. Dans certains cas, estime-t-il, l’égalité entre polytechniciens n’est pas garantie. Ce serait notamment le cas de celui qui choisirait de devenir fonctionnaire, démissionnerait avant dix ans puis servirait dans le secteur public comme contractuel, vis-à-vis de l’un de ses camarades qui serait d’entrée de jeu contractuel. De fait, les deux feraient carrière dans le public, mais l’un devrait rembourser la pantoufle quand l’autre en serait exonéré.

La décision du Conseil d’Etat « n’a pas manqué de surprendre toutes les administrations », écrivait le président de l’école, Jacques Biot, dans un courrier adressé au député Cornut-Gentille le 6 mars. « Notre texte est solide juridiquement », assure de son côté au Monde son directeur général, Yves Demay. Une troisième source interne à l’école considère qu’« il s’agit d’arguties juridiques destinées à empêcher le texte de sortir. Le cas évoqué par le Conseil d’Etat concernerait peut-être un cas sur 5 000 en dix ans ! Officiellement, le Conseil souhaite que l’école élabore un décret par corps de l’Etat, soit une dizaine de textes nouveaux. Cela prendrait un temps fou… En réalité, le texte est pris en otage par quelques personnes du Conseil d’Etat qui cherchent à obtenir autre chose du gouvernement. »

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En tout cas, déplore M. Cornut-Gentille, « la crise de la pantoufle est emblématique des fragilités de l’école, de la faiblesse de la tutelle et des lenteurs de l’X à se réformer. Elle justifie à elle seule les questions que j’ai posées dans mon rapport sur la mission de Polytechnique. Si celle-ci était parfaitement claire, il n’y aurait pas de problème de pantoufle. » C’est tout l’objet de la mission confiée fin 2014 au conseiller maître honoraire à la Cour des Comptes Bernard Attali.

En attendant, contrairement à ce qui était prévu, la réforme ne s’appliquera pas aux X entrés à l’école en 2014 : l’Etat y a renoncé. Ce sont donc les X 2015 qui seront les premiers concernés. L’école ne percevra les premières potentielles « pantoufles » qu’en… 2025.

cr photo : flickr
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Pourquoi l’Etat va subventionner les jeux vidéo violents

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Il y a ceux, comme le député PS Jacques Cresta, qui croient discerner un lien entre les jeux vidéo dits violents et les attentats de janvier 2015. Et puis il y a le gouvernement, qui s’apprête à réformer les subventions accordées à l’industrie du jeu vidéo, de manière à y inclure les jeux destinés aux plus de 18 ans, qui en étaient jusqu’à présent exclus.

La secrétaire d’Etat au numérique, Axelle Lemaire, a annoncé mercredi 29 avril sur son compte Twitter avoir apposé sa signature à un décret en ce sens, qui fait suite à deux amendements votés en décembre 2013 et dont l’industrie attend toujours la mise en application.

  • Quels jeux sont concernés ?

Le gouvernement est sur le point d’élargir le dispositif de crédit d’impôt aux « jeux vidéo spécifiquement destinés à un public d’adultes et qui sont commercialisés comme tels, sous réserve du caractère significatif de leur contribution au développement et à la diversité de la création française et européenne ».

Concrètement, les jeux vidéo français étiquetés « + 18 » par l’organisme de classification européen, le PEGI, pourront désormais bénéficier d’une prise en charge de leurs coûts de développement à hauteur de 20 % de ceux-ci. Des titres comme Dishonored (développé par les Français d’Arkane Studios), Heavy Rain (Quantic Dream), ou encore ZombiU (Ubisoft Montpellier) auraient été concernés si la mesure avait été en place au moment de leur développement.

  • Le décret est-il d’ores et déjà effectif ?

Pas encore. Il le sera lorsque à la signature d’Axelle Lemaire se seront ajoutées celles du secrétaire d’Etat au budget, Christian Eckert, du ministre des finances, Michel Sapin, et du premier ministre, Manuel Valls. « Tout le monde est d’accord, mais pour des raisons un peu obscures, cela avance trop doucement » déplore Guillaume de Fondaumière, président du syndicat national du jeu vidéo et le directeur du studio Quantic Dream. Ce dernier rappelle que sous la pression de son industrie, le Québec a récemment relevé son dispositif de soutien aux jeux vidéo par un crédit d’impôt à 37,5 %.

Lire : Le Québec ne veut pas perdre l’industrie du jeu vidéo (abonnés)

  • Pourquoi financer des jeux vidéo dits violents ?

Essentiellement pour des raisons économiques : la France, qui comptait à la fin des années 1990 parmi les principaux producteurs mondiaux de jeux vidéo, a depuis reculé au huitième rang, tandis que le Québec drainait les talents hexagonaux, jusqu’à s’imposer aujourd’hui comme la plus grosse usine à blockbusters du monde.

Le Québec a bâti son industrie sur une politique fiscale agressive. C’est la raison pour laquelle la France a mis en place un système similaire, quoique de moindre ampleur, en 2007. Néanmoins, ce dernier n’a eu qu’un impact limité, car les jeux vidéo « +18 », qui correspondent souvent aux grosses productions générant le plus d’emploi et de ventes, en sont exclus.

Lire aussi : Non, la France n’est pas le deuxième producteur mondial de jeux vidéo

  • Quel est le poids commercial des jeux « + 18 » ?

De GTA V à Assassin’s Creed Unity en passant par Watch Dogs, sept des jeux vidéo les plus vendus en France en 2014 (en valeur) sont estampillés « PEGI 18 », selon un rapport du Syndicat des éditeurs de logiciels de loisir (Sell), et ceux-ci représentent un tiers des ventes au total.

Selon le classement hebdomadaire du Sell, les meilleures ventes actuelles sont une fois encore réalisées par des titres réservés aux adultes (GTA V, Mortal Kombat X) ou aux plus de 16 ans (Bloodborne), seuls les meilleurs titres Nintendo et PS Vita faisant exception.

Or la France compte quelques gros studios, comme Quantic Dream (Heavy Rain, Beyond : Two Souls), et surtout Arkane (Dishonored) qui ont été remarqués sur la scène internationale pour des jeux vidéo à grand budget classés « +18 », et qui menacent de délocaliser leur production.

  • Les jeux vidéo « +18 » sont-ils si violents ?

Selon le descriptif du PEGI, cette classification s’applique « lorsque le degré de violence atteint un niveau où il rejoint une représentation de violence crue et/ou inclut des éléments de types spécifiques de violence », et de manière générale, « les représentations de violence qui donnent au spectateur un sentiment de dégoût ».

La production de jeux adultes est hétérogène et certains de ces titres sont bel et bien capables de susciter un sentiment de malaise par leur violence morale gratuite.

Lire aussi : Non, les jeux vidéo ne forment pas des djihadistes, mais…

Néanmoins, il serait exagéré de réduire l’ensemble de la production estampillée « +18 » à ces cas extrêmes. ZombiU est avant tout un simple jeu de zombie, Mortal Kombat patauge depuis longtemps dans l’humour gore, et des jeux de guerre d’apparence bas du front cachent parfois des vraies réflexions pacifistes, comme Spec Ops : The Line.

L’organisation reconnaît elle-même que « la violence crue est la plus difficile à définir, car, dans de nombreux cas, elle peut être très subjective ». En l’occurrence, le système de classification des jeux vidéo est beaucoup plus sévère que celui des films. Le long-métrage Quantum of Solace est classé « tous publics » tandis que son adaptation en jeux vidéo avait été estampillée « déconseillé aux moins de 16 ans ». De même, Alien : le huitième passager avait été interdit aux moins de douze ans, alors que le récent jeu vidéo Alien : Isolation, qui lui fait immédiatement suite et s’inscrit dans sa continuité, a lui hérité d’un logo « PEGI 18 ».

« Le système de classification français des films est l’un des moins sévères au monde, épingle Guillaume de Fondaumière, alors que le PEGI, qui est un organisme paneuropéen, est ajusté sur les critères des pays les plus stricts, en l’occurrence l’Islande. »

Et de citer l’exemple de Heavy Rain, un jeu d’enquête inspiré des séries américaines qui a hérité d’un « PEGI 18 » en Europe et d’un label « +15 » par l’organisme équivalent australien. En France, Quantic Dream en avait commercialisé une version édulcorée d’une scène d’interrogatoire interprétable comme de la torture, afin de bénéficier d’un classement « +16 » et des crédits d’impôt attachés.

  • Tous les jeux violents seront-ils éligibles ?

Non. Les jeux vidéo pornographiques ou d’une violence jugée extrême, à partir d’un système de malus, ne rentreront pas dans le cadre de nouvelle version du crédit d’impôt.

L’évaluation des jeux recevables au dispostif repose en effet sur un ensemble de critères apportant des points au dossier (par exemple, la présence d’un scénario, des mécaniques de jeux originale, des textes dans plusieurs langues européennes ou encore des dépenses artistiques équivalentes à 50 % du budget). La violence sera motif de retrait de point lorsqu’elle présentera, selon le décret, un caractère « disproportionné et gratuit » ou « cru et détaillé dans un environnement visuellement réaliste ».

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Le gouvernement ouvre la chasse aux drones égarés (ou malveillants)

rançois Hollande commande un drone dans les jardins de l’Elysée, le 9 septembre 2014 (PATRICK KOVARIK/POOL/AFP)
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Les autorités sont sur les dents depuis que ces fichus drones survolent des centrales nucléaires et la capitale. Les premières chasses devraient être ouvertes dans peu de temps, et pour les attraper, de nouveaux outils vont être développés, avec l’aide de l’Etat. Noms de code : Boréades et Angelas.

Le gouvernement se démène depuis plusieurs mois déjà. Après son audition à l’Assemblée nationale, Louis Gauthier, nouveau secrétaire général de la Défense et de la Sécurité nationale (SGDSN), a lancé une grande opération de lutte contre les drones « non coopératifs ».

En décembre dernier, un appel d’offres est émis par l’Agence nationale de la recherche (ANR) pour trouver de nouvelles techniques de détection et de capture des drones civils. En janvier 2015, un rapport est rendu au Premier ministre sur le sujet. Et en avril, les projets de neutralisation sont présentés.

Comment neutraliser au-dessus de la ville ?

Contacté par Rue89, le secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale affirme qu’il n’existe, pour le moment, aucune solution idéale dans le monde :

« Les drones sont trop petits pour être détectés et les techniques de neutralisation, trop dangereuses pour être déployées au-dessus des villes. »

Si le danger de ces drones de petite taille n’est pas avéré pour le secrétariat général, celui-ci considère l’évolution technologique rapide comme potentiellement inquiétante.

Des tests sur des terrains militaires de province

La conception de prototypes industriels de lutte contre ces survols, elle, prend du temps. Alors des expérimentations, à partir de technologies déjà existantes, ont été effectuées pendant tout le mois de mars par le Centre français de recherche aérospatiale (Onera), à la demande du SGDSN.

« Des tests ont eu lieu sur des terrains militaires en province. Pas question de brouiller les ondes wifi et téléphoniques en ville, ou de faire tomber des débris de drones sur le périphérique. »

Des pistes juridiques sont aussi étudiées en ce moment comme l’immatriculation des drones ou le renforcement des sanctions contre les pilotes malveillants.

Jet de matériaux ou muraille d’ondes

Mais l’endiguement du phénomène ne sera possible que par l’innovation. C’est pour cela que le secrétariat général a décidé d’aider la recherche en dotant deux projets d’une aide totale d’1 million d’euros.

L’appel à projet a permis de recueillir 24 propositions innovantes… et parfois étonnantes. Certains prévoyant notamment des jets de matériaux de toute sorte contre les drones ou des murailles d’ondes autour de lieux sensibles pour empêcher de survoler la zone.

Au final, ce sont les projets Boréades, de l’entreprise Communication et systèmes (CS), et le projet Angelas, dirigé par le Onera, qui ont été retenus.

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Le projet Boréades (CS)

Forcer le drone à se poser près du pilote

Denis Chaumartin, directeur du département en charge du projet Boréades, détaille le dispositif :

« Nous allons utiliser des capteurs thermiques et visuels pour différencier le drone du fond. Le système sera soit composé d’une caméra rotative pour couvrir tout l’espace, soit d’une grappe de capteurs fixes pour éviter les angles morts.

Les oiseaux vont créer des alarmes. Ce sera ensuite à l’opérateur de les analyser pour détecter les objets à neutraliser. […]

Nous avons choisi une technique de neutralisation douce. Nous brouillons les signaux GPS et de la télécommande pour que le drone atterrisse. Tous les drones vendus en France doivent avoir cette sécurité, s’ils n’ont plus de batterie ou de signal, ils vont se poser vers leur télé-pilote. »

L’entreprise a préféré cette solution aux destructions de drones, plus dangereuses. En réutilisant des technologies existantes, elle s’est engagée à produire ces système dans un an. Ils pourront être déployés de manière permanente près de certains sites à risques, ou exceptionnellement sur décision de la préfecture de police.

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Le projet Angelas (Onera)

Détecter et neutraliser sur tous les terrains

Le projet Angelas, de l’Onera, est prévu sur du plus long terme, avec une phase de recherche en partenariat avec six entités, dont Thalès, EDF et l’Institut de criminologie de Paris.

L’objectif, ici, est de trouver une palette de solutions pour rester opérationnel, quel que soit l’environnement. Franck Lefevre, directeur du département d’optique de l’Onera, explique :

« Surveiller une centrale et couvrir une ville demandent des technologies très différentes. Nous allons développer des systèmes optroniques – optiques et électroniques – qui sont précis mais peuvent être dépendants de la situation météorologique.

En parallèle, nous aurons aussi des radars qui pourront utiliser des ondes en toute situation.

Enfin, pour réaliser de la veille totalement passive, nous allons utiliser un système acoustique. »

Le consortium a dix-huit mois pour présenter un système qui répondra à la diversité des scénarios, de la détection à la neutralisation du drone.

source :  Rue89