L’Espagne autorise une base américaine permanente sur son sol

claude chollet
Par défaut

Le gouvernement espagnol a donné, vendredi 29 mai, son feu vert à la présence permanente sur la base de Moron de la Frontera, près de Séville, d’une force d’intervention américaine de 2 200 hommes sur la base de Moron de la Frontera (sud). Une décision destinée à répondre aux différentes crises que connaît le continent africain.

L’installation de cette force sera formalisée dans un accord bilatéral entre l’Espagne et les États-Unis, amendant ainsi l’accord de défense datant de 1988, a annoncé la vice-présidente du gouvernement Soraya Saenz de Santamaria.

Le texte doit être signé lundi lors de la visite en Espagne du chef de la diplomatie américaine John Kerry. Il prévoit « le déploiement permanent sur la base de Moron d’une force de 2 200 militaires et 500 civils, plus 26 avions », a précisé la porte-parole du gouvernement.

Une base régulièrement utilisée par les États-Unis depuis les années 1950

Cette force de réaction rapide a notamment pour mission de renforcer la protection des ambassades, de récupérer des militaires en difficulté, d’évacuer des civils ou d’intervenir dans les conflits ou les crises humanitaires.

La base de Moron peut également accueillir une force temporaire d’un maximum de 800 militaires et 14 avions supplémentaires. Elle a été régulièrement utilisée par les États-Unis depuis les années 1950, comme d’autres, dont la base aéronavale de Rota, près de Cadiz (Andalousie).

Les États-Unis disposaient déjà d’une force de réaction rapide d’environ 800 hommes sur cette base depuis avril 2013, mais à titre temporaire. Elle y avait été déployée après l’attaque meurtrière ayant visé le consulat de Benghazi, en Libye, le 11 septembre 2012.

(source)

Publicité

« Internet comme territoire sans frontières, c’est une vaste blague »

claude chollet
Par défaut

Surveillance des Etats, collecte de données par des entreprises comme Facebook ou Google : pour l’informaticien Franck Leroy, il y a des liens consanguins entre entreprises et services américains.

Tout est parti de ce dialogue initié par un journaliste du Figaro :

« Qu’on m’explique. Pourquoi les opposants au projet de loi renseignement acceptent-ils que Facebook, Google ou Twitter sachent tout de leur vie ? »

Cette manière de présenter les choses pourrait paraître simpliste (après tout les opposants à la loi sur le renseignement sont souvent très critiques vis-à-vis des GAFA), mais elle est souvent revenue ces dernières semaines : pourquoi se focaliser sur la surveillance de l’Etat alors que l’actualité nous apporte chaque semaine des exemples flippants de ce que les géants du Web pourraient faire avec nos données ?

L’émergence du Big Data permet déjà de prévenir (en partie) le crime avant qu’il n’ait lieu et le développement des objets connectés pourrait, par exemple, servir à identifier les appareils que vous utilisez chez vous grâce à leur empreinte électrique…

Des personnes bien intentionnées ont essayé de lui répondre, sur le thème « Google et Facebook n’ont pas de prérogatives de puissance publique, pas le monopole de la violence légitime, nous ne risquons que la publicité ciblée ». Cette réponse paraissait un peu courte (Twitter oblige).

Deux livres du même auteur permettent d’éclairer ce débat : « Réseaux sociaux et Cie » (2013) et « Surveillance. Le risque totalitaire » (2014). Deux bouquins symétriques sur les pratiques de l’Etat (surtout les Etats-Unis) et celles des entreprises privées (surtout américaine). Sur la quatrième de couverture, « Franck Leroy », l’auteur, est présenté comme un « consultant en architecture des réseaux informatiques ».

Des Franck Leroy, il en existe à la pelle sur Internet. Il y en a beaucoup dans l’informatique. Pour éclaircir ce point, j’ai donc appelé l’éditeur. Il se trouve que le Franck Leroy qui nous intéresse écrit sous pseudonyme par crainte d’« être enquiquiné dans ses activités professionnelles ». C’est donc lui qui m’a contacté, avec un numéro masqué. Il était « à l’autre bout de l’Europe », il ne revenait que la semaine suivante.

Rendez-vous a été fixé chez son éditeur, Actes Sud. Ce dernier m’assure que l’identité de M. Leroy a été vérifiée. Je n’en saurai guère plus. C’est un monsieur plus âgé que je ne l’imaginais, sympathique, articulé. Il parle comme ses livres, qui sont très clairs pour le profane et ont le mérite de replacer les révélations de Snowden dans l’histoire longue. « C’est parce que je n’ai pas qu’un fond technique », m’explique-t-il. Il dit avoir suivi les cours de Michel Foucault, au collège de France. Cet enseignement a façonné sa vision.

Rue89 : Qu’est-ce qui vous paraît le plus dangereux, la surveillance des Etats ou la collecte de données par des entreprises commerciales comme Facebook ou Google ?

Franck Leroy : C’est un faux débat. La meilleure façon d’approcher cette question est de bien comprendre qu’il y a des liens de nature consanguine entre les entreprises américaines, puisque c’est d’elles que nous parlons, et l’appareil de surveillance et de renseignement de l’Etat fédéral étatsunien.

Ces liens ne sont pas nouveaux. Ils sont connus ou suspectés depuis plus de vingt ans, bien avant que Edward Snowden ne révèle que Google, Facebook et consorts livraient des données sur leurs utilisateurs à la NSA, via le programme PRISM. Certains vont même jusqu’à affirmer que certaines de ces entreprises sont des créations ex-nihilo des services secrets.

En 1999, un rapport de la commission de la Défense à l’Assemblée nationale abordait les liens entre Microsoft et la NSA. On y apprenait « la présence de personnels de la NSA dans les équipes de développement de Bill Gates ». A travers des prises de participation du fonds d’investissement In-Q-Tel, qui est une émanation de la CIA, des personnes très proches du renseignement siègent ou ont siégé au conseil d’administration de Facebook.

Ce « papillonnage » des personnes entre l’appareil d’Etat et des entreprises du secteur informatique est fréquent aux Etats-Unis. Au-delà des personnes, nombre de technologies qui descendent dans le grand public – la reconnaissance vocale, les empreintes faciales, les moteurs de recherche – sont issues de budgets militaires.

Bien sûr, tout cela est dissimulé derrière une légende faussement « cool » d’entreprises dirigées par des jeunes en T-shirt.

Est-ce que ce schéma se retrouve en France ?

Cette relation fusionnelle nous choquerait en France, même si cela existe un peu dans l’aviation. Il faut surtout dire que nous sommes en présence de technologies totalement maîtrisées par les Etats-Unis, qui font tout leur possible pour en conserver le leadership.

OK, mais vos exemples remontent à quelques années. Est-ce que les intérêts privés des grandes entreprises n’ont pas débordé cette origine « militaire » ?

Je ne vois pas pourquoi ces liens auraient cessé d’exister. Certes, la réalité est éminemment plus complexe qu’une simple relation de vassalité entre les géants du Web et l’Etat fédéral américain, mais cela ne signifie pas que les données collectées pour la vente d’espaces publicitaires ne remontent pas ensuite vers les institutions de surveillance.

Mais cela reste un souci lointain. La plupart des gens sont emmerdés au quotidien par des choses comme l’auto-complétion sur Google qui accole un terme peu flatteur à votre nom. Est-ce que ce n’est pas l’activité purement commerciale qui nous pourrit la vie ?

Nous sommes arrivés à un point où ne pas avoir de compte Facebook peut être suspect aux yeux d’un employeur. Il y a une espèce d’obscénité. Vous êtes présenté à un groupe de personnes et vous savez qu’en rentrant chez elles, elles vont entrer votre nom dans un moteur de recherche. Or, vous n’êtes pas ce que Google dit de vous.

C’est un poison lent dans la société. Nous sommes en train de créer une culture délétère, une culture de délation. Et comme tout poison, ses effets ne se ressentent pas immédiatement. Il est de coutume de distinguer la surveillance orientée par les Etats, celle dirigée par les entreprises et celle menée par les individus sur d’autres individus. En réalité, tout cela va de pair.

Quelque chose est descendu du haut de la pyramide et, par capillarité, s’est immiscé dans tous les comportements sociaux. C’est la contre-utopie du rêve des années 80 et 90 : le partage, l’échange, l’enrichissement. Il est intéressant de constater maintenant le double sens de cette « société de la connaissance ». C’est d’ailleurs ce que disait Michel Foucault : le pouvoir, au sommet, ne peut pas fonctionner lorsqu’il est isolé des petits pouvoirs. Et c’est un petit pouvoir que nous donnons aux gens : celui d’espionner son voisin.

Mais il y a aussi des applications très concrètes. On parle des algorithmes qui vont encadrer nos comportements, les lisser…

Oui, cela rejoint la question de l’intelligence artificielle. Il y a tout un courant aux Etats-Unis qui estiment que, dans moins d’une génération, la capacité des cerveaux artificiels (pour eux, le cerveau humain est assimilable à un ordinateur) dépassera celle des individus. Pour eux, la seule solution est d’appareiller les humains pour combler leur « défaillance ». Nous serons alors comme du bétail, allant nous faire injecter des implants qui « normeront » nos comportements. Adieu la créativité, le rêve, la flânerie. Ces gens ne sont pas de doux rêveurs même s’ils parlent d’utopie.

Pourriez-vous nous donner un exemple ?

La santé. L’Apple Watch est un outil bien gentillet à côté de ce qui est en train d’être testé et bientôt commercialisé. Ce sont des implants qui diffuseront des molécules dans votre corps et seront en connexion permanente avec des robots médecins. Sans tomber dans un délire orwellien, nous ne serons pas très loin du tri des individus. Les assurances pourraient s’engouffrer là dedans (certaines vous font des ristournes si vous leur ouvrez votre compte Facebook). Toutes ces technologies dites « d’assistance » sont à double tranchant. Je ne suis pas contre la technologie, je dis simplement qu’il faut en contrôler les usages.

Mais est-ce possible ? Il y a une espèce de défaitisme ambiant, l’idée qu’Internet a « un esprit », qui irait vers plus de transparence, plus de fluidification, sans que la régulation ne puisse rien y faire…

Je n’y crois pas. C’est de la mythologie. La technologie est issue de l’esprit humain. L’individu et la collectivité sont capables d’en définir les usages. Il y a des civilisations qui connaissaient l’existence de la roue et qui ont décidé de ne pas l’utiliser.

Revenons à cette fausse dichotomie, selon vous, entre l’Etat et les GAFA. La surveillance étatique apparaît comme une citrouille surplombante sans conséquences immédiates dans le quotidien, tandis que tout le monde est titillé par les publicités ciblées de Gmail…

Ce n’est pas faux. La visibilité des outils intrusifs des entreprises est finalement assez importante si l’on s’y intéresse de près. Mais le monde de la surveillance est par définition dans l’ombre, son impact est moindre dans l’immédiat. Nous sommes plus dans la crainte des usages possibles par des pouvoirs qui peuvent être amenés à changer. Mais ce ne sont que des plans différents. C’est le rapprochement des deux qui devrait nous inquiéter.

Mais ces outils de surveillance étatique peuvent aussi avoir des conséquences concrètes. Nous vivons dans des sociétés complexes avec des pouvoirs qui sont relativement isolés des populations et qui sont dans l’obsession prédictive. Ils veulent savoir ce que le citoyen pense de ceci ou cela. Pas dans une perspective « altruiste », mais parce qu’ils s’inquiètent de leur survie. Les outils de surveillance peuvent compléter la pulsion sondagière. Les gouvernants vont disposer de tout un tas de capteurs pour palper le corps social. On est dans l’obsession divinatoire : il faut prédire. Cela norme donc aussi le comportement de nos gouvernants.

Ne sommes-nous pas tous devenus paranoïaques après une période d’insouciance pré-Snowden ?

C’est le climat délétère dont je parlais tout à l’heure. Les gens se sentent espionnés. Ce n’est pas un dégât collatéral. C’est une conséquence de la peur diffusée pour justifier le système.

Peut-être, mais vous y participez aussi. En lisant votre livre, on se dit que la NSA, c’est Sauron, un œil omniscient et omnipotent…

Oui, mais ce n’est pas faux non plus. Nous sommes sous un régime permanent de viol des correspondances. Vous en concluez que tout ce qui est de l’autre côté de votre écran est du domaine du visible.

C’est vrai qu’il existe un point de vue général, qui peut être simpliste : parler de « viol permanent de correspondance », c’est une généralité. Quand on gratte, les choses sont plus complexes, le réel est tiraillé par des procédures, des techniques et des intérêts parfois divergents entre Google, Facebook, la DGSE, la NSA, le GCHQ. Chacun fait son petit métier. Mais cette complexité n’empêche pas la généralité.

Comment faire le tri entre la réalité et le fantasme à tendance complotiste ?

J’ai écrit ces livres parce que je voulais clarifier les choses au-delà de l’accumulation des articles de presse. En replaçant tout cela dans une perspective « historique », on découvre des répétitions, des archétypes. Par exemple, l’idée de placer des portes dérobées (backdoors) dans des logiciels, hardwares ou solutions cryptographiques est une vieille pratique de la NSA.

Je pense par exemple aux cartes SIM de l’entreprise Gemalto. Mais ce n’est que le dernier exemple d’une longue liste d’entreprises qui ont été noyautées par les services américains ! Prenez Crypto AG. C’était une boîte soi-disant suisse qui a commercialisé un dispositif de chiffrement dans les années 50. En réalité, les services secrets américains y avaient probablement placé une « clé dans la clé », qui leur permettait de lire « en clair » les communications qui passaient par ce système. Or, cela n’a été découvert que 30 ans plus tard !

Une fois que vous avez identifié ces pratiques, vous commencez à vous poser des questions sur Tor, ce réseau qui est présenté comme garantissant l’anonymat. Pourtant, il a été développé sur des fonds du Pentagone…

Même l’open source – qui permet à tout un chacun de passer en revue le code à la recherche de failles volontaires ou non – n’est pas une garantie. Des failles subtiles peuvent exister. On peut citer le cas d’OpenSSL dont une première faille majeure de sécurité avait été révélée en 2008 alors que le code était supposé relu par la « communauté ».

Peut-on poser le problème sous l’angle de la souveraineté numérique ?

On va revenir sur cette supposée tension entre les États (l’Europe) et les grands groupes. Mais ce qui est certain, c’est que le vieux rêve libertarien d’un Internet « flottant », un nouveau territoire sans frontières, est une vaste blague. Au cœur du système, nous retrouvons l’État américain.

claude-chollet-monde

Et donc sur cette tension entre l’État et les entreprises ?

Les questions de fond ne sont pas abordées. La donnée – et donc la vie privée – demeure une marchandise. Ce n’est vu qu’en terme de concurrence. « On donne cela aux Américains, pourquoi ne pas le garder pour nous ? » C’était bien visible lors des premiers débats sur le Big Data, ce tas d’or de l’économie numérique. Ce fut le cas également, lors de la révision avortée de la directive européenne sur les données privées. La présidente de la Cnil expliquait alors que l’Europe avait « intérêt à constituer un marché unique des données personnelles ». S’ensuivaient des recommandations pour encadrer la collecte et l’utilisation de ces données, mais c’est bien le postulat de départ qui pose problème. Parler de « marché unique des données » revient à accepter la marchandisation des données.

Mais vous ne pouvez pas nier que des institutions publiques entreprennent de limiter l’intrusion dans la vie privée ?

Pour l’instant, je constate que rien ne bouge. On pourrait même considérer que les choses empirent avec la loi sur le renseignement. Des gens se battent, mais la réglementation n’évolue pas. Les boîtes privées font du tam-tam – « On refuse cela, ceci » –, mais la collecte continue.

Mais est-ce qu’on n’exagère pas le pouvoir de ces entreprises ? La vie ne se résume pas en données, les robots ne nous « comprennent » pas. Est-ce que cette limite n’est pas notre meilleure protection ?

Des gens vous disent qu’il suffirait de développer ses propres robots pour balancer de fausses infos dans les serveurs et les inonder. C’est mal connaître ces technologies. Certes il y a beaucoup d’erreurs, mais les algorithmes sont puissants. C’est pour cela que je ne crois pas en une solution purement technologique. À supposer qu’elle soit possible, pour toutes sortes de raisons elle serait très difficilement inaccessible à la grande majorité de la population. La solution ne peut être que politique.

Donc vous ne croyez pas en la « dégafamisation », le fait de se retirer de Google, Facebook, Twitter, etc. ?

Ça ne me parait pas pertinent. Il faut simplement être réaliste. On le dit en blaguant, mais les agents russes seraient revenus à la machine à écrire. À partir du moment où l’on sait que c’est « visible », vous n’y mettez pas votre intimité. Ce qui ne veut pas dire que vous ne pouvez pas mener un combat pour les libertés. Ce n’est pas de la résignation.

Mais vous ne choisissez pas forcément. Un smartphone peut être indispensable à une vie professionnelle et cafter sur vous grâce à la géolocalisation…

Oui.

Vous avez un compte Facebook ou Gmail ?

Non. On ne va quand même pas leur faciliter le travail. Ce n’est pas parce que je ne suis ni agent secret, ni trafiquant, ni terroriste que je dois accepter que l’on fouille continuement dans mes tiroirs. C’est une sensation très désagréable…

Le fait de se « retirer » peut paraître suspect : « Pourquoi cette personne a-t-elle demandé à flouter sa maison sur Street View ? »

C’est pour cela que le droit à l’oubli est pour moi une imposture. On garde la trace de la gomme. Or, si vous voulez effacer un élément, c’est que vous avez quelque chose à vous reprocher. Vous êtes un citoyen en permanence mis en examen. C’est aussi pour cela que la surveillance touche tout le monde. Votre choix individuel engage les autres.

Vous semblez craindre une nouvelle inégalité : entre ceux qui auront les moyens de protéger leur vie privée (crypto, e-réputation) et les autres…

Il y a deux aspects. Le premier est celui du rapport de force. Nous sommes confrontés à des organisations qui regroupent les meilleurs mathématiciens de la terre. Imaginer qu’un groupe d’individus est capable de s’opposer à eux en permanence me paraît illusoire. Mais supposons que des individus créent des solutions de protection. Ce seront des technologues, des personnes qui ont la maîtrise des outils. Allez expliquer cela à Mme Michu… C’est aussi pour cela que les gens sont cyniques et baissent les bras.

OK, il faut réguler, mais vous venez d’expliquer que les États n’y ont pas réellement intérêt...

Oui. Nous sommes en opposition, c’est clair.

Vous parliez de « poison lent » tout à l’heure. Comment expliquer ce paradoxe de la vie privée : les gens savent que leurs données et métadonnées sont moulinées par des boîtes privées, mais ils ne semblent pas s’en soucier. C’est de la mithridatisation ou un calcul coûts/avantages ?

C’est tout bête. Il faut être confronté à un danger pour en prendre conscience… Il y a un rapport entre l’usage et le danger qui est encore favorable à l’usage. Et les gens s’habituent peu à peu à cette intrusion. Mais je pense que la prise de conscience se fera en cas de gros pépin, dans un moment de tension très important. Je pense à la loi sur le renseignement, qui pourrait s’appliquer en « prévention des atteintes à la forme républicaine des institutions, des violences collectives de nature à porter atteinte à la sécurité nationale »… Imaginez cela en mai 68 ou pendant les grèves de 95 …

Vous suggérez aussi que cette surveillance est dans la culture américaine…

C’est très lié aux racines calvinistes profondément ancrées dans la culture américaine : l’individu est sous le regard de Dieu à travers celui de sa communauté. Or la religiosité a toujours été associée à la technologie aux États-Unis. C’est un vaste sujet… Le concept de technologie est un pur produit étatsunien du XIXe siècle. Il n’y a qu’à voir aujourd’hui les présentations d’Apple, le surnom que se donnent les « évangélistes ».

Le « Grand Réveil » aux USA s’est largement appuyé sur les technologies de l’époque – télégraphe, chemin de fer, bateau à vapeur – pour faire son « œuvre salvatrice. » L’image de la toile d’araignée (le web) était déjà utilisée à l’époque pour parler du télégraphe, et certaines personnes rêvaient déjà de prendre le pouls de la population en écoutant ce réseau.

Et cela se diffuserait en France, dans une espèce de « soft Power » de la surveillance ?

En rencontrant notre propre culture de la transparence, celle que décrit Foucault, la pulsion panoptique : « Les Lumières qui ont inventé les libertés ont aussi inventé les disciplines. » Seul le sommet de la pyramide est dans l’opacité, tout le reste est sous le regard des autorités.

Les débats que nous avons eus lors du projet de loi sur le renseignement font écho à une très vieille histoire. Il suffit de relire le débat en pleine révolution française entre le député Gouy d’Arcy, qui avançait que « dans un état de guerre, il est permis de décacheter les lettres » et Mirabeau qui lui opposait que « les complots ne circulent pas par les courriers ordinaires » et que ce n’est pas digne d’un peuple « qui veut devenir libre d’emprunter les maximes et procédés de la Tyrannie. »

( source )
cr flickr
cr wikimedia

Plongez dans le « Google Maps » des XIXe et XXe siècles

claude chollet
Par défaut

Qui n’a pas passé des heures à survoler les quatre coins de la planète pour découvrir des lieux inconnus, sans bouger de chez soi ?

Google Maps a rendu ce voyage possible jusqu’au fin fond du Groenland. Leurs images et leurs cartes sont renouvelées régulièrement depuis plus de dix ans. Mais avant cette époque contemporaine, que connaissons nous de l’organisation des territoires, des routes, des villes, au XIXe siècle ?

La réponse se trouve sur d’anciennes cartes, dispersées dans de grandes bibliothèques, numérisées – parfois – mais de manière disparate.

178 000 cartes répertoriées

L’Institut d’études géologiques des Etats-Unis a eu la très bonne idée d’en répertorier 178 000, couvrant tout le territoire américain depuis 1880. Avec un outil semblable à Google Maps, repéré par The Verge, il est possible de choisir la période recherchée, une adresse, et de télécharger en bonne qualité la carte correspondante.

claude chollet

Las Vegas en 1907 (US Geological Survey Historical Topography)

Il y a plus d’un siècle, Las Vegas (Nevada) n’était qu’un croisement de quelques routes. Aujourd’hui la ville s’étend très largement, presque jusqu’à la chaîne montagneuse des Spring.

claude chollet

Las Vegas aujourd’hui (US Geological Survey Historical Topography)

Au-delà des villes, le territoire même des Etats-Unis a été modifié par l’Homme et la nature depuis le XIXe siècle

claude chollet

 

La vallée Tooele en 1885 (US Geological Survey Historical Topography)

Tooele Valley (Utah) comptait en 1885 deux grandes îles dans le Grand Lac Salé, séparées des côtes. Aujourd’hui, Stansbury Island est reliée au rivage.

claude chollet

La vallée Tooele aujourd’hui (US Geological Survey Historical Topography)

Des régions ont aussi connu un essor tout particulier. C’est le cas dans la Silicon Valley, en Californie.

claude chollet

Hayward en 1947 (US Geological Survey Historical Topography)

En 1947, la petite ville d’Hayward comptait moins de 15 000 habitants. Aujourd’hui, ils sont 150 000. Une croissance due notamment à l’arrivée de l’Université d’État de Californie à East Bay en 1957.

claude chollet

Hayward aujourd’hui (US Geological Survey Historical Topography)

L’outil, qui ressemble à un livre de géographie interactif, est passionnant. Il ne reste plus qu’à espérer que cette initiative inspire l’IGN français pour améliorer et multiplier les cartes disponibles sur son géoportail.

( source )

Politico, le nouveau média des élites européennes

claude chollet
Par défaut

Politico, c’est le nouveau média qui, au printemps 2015, s’impose en Europe. Encore un produit d’importation américaine, comme Vice, qui vient sûrement combler le déficit d’imagination des organes de presse français et européens lesquels, campant sur leurs antiques positions, n’arrivent pas à trouver un modèle économique durable.

Né à Washington en 2007 sous la houlette de l’éditeur Robert Allbritton, des journalistes Jim VandeHei et John F. Harris, venus du Washington Post, Politico dans sa version d’outre-Atlantique, se présente comme une source d’information sur la Maison Blanche et le Congrès. Il revendique 7 millions de visiteurs uniques par mois et communique également via son édition papier, son magazine, ses événements et ses lettres professionnelles (Politico Pro) disponibles sur abonnement. La version papier est diffusée à environ 40 000 exemplaires, distribués gratuitement à Washington D.C et Manhattan. Politico peut éditer jusqu’à 5 éditions par semaine. Ses vidéos sont reprises sur d’autres supports comme CBS News.

Débarquement à Bruxelles

Fort de son succès aux États-Unis, le groupe a débarqué le 21 avril dernier en Europe, à Bruxelles plus précisément, dans une coentreprise avec Axel Springer. Créé en 1946 par le magnat éponyme, Axel Springer Verlag est aujourd’hui le principal groupe de presse magazine et internet d’Allemagne, possédant notamment l’emblématique Bild. En France, il a racheté aufeminin.com (groupe dans lequel on trouve marmiton.org) ou Seloger.com, par exemple.

En sus de cette déjà lourde artillerie, Politico a récupéré European Voice et tout son contenu (lequel remonte à 1995). Site anglophone spécialisé, comme son nom l’indique, en affaires bruxelloises, dites européennes, il avait été fondé par The Economist Group (groupe britannique publiant notamment The Economist, et possédé pour moitié par Financial Times, appartenant lui-même à Pearson PLC et pour l’autre à de gros actionnaires comme les familles Rothschild, Cadbury ou Agnelli) et revendu en 2013 à Selectcom, une holding possédant également Development institute international. Cet institut, français malgré son nom, et racheté lui aussi dans le même lot qu’European Voice, se présente comme le « leader des conférences professionnelles des décideurs européens (…) L’entreprise se positionne comme opérateur de contenus professionnels à forte valeur ajoutée avec ses activités éditoriales déployées via trois entités qui partagent une même expertise de pointe : Dii conférences, Dii formations, Dii publications. »

Au-delà du sabir corporate, il s’agit de comprendre que cet institut réunit des « cadres sup » et des grands patrons pour leur expliquer quoi penser sur toutes les questions de leur choix. « Dii » se vante de posséder « un réseau de plus 1 500 experts pionniers et référents sur leur secteur d’activité, une base de données unique de 105 000 entreprises référencées » ou encore de ce que « depuis plus de 20 ans, la totalité des entreprises du CAC 40 et du SBF 120 (lui) fait confiance pour former ou informer ses collaborateurs, clients ou partenaires. Ainsi, chaque année plus de 7 500 cadres de haut niveau participent régulièrement aux conférences, formations et événements de Dii. » Un vaste institut de lobbying à l’échelle européenne donc, qui mêle habilement business, « bonnes pratiques » et pensée conforme.

Atteindre les vingt décideurs-clés

Mis à la tête de Politico Europe, Matthew Kaminski, un transfuge du Wall Street Journal, veut copier pièce à pièce le modèle américain : une lettre matinale gratuite, des lettres thématiques payantes, le tout exclusivement en anglais. Selon Le Monde, il s’agit de « raconter des good stories » sur les coulisses de Bruxelles. « Bruxelles n’est pas une super-capitale où se concentrent les pouvoirs : ils restent dans les États membres. Mais c’est une vraie capitale en termes de régulation. Et il y a un besoin, chez les Américains, d’être tenus au courant de cette énorme production de normes. » Né en Pologne en 1971, Kaminski a vite émigré avec ses parents, au temps du Bloc de l’est, vers les États-Unis, où il a fait une partie de ses études, notamment à Yale, avant de les terminer à la Sorbonne. Correspondant pour des journaux américains dans les pays de l’est à l’époque du Pacte de Varsovie, il a aussi sévi à Bruxelles. C’est dire s’il connaît les arcanes de la politique américaine comme de la politique européenne : The right man in the right place.

« Nous ne sommes pas un média de masse. Ce qui compte, c’est d’atteindre les vingt décideurs-clés de Bruxelles », selon lui, et on lui fait confiance, devant les moyens pharaoniques déployés. La rédaction bruxelloise compte une quarantaine de journalistes, la plus grosse équipe qu’on ait jamais vu à Bruxelles de mémoire de technocrate. Des équipes d’un ou deux journalistes seraient aussi en cours de constitution dans les grandes capitales européennes, à Paris, Berlin ou Londres. Le budget de lancement est estimé, lui, à 10 millions d’euros.

Un pas de plus dans la vassalisation ?

Dans la capitale de l’Union européenne, parmi les hordes de politiques, d’élus, de « décideurs », de lobbyistes, on mouille à l’annonce de l’arrivée du mastodonte américano-germain. « Enfin, Washington s’intéresse à Bruxelles », entend-on dans les couloirs, où les fonctionnaires s’émoustillent du projet de Politico de diffuser les « gossip » de la grosse maison. Que le débarquement s’apparente à une vassalisation plus poussée encore devant la politique de l’administration Obama, particulièrement à l’heure de la négociation du Traité transatlantique, n’inquiète personne. Au moins on aura l’impression qu’il se passe quelque chose à Bruxelles, on saura que Jean-Claude Juncker n’est pas si méchant, puisqu’il souffre, le pauvre, de calculs rénaux… Que la soirée de lancement du site, le 23 avril, à laquelle se pressait le gratin des instances européennes, ait été financée par Google, au moment même où la Commission s’inquiétait de son « abus de position dominante », n’inquiète non plus personne. Tout va bien dans la dictature éclairée et hors-sol sise en la capitale belge.

Premiers doutes sur l’impartialité…

Du côté de la concurrence, principalement incarnée par le Financial Times, qui était devenu au fur et à mesure du temps la bible des hommes de Bruxelles, on fait grise mine. Le nouvel arrivant met le paquet, avec sa communication agressive, son armada de journaleux, ses archives recyclées d’European Voice, et son air décontracté de ricain curieux. La France, elle, avec ses quelques journalistes de troisième rang, est encore une fois déclassée. Politico.eu n’émettra évidemment qu’en anglais, la lingua franca du monde nouveau.

Les quelques doutes sur l’impartialité du pure player nés légitimement dans les esprits se sont vite transformés en certitude. Ainsi Paul Jorion relevait-il rapidement sur son blog que dès le 21 avril, soit le jour de lancement du site, Pierre Briançon – qui fut rédacteur en chef, même si nul ne s’en souvient, de Libé entre 1996 et 1998, et qui est aujourd’hui honorable correspondant du monstre Politico à Paris – pondait un article vengeur contre Tsipras et son parti « d’extrême-gauche », accusés d’avoir « dilapidé la bonne volonté de ses partenaires européens »… On trouve à l’avenant des articles sur le « gros problème » de Marine Le Pen face à une hypothétique sortie de l’euro. Ou encore, dans la lettre matinale, baptisée « playbook », comme le relevait Jean Quatremer, des saillies qualifiant par exemple le journal belge Le Soir de « world’s biggest socialist student newspaper », c’est-à-dire de « la plus grande gazette étudiante socialiste du monde ». Ceci sous la plume d’un certain Ryan Heath dont Quatremer révèle qu’il fut l’ancien porte-parole de la vice-présidente de la Commission européenne, Neelie Kroes – entre 2011 et 2014 – et qu’avant cela il fut le « speachwriter » de José Manuel Barroso. Il aurait aussi travaillé comme lobbyiste pour General Electric, la société américaine qui, étrangement, sponsorise sa rubrique…

On voit donc que dans Politico, derrière le côté journalisme d’investigation dans les coulisses de Bruxelles et diffusion de ragots qui feront le buzz, tous les ingrédients sont réunis pour en faire une vaste opération de politiquement correct, à destination des puissants, sous la houlette de ces deux grandes démocraties amies de la France que sont l’Allemagne et les États-Unis. Le peuple n’a qu’à bien se tenir. De toute façon, ce n’est pas pour lui, ça parle de choses sérieuses et c’est écrit en anglais.

Petits meurtres entre applis autour de la vidéo en streaming

Vue de New York en hélicoptère avec Meerkat et Periscope (Anthony Quintano/Flickr/CC)
Par défaut

Les batailles d’entreprises avec coups bas et concurrence déloyale se menaient autrefois entre compagnies pétrolières ou financières ; elles se déroulent aujourd’hui entre applications mobiles, avec le même enjeu, chiffrable en millions et même milliards de dollars.

En l’espace de quelques jours, deux applis particulièrement innovantes, Meerkat et Periscope, se sont menées une telle bataille, et la seconde, appartenant au réseau social Twitter, a gagné par KO.

Meerkat (capture)

Meerkat (capture)

Le terrain d’affrontement est particulièrement prometteur : le streaming vidéo, c’est-à-dire la possibilité pour tout un chacun de devenir sa propre chaîne de télévision en transmettant en direct à ses amis un événement politique, social, culturel ou privé. La possibilité existait déjà, mais ces applis l’ont rendue simple comme un clic.

Ces dernières semaines, Meerkat était l’appli dont tout l’univers du Web parlait, d’abord aux Etats-Unis, puis en Europe. Je l’ai testée la semaine dernière lors d’un colloque sur les « médias de demain », et j’ai été conquis par sa simplicité d’usage. Ma retransmission de la présentation d’un intervenant était retransmise sans effort aux abonnés de mon compte Twitter.

Pluie d’argent sur Meerkat

Aussitôt, l’argent se précipita sur la start-up Meerkat, sans même se demander comment cette appli pourrait générer des revenus, ou se poser des questions sur la viabilité de son modèle. Meerkat annonçait jeudi 26 mars avoir « levé » 14 millions de dollars de la part de capitaux-risqueurs, et même un investissement de l’acteur et musicien Jared Leto

L’appli Periscope de Twitter (capture)

L’appli Periscope de Twitter (capture)

Mais le jour même, la contre-attaque de Twitter débarquait sur l’App Store et autres kiosques d’applications (uniquement pour appareils Apple, sous iOS, mais des versions Android ne devraient guère tarder), avec Periscope, offrant à peu près le même service. Sauf que pour asseoir sa domination, Twitter, qui avait investi quelque 100 millions de dollars pour racheter Periscope quelques mois plus tôt, bloquait de fait l’accès de Meerkat sur son réseau social, tuant en pratique son concurrent !

En 24 heures, le nombre de téléchargements de Periscope rattrapait et dépassait celui de Meerkat. A en juger par le nombre d’occurences sur Twitter, Meerkat a entamé sa chute vertigineuse (voir graphique).

Téléchargements Periscope vs Meerkat (Topsy via Twitter)

Téléchargements Periscope vs Meerkat (Topsy via Twitter)

Twitter a tué son concurrent

Sans accès à un réseau social comme Twitter, Meerkat perd évidemment beaucoup de son intérêt car pour partager ses images, il faut un « lieu ». Avec sa force de frappe mondiale, Twitter a dès lors la possibilité de « tuer » le concurrent, en toute légalité.

L’intérêt de ces applis de streaming est évident, et certains commentateurs américains lui voient déjà jouer un rôle important dans la prochaine élection présidentielle aux Etats-Unis. Pour le Washington Post, cité par le blog Méta-Médias :

« Les candidats vont periscoper leur campagne. Les parlementaires vont periscoper leurs insta-déclarations en direct du Capitole. »

Le même phénomène pourrait se produire en France, évidemment. Les premiers tests hésitants ont même eu lieu dimanche soir, lors du deuxième tour des élections départementales.

Comme l’a relevé le site Slate.fr, Nicolas Sarkozy l’a expérimentée à ses dépens. Le staff du président de l’UMP, qui se voulait pionnier de cette nouvelle technologie, n’avait pas prévu que les commentaires qui apparaissent en direct sur le flux vidéo viendraient tuer l’effet escompté…

Le flux Periscope de Nicolas Sarkozy dimanche 29 mars 2015 (capture Slate.fr)

Le flux Periscope de Nicolas Sarkozy dimanche 29 mars 2015 (capture Slate.fr)

L’enjeu va au-delà de la politique : le marketing peut s’en emparer pour les lancements de produits, surtout pour les marques qui ont déjà une forte présence sur les réseaux sociaux.

Casse-tête des droits

On imagine aussi le casse-tête qui va se présenter pour les événements couverts par des droits d’auteur ou des exclusivités, matches sportifs, concerts, événements privés… Va-t-il falloir laisser son smartphone à l’entrée, ou équiper les lieux de spectacles et les stades de systèmes pour couper le réseau ?

Ce n’est que le début de l’expérimentation de ce nouveau champ de conquête des internautes. Pas question, pour les acteurs de ce marché, de rater leur entrée, même si c’est au prix du « meurtre » de leur concurrent…

source :  Rue89

La presse people française victime de son succès outre-Atlantique

La presse people française victime de son succès outre-Atlantique
Par défaut

Hollywood vient de découvrir les charmes du Code civil français. Alors que la presse people française se répand de l’autre côté de l’Atlantique en trouvant un public assidu, les stars américaines sautent sur l’occasion pour attaquer en justice à tour de bras.

Aux États-Unis, les règles juridiques autour de la presse sont beaucoup moins strictes que dans l’hexagone. Une aubaine pour des people tels que Jude Law, Bradley Cooper, Bruce Willis ou encore Scarlett Johansson. « Voici deux ans ou trois ans, cela représentait 1% des assignations. Aujourd’hui, nous en sommes à 10% », explique Me Christophe Bigot au Nouvel Obs.

Un phénomène qui ne s’arrête pas à la presse people. Les agences de presse photographiques sont également dans le viseur des stars holywoodiennes, en plus des vedettes françaises. « Par peur des procès, on ne photographie plus la moitié d’entre elles », explique un photographe.

Selon une rédactrice en chef d’un titre people, ces procédures affluant depuis les États-Unis ont une origine bien précise : « De plus en plus d’acteurs français travaillent là-bas comme Guillaume Canet, Marion Cotillard, Omar Sy… On nous a raconté qu’ils passaient le mot aux acteurs américains pour qu’ils attaquent en France. »

Selon d’autres sources, l’avocat Me Vincent Toledano, ancien journaliste à Libé, au Nouvel Obs et à Télérama, serait le principal exploitant de ce bon filon. Spécialiste des questions en rapport avec la vie privée et le droit à l’image, « il truste aujourd’hui l’essentiel des dossiers de contentieux liés à des stars étrangères », écrit le Nouvel Obs. De quoi faire de lui la bête noire de la presse people de l’hexagone.

Crédit photo : piaser via Flickr (cc)