[Dossier] Les réfugiés : une chance pour l’Allemagne ?

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Source : Ojim.fr – Selon la presse française mainstream, et de manière unanime, les « réfugiés » auraient boosté la croissance allemande en 2016. Pourtant, une étude officielle de l’Office fédéral allemand aux migrations et aux réfugiés démontre que les réfugiés représentent bien au contraire une charge nette non seulement lourde, mais qui plus est durable pour l’économie allemande.

Qu’il s’agisse du Monde, de RTL, des Échos ou de La Tribune, la presse française de gauche comme de droite est unanime et ne connaît ni nuance ni pluralisme des opinions sur ce sujet : l’arrivée des réfugiés a dopé la croissance allemande, qui a ainsi bénéficié d’un coup de pouce de 0,25% pour atteindre les 1,9%. C’est une information de source sûre, puisque provenant de l’Office Fédéral allemand de la Statistique (Statistisches Bundesamt / Destatis) – l’équivalent de notre INSEE. Hourrah ! La preuve est faite ! Quelle aubaine !

On ne peut qu’être étonné de la partialité, de la superficialité et de l’absence totale de compétence économique la plus élémentaire de journalistes censés travailler pour des ténors de la grande presse française, dont la qualité de travail ne dépasse pas celle de la pire presse à sensation ou des hoax répandus sur les médias sociaux. Ils n’ont visiblement soumis les informations communiquées par Destatis à aucune analyse et n’ont à aucun moment cherché à connaître les tenants et les aboutissants de ce résultat ô combien intéressant. Ils ont encore moins recherché des informations plus détaillées qui leur aurait permis d’affiner leur analyse et de fournir une information plus fondée. Ce qu’est pourtant censé exiger la déontologie de leur métier. Deux chiffres et quelques salades ont largement suffi à leur ragout idéologique.

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[Dossier] Élections à Berlin : l’analyse des médias allemands

[Dossier] Élections à Berlin : l’analyse des médias allemands
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Source : Ojim.fr – Les élections à Berlin ont été une fois de plus l’occasion pour la presse française de produire analyses superficielles et phrases toute faites semblant sortir mécaniquement d’un traitement de texte robotisé : nouveau revers de la CDU, percée du parti « d’extrême-droite » AfD, Berlin reste à gauche… Aucun journaliste français n’a examiné à la loupe ces résultats afin d’en tirer des analyses un tant soit peu pertinentes. Et de s’étonner de cette « percée nationaliste » dans cette capitale pourtant si « multiculturelle »…

Les gros titres sont globalement justes si on reste à la surface des choses :

  • les partis institutionnels (la CDU, mais aussi le SPD et les Verts) ont enregistré de lourds revers,
  • l’AfD, mais aussi le libéral FDP (parti libéral-démocrate) ont enregistré des progressions, très fortes dans le cas de l’AfD (de 0 à 14%),
  • l’extrême-gauche (Die Linke, d’une certaine manière comparable à notre Front de Gauche) se maintient ou enregistre une faible progression,
  • la gauche reste globalement au pouvoir, mais l’ancienne « grande coalition » SPD-CDU devra céder la place à une coalition SPD-Grüne-Die Linke, c’est-à-dire rose-vert-rouge. Une ancienne coalition improbable de perdants sera donc remplacée par une nouvelle coalition improbable de perdants,
  • l’abstention a par ailleurs été forte, contrairement aux dernières élections régionales à l’Est.

Une sociologie politique très particulière

Les médias allemands ont été plus loin dans l’analyse aussi bien historique que sociale et géographique.

Pour mieux comprendre la politique locale berlinoise, il convient de comprendre la sociologie très particulière de cette ville au passé récent tumultueux : Berlin a été, de 1949 à 1990, coupée en deux entre Berlin-Ouest (RFA) et Berlin-Est (RDA). La partie ouest de la ville, constituée comme une île démocratique capitaliste dans la mer du paradis collectiviste communiste, n’a jamais eu de sociologie normale : coupée de son arrière-pays et d’une économie rentable du fait des coûts de transport, elle a été sous perfusion financière pendant des décennies, peuplée d’une part de fonctionnaires et autres employés parapublics sous subsides de l’État, et d’autre part d’une faune d’étudiants, d’artistes et de marginaux en rupture de ban dont la présence a été longtemps marquée par un puissant mouvement de squatters (165 immeubles occupés dans les années 70). La ville, dont le futur chancelier SPD Willy Brandt a été le maire de 1957 à 1966 avant d’être propulsé chef du gouvernement allemand de 1969 à 1974, a été gouvernée sans interruption par la gauche jusqu’à aujourd’hui. Mais dans des conditions qui ont désormais fortement évolué : dans les années 60 et 70 le SPD recueillait régulièrement plus de la moitié des suffrages. Ça n’est plus du tout le cas actuellement.

Les élections berlinoises ne sont en rien comparables aux dernières élections qui ont eu lieu en Mecklembourg-Poméranie Occidentale ou en Saxe-Anhalt. Elles n’en sont pas moins très emblématiques de l’évolution politique allemande vers l’éclatement et l’ingouvernabilité – non pas « malgré » le radieux « Multikulti », mais à cause de l’éclatement provoqué par le « Multikulti ». La sociologie de Berlin a en effet rapidement évolué après la chute du mur (1990) : une classe moyenne de commerçants, d’artisans et de professions libérales a vu le jour, repoussant en partie les fonctionnaires et les marginaux. Par ailleurs, les « Ossis » ont pu se maintenir dans certains quartiers. D’autres quartiers ont été massivement investis par une immigration musulmane turque et arabe.

Un vote éclaté entre groupes socio-ethniques et religieux

Les différentes tribus qui peuplent désormais Berlin (Gentry, Wessis, Ossis, marginaux et musulmans) ne se sont nullement réparties de façon uniforme dans la ville. Comme partout ailleurs en Europe de l’Ouest, elles se sont regroupées par affinité dans les différents quartiers de la ville. Les résultats des élections sont extrêmement représentatifs de cet éclatement, qui empêche désormais tout consensus raisonnable.

On constate ainsi que la CDU n’existe politiquement qu’à l’Ouest, tout comme d’ailleurs le libéral FDP. À l’inverse, le parti d’extrême-gauche Die Linke n’existe pratiquement qu’à l’Est. Seul l’AfD enregistre d’excellents scores à l’Est, mais aussi de bons scores à l’ouest. Mais un examen plus minutieux des résultats quartier par quartier permet d’éviter toute conclusion trop hâtive d’un clivage Ouest/Est classique. C’est tout autre chose que l’on constate bien au contraire à la lumière de ce dernier :

  • les quartiers Est doivent être en effet soigneusement divisés entre les quartiers de la première couche en partant du centre, par exemple Friedrichshain-Kreuzberg ou Neukölln. Ces quartiers ont très nettement voté à gauche voire à l’extrême-gauche. Le premier compte 22% d’immigrés musulmans, le second 15% de Turcs et 10% d’Arabes. Les marginaux, alternatifs et autres représentants de la gauche culturelle y sont également fort nombreux.
  • Les quartiers Est de la seconde couche, tels que Marzahn-Hellersdorf, Treptow-Köpenick, Lichtenberg et Pankow, nettement plus excentrés, ont accordé entre 20 et 25% de leurs suffrages à l’AfD. Ils ne comptent que 4 à 5% d’immigrés musulmans en moyenne. Ce sont les quartiers typiquement « Ossis ».
  • Mais les quartiers ouest « gentrifiés », tels que Spandau, Reinickendorf et Neukölln, ont également accordé leurs suffrages à l’AfD et aussi au FDP – d’où de bons scores de l’AfD, mais moindres que dans les quartiers « Ossis »

Conclusion ? Contrairement à ce qu’on a pu lire çà et là, la percée de l’AfD ne s’est pas faite « en dépit du multiculturalisme berlinois ». C’est tout à fait autre chose que l’on observe : la politique à Berlin est en voie de tribalisation. Elle ressemble de plus en plus à ce que l’on observe dans ces faux pays arabes ou africains, dans lesquels une multitude de tribus qui ne forment pas de nation ethnique ni civique (chrétiens/musulmans et animistes ou bien nomades/sédentaires en Afrique, ou bien encore sunnites/shiites/minorités religieuses dans le monde arabe) ne votent pas pour des partis défendant des options de gouvernance, mais des intérêts ethnico-politico-religieux, ce qui contraint à des alliances improbables.

À Berlin, la gentry de l’ouest a fait basculer en partie son vote du CDU vers le FDP et l’AfD. À l’Est, les quartiers marginaux-immigrés ont fait basculer en partie le leur du SPD vers Die Linke, qui s’affirme de plus en plus comme un parti islamo-gauchiste. Et à l’Est encore, les quartiers « Ossis » ont eu tendance à délaisser le SPD pour l’AfD, qui s’affirme donc comme le parti des « petits blancs », démocrate et libéral, mais aussi eurosceptique et islamosceptique.

Berlin c’est déjà un peu politiquement (non militairement) Bagdad à cause de l’éclatement multiethnique, dans le cadre duquel s’affrontent des groupes que ne peut unir aucun consensus parce que leurs visions même de la société sont incompatibles. La fin de la domination absolue du SPD dans cette ville avait contraint ce dernier parti à former, lors des avant-dernières élections, une grande coalition avec la CDU. Désormais, c’est une autre coalition bancale que les sociaux-démocrates devront former avec les Verts et les islamo-gauchistes.

L’éclatement ethnico-religieux de Berlin rend la ville ingouvernable : la dernière grande coalition avait déjà été incapable de prendre à bras-le-corps les problèmes qui, selon les enquêtes récemment effectuées, continuent à préoccuper les Berlinois : le logement, les écoles et les crèches, l’emploi et la sécurité.

La prochaine coalition rose-vert-rouge semble ainsi vouée à l’échec. Les Berlinois ne sont d’ailleurs pas dupes : un très grand nombre d’entre eux a voté « avec les pieds »… en s’abstenant de se déplacer. Contrairement à ce qui s’est passé au Mecklembourg-Poméranie Occidentale en effet, l’abstention est restée élevée lors de ces élections dans la capitale allemande.

Sources :

Crédit photo : Taxiarchos228 via Wikimedia (cc)

[Dossier] Les médias allemands face à l’AfD

[Dossier] Les médias allemands face à l'AfD
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Source : Ojim.fr – Dossier : Les médias allemands face au succès du parti Alternative für Deutschland (AfD) aux élections régionales en Mecklembourg-Poméranie Occidentale.

L’État fédéral de Mecklembourg-Poméranie Occidentale est sans doute l’une des régions les plus méconnues de la République Fédérale d’Allemagne. Peuplée initialement par des tribus slaves elle a été progressivement germanisée dans le sillage du fameux Drang nach Osten (« Poussée vers l’est ») du XIème siècle jusqu’à la défaite des Chevaliers Teutoniques à Tannenberg (1410). Elle a également subi une forte influence scandinave : les Vikings suédois tout proches ont souvent ravagé ses côtes du VIIIème au XIème siècle; Gustave-Adolphe Vasa en a conquis une bonne partie pour le compte de la Suède pendant la Guerre de Trente ans (Traité de Westphalie, 1648) jusqu’à ce que le « Grand Électeur » de Brandebourg, Frédéric-Guillaume von Hohenzollern la leur reprenne en infligeant aux Suédois la mémorable défaite de Fehrbellin (1675). Mais cette région se distingue également par une côte sableuse aux contours tourmentés d’estuaires d’un romantisme à couper le souffle, des îles touristiques (Rügen, Usedom) et un arrière-pays bosselé (relief postglaciaire) pittoresque où alternent prairies, lacs et forêts d’une nature souvent intacte. Exception faite de quelques grandes villes anciennes, c’est une région largement rurale qui n’a pas été défigurée par la révolution industrielle, par ailleurs très ouverte sur l’est de l’Europe en l’absence d’obstacles topographiques dans cette direction jusqu’à l’Oural.

Cette belle endormie vient d’être le théâtre d’un événement historique : la spectaculaire percée du parti AfD avec 20% de suffrages lors des élections régionales.

Le parti Alternative für Deutschland (AfD) est un parti de droite conservateur, démocrate et libéral anti-islam. La presse et les médias français n’ont cessé, dans leurs commentaires, de parler de « percée de l’extrême-droite » lors des élections brandebourgeoises et poméraniennes. L’article en français dans Wikipédia est infiniment plus nuancé dans sa description :

« Considéré comme un parti « anti-establishment«  et classé plutôt du côté de la droite conservatrice, son appartenance à la tendance populiste est discutée — l’AfD rejette cette classification, tout en déclarant n’être « ni de gauche ni de droite ». Il adhère en juin 2014 au groupe des Conservateurs et réformistes européens, qu’il quitte en avril 2016 après la scission de l’Alliance pour le progrès et le renouveau l’année précédente. »

Aucun journal allemand ne désigne l’AfD comme un parti d’extrême-droite. Les termes utilisés sont généralement « rechtspopulistisch » et « konservativ », soit « populiste de droite » et « conservateur » – un terme qui ferait plutôt référence à une partie du néo-conservatisme américain, qui défend la démocratie et le libéralisme.

« Certains scientifiques voient dans son programme politique des tendances populistes de droite, mais ce parti est majoritairement considéré comme conservateur. (Die Zeit, 05/09/2016). Les autres médias main stream (Süddeutsche Zeitung, die Welt, Die Zeit) utilisent ce même qualificatif dans leurs articles, idem pour les médias audiovisuels. Le qualificatif d’extrême-droite devrait nécessairement désigner une tendance politique visant à instaurer un État fort et autoritaire, centralisé, avec abolition de la démocratie, du pluralisme politique et de la liberté d’expression.

Alternative für Deutschland (AfD) défend farouchement la Grundgesetz, la loi fondamentale démocratique allemande, nettement plus démocratique que les institutions de la Vème République française. Le parti souhaite même la compléter en y introduisant des éléments de démocratie directe afin de prévenir toute confiscation du pouvoir à l’avenir.

La même chose vaut d’ailleurs du FPÖ autrichien, de l’UDC suisse, du PVV néerlandais, du SD suédois, tous partis démocrates souverainistes, libéraux, favorables au contrôle migratoire, hostiles à l’islam et pro-israéliens que les médias français évoquent tous en permanence comme étant « d’extrême-droite ».

Les grands traits « conservateurs » et « populistes » du programme d’Alternative für Deutschland (AfD)

Le néo-conservatisme de l’AfD

Le programme économique de l’AfD présente des traits largement inspirés du libéralisme :
– moindre progressivité de l’impôt (point 11.1),
– limitation des dépenses publiques et de la fiscalité (point 11.2),
– abolition de tous les impôts sur les sociétés, la fortune et la succession (point 11.3),
– restauration du secret bancaire (point 11.7).

« Ceci convient au programme économique de l’AfD, qui s’inspire de principes néolibéraux et affiche un fort scepticisme par rapport aux interventions de l’État dans l’économie, veut soulager les entreprises, accorder davantage de responsabilité aux citoyens. Süddeutsche Zeitung, 05/09/2016. Le Süddeutsche Zeitung est de tendance sociale-démocrate.

À noter que l’AfD souhaite mettre un terme à une politique de libre-échange indifférencié pour lui substituer un libre-échange différencié en fonction des situations et des conditions structurelles. Le parti s’est par exemple déclaré hostile au TTIP/Tafta.

Le « populisme » d’AfD

Le « populisme » de l’AfD peut se décliner en deux volets : l’euroscepticisme et la volonté d’instaurer une politique d’immigration restrictive, notamment de l’immigration musulmane.

Le programme de l’AfD prévoit :

  • Le renoncement à l’euro ; l’AfD considère en effet que cette monnaie ne saurait fonctionner en l’absence d’homogénéité des structures économiques et des traditions de politique économique des différents pays européens ; l’AfD croit à la résilience à long terme de ces phénomènes et ne croit pas à la possibilité d’une convergence; l’AfD prône le retour au DM et aux autres devises nationales ;
  • L’AfD souhaite la totale restauration de la souveraineté législative des parlements nationaux européens, c’est-à-dire la substitution du centralisme par un fédéralisme intégral au sein de l’UE (le terme de « fédéralisme » étant pris ici au sens propre et non au sens de « centralisme » qu’il a souvent en France quand on parle d’Europe). Mais cette demande est bel et bien une demande de restauration de la démocratie confisquée par Bruxelles.

« L’AfD prône la dissolution de la zone Euro et le retour aux monnaies nationales comme le DM. » Die Welt 05/09/2016

L’AfD est en outre hostile aux déconstructions sociétales, comme le mariage pour tous.

« Les points forts du programme de ce parti sont : l’exigence d’une sortie de l’Euro, le plaidoyer en faveur de la famille traditionnelle et de l’énergie nucléaire, l’exigence de davantage de démocratie directe. Die Zeit, 05/09/2016

Ce premier sujet sensible dans une Europe de l’ouest où les « avancées (= déconstructions) sociétales » sont censées ne pouvoir être remises en cause, même démocratiquement (totalitarisme). Mais le véritable torchon rouge est la volonté de mettre en place une politique de limitation de l’immigration, et surtout l’hostilité à l’islam.

L’AfD pense en effet que la politique d’immigration allemande – ou plutôt son absence – est devenue folle. Elle exige le renoncement à la pensée magique et religieuse, et l’adoption d’une politique restrictive et surtout rationnelle dans ce domaine.

La question de l’immigration n’a en effet jamais été une question morale, religieuse ou raciale. Toute immigration a des conséquences économiques et sociales qui peuvent, selon les conditions dans lesquelles elle survient, être positives ou négatives, comme le démontrent les études réalisées par l’État allemand lui-même. L’AfD a toujours rejeté l’idéologie « antiraciste » comme étant une imposture et propose la mise en place d’une politique rationnelle de l’immigration et d’asile.

« C’est parce que nous tenons à l’État de droit que nous estimons que la politique d’immigration doit être réglementée par la loi selon des critères clairs, s’inspirant par exemple de ceux qui existent en Australie ou au Canada. Ce qui est décisif, ce sont les connaissances linguistiques, la formation, les connaissances professionnelles et les exigences du marché allemand du travail. L’AfD rejette totalement toute immigration à la seule charge du système social allemand – y compris en provenance des pays de l’Union Européenne. » (Portail AfD).

Cette politique ne consiste donc pas à fermer les frontières, mais à les réguler. La dernière phrase de ce programme implique en outre clairement que l’AfD veut mettre fin aux accords de Schengen : la restauration de l’État de droit signifie celle des frontières…

Ce discours touche des pans entiers de la société allemande :

« (Leif-Erik) Holm (candidat de l’AfD à la présidence en Mecklembourg-Poméranie Occidentale, NDLR) l’a dit et répété : « Nous ne laisserons pas plus longtemps les anciens partis conduire notre pays à la catastrophe » et encore « La police fédérale doit contrôler nos frontières » ». Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), 05/09/2016

On se rappellera ici opportunément de l’extraordinaire succès de l’essai « Deutschland schafft sich ab (L’Allemagne se détruit) » de Thilo Sarrazin, vendu à des millions d’exemplaires…

Et Frauke Petry – porte-parole de l’AfD depuis le 4 juillet 2015 – martelant : « Plus de 90% des demandeurs d’asile viennent alourdir la charge de l’État-Providence .

Fortes restrictions imposées à l’islam

« Un élément central (de la politique de l’AfD, NDLR) est constitué par le rejet général de l’islam. Cette religion doit être refoulée en Allemagne. Die Zeit, 05/09/2016

« L’AfD mène un combat culturel – pas une guerre des classes » Süddeutsche Zeitung (SZ), 05/09/2016

L’islam est considéré comme une religion anti-démocratique, totalitaire, suprématiste, raciste et antisémite, phallocrate et ségrégationniste. Le fait que des individus nés musulmans ne suivent pas à la lettre ses préceptes ne change rien à son contenu.

L’AfD marche sur des œufs dans ce domaine, tant l’interdiction de la critique de cette religion a progressé en détruisant des pans entiers de la liberté d’expression et partant de la démocratie. Le programme de l’AfD énonce que l’islam ne fait pas partie de l’Allemagne. Il affirme même que ce dernier est verfassungswidrig (contraire à la constitution), ce qui ouvre théoriquement la porte à son interdiction. Mais comme l’AfD veut cependant maintenir la liberté de culte, ce parti se propose seulement d’interdire entre autres les minarets, l’appel du muezzin et le voile intégral, veut accepter tous les musulmans qui reconnaissent la constitution et renoncent à tout ce qui, dans l’islam, y est contraire. Le parti ne veut donc pas interdire l’islam, mais se contenter de dissoudre les associations rejetant la constitution et la construction et la gestion de mosquées intégristes, tout comme les financements étrangers par des pays ou des individus islamistes. Les imams doivent être formés en Allemagne et en allemand.

Leif-Erik Holm : « Les citoyens ne veulent pas que notre pays et toute l’Europe deviennent petit à petit un califat » Die Welt, 05/09/2016

Cette attitude vis-à-vis de l’islam constitue le motif de critique le plus violent d’un establishment qui a renoncé à la démocratie et à la liberté d’expression dans ce domaine en condamnant, voire en poursuivant judiciairement toute critique du totalitarisme islamique.

C’est surtout l’extrême-gauche qui enfonce le clou :

« Toute comparaison directe du NSDAP et de l’AfD serait certes impropre et anachronique. Il y a cependant des parallèles étonnants : ce ne sont plus « les juifs », mais « l’islam » qui est devenu l’ennemi fantasmé des populistes de droite. 75% des partisans de l’AfD voient dans l’islam un danger pour l’Allemagne, selon une analyse de (l’institut de sondage) infratest-dimap sur le résultat des élections. 86% ont répondu oui à l’affirmation « le nombre des migrants me fait peur . Pas moins de 100% sont d’avis que le nombre des migrants doit être limité. Le sujet des migrants a constitué pour 54% le motif de vote en faveur de l’AfD, suivi de la justice sociale avec 48% (notons que ces électeurs considèrent que ce sont des mesures libérales, et non l’intervention tous azimuts de l’État, qui sont le meilleur garant de cette dernière, NDLR). » Tageszeitung (TAZ) 05/09/2016

L’électorat de l’AfD : clivages sociaux

Certains journaux allemands ont donné de l’électorat de l’AfD une image plutôt dévalorisante : « Masculin, diplôme de fin d’études secondaires, au chômage » Die Welt 05/09/2016. « 28% des électeurs de l’AfD ont un faible niveau de formation ». TAZ 05/09/2016.

Mais une étude de l’Institut der deutschen Wirtschaft (Institut de l’économie allemande) vient quelque peu tempérer ces affirmations péremptoires : selon elle, un tiers des sympathisants de l’AfD ferait partie des revenus de la tranche supérieure. Seul le très libéral FDP peut s’enorgueillir de scores comparables. (Süddeutsche Zeitung (SZ) 05/09/2016). Or le FDP est le seul parti à afficher une progression aux élections régionales de Mecklembourg-Poméranie Occidentale à part l’AfD. Ces deux partis séduisent clairement un électorat de petits entrepreneurs, de patrons de PME, d’artisans et de professions libérales, qui n’ont jamais demandé une immigration de peuplement, contraire aux très grandes entreprises qui le font pour des raisons de collusion avec le monde politique – un phénomène que nous avons déjà précédemment évoqué.

Un sondage des électeurs de l’AfD commandé par le Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) le 05/09/2016 a montré que ce parti obtenait les meilleurs résultats chez les groupes suivants :

  • hommes (26%, contre 17% de femmes) âgés de 30 à 44 ans,
  • issus de la société civile et de l’économie privée (indépendants, artisans, commerçants, petits entrepreneurs mais aussi travailleurs du privé en général),
  • ayant une formation faible à moyenne,
  • issus des périphéries urbaines plutôt que citadins, voire ruraux. C’est ainsi que les circonscriptions de Vorpommern-Greifswald II, III et V – rurales et à la frontière polonaise – sont majoritairement tombées aux mains de l’AfD. C’est de là que provient une bonne partie des députés AfD. Sur la paradisiaque île touristique d’Usedom, 9 communes sur 16 ont voté à plus de 40% pour l’AfD ou le NPD (extrême-droite).

Les femmes, les fonctionnaires, les plus jeunes et les plus vieux sont donc moins enthousiastes, mais l’AfD dépasse les 10% dans tous les groupes et n’est donc rejetée nulle part.

Il est le premier parti des travailleurs, sans toutefois rebuter complètement les fonctionnaires, les diplômés d’études supérieures ni les retraités. Les chômeurs votent également pour lui, sans pour autant rejeter le libéralisme : ce sont les obstacles systémiques à l’emploi qui doivent être éliminés, tout doit être fait pour que les bénéficiaires du Hartz IV (sorte de « RSA » à l’Allemagne) retournent à l’emploi coûte que coûte.

À noter que plus de 15% des électeurs de l’AfD sont des transfuges de l’extrême-gauche, de l’alter-mondialisme et de l’antifascisme, séduits par la volonté de l’AfD de mettre fin à un libre-échange indifférencié pour lui substituer un libre-échange différencié en fonction des situations et des conditions structurelles. Ce sont en fait les classes moyennes qui fournissent les gros bataillons des électeurs de l’AfD, sans toutefois qu’aucun autre groupe ne soit totalement rebuté par ce parti.

L’électorat de l’AfD : clivages géographiques

Le principal clivage politique structurel observable est géographique : l’AfD engrange deux fois plus de voix (autour de 20% en moyenne) dans les régions de l’est issues de l’ex-RDA qu’à l’ouest (autour de 10% en moyenne). Mais elle n’est pas sans séduire les régions du sud (Bade-Wurtemberg, Bavière, autour de 15% aux dernières élections).

Les états fédérés de l’est issus de l’ex-RDA rejettent le politiquement correct et le gauchisme idéologique, qui leur rappellent de mauvais souvenirs pires que ceux de l’époque nazie. Le sud alémanique et bavarois a une forte identité historique extrêmement ancienne. Les états fédérés de l’ouest sont des régions artificiellement créés après la guerre, sans identité forte, ravagées dès le XIXème siècle par la révolution industrielle, et comprenant de fortes communautés turques ou afro-musulmanes courtisées électoralement.

Le consensus politique allemand déstabilisé

La percée de l’AfD déstabilise le système politique allemand, car il ne rentre pas dans le consensus qui s’est installé après-guerre. Cette déstabilisation est durable : l’analyse des résultats au Mecklembourg-Poméranie Occidentale montre en effet deux phénomènes structurels essentiels :

  • la spectaculaire progression de l’AfD s’est faite au détriment de tous les autres partis,
  • l’AfD est parvenue à mobiliser de nombreux abstentionnistes ce qui a permis à ce parti de parler de « grand jour pour la démocratie » suite aux dernières élections : plus de la moitié des électeurs ont voté AfD par conviction, mais tout de même 42% par rejet des partis traditionnels.

« L’AfD a empiété sur les plates-bandes de tous les partis. C’est ce que montrent les données collectées par le groupe de recherche sur les élections mandaté par la ZDF (2nde chaîne publique allemande). 17% des électeurs avaient coché SPD il y a cinq ans, 16% NPD (extrême-droite), 15% CDU (chrétiens-démocrates), 3% Verts et FDP. Süddeutsche Zeitung (SZ), 05/09/2016.

L’AfD est parvenu à se mettre en phase avec le mécontentement grandissant au sein de la société allemande, et ce dans un pays économiquement dynamique, avec un taux de chômage modéré, un excédent commercial appréciable et un endettement public et social acceptable… c’est bel et bien le Kulturkampf (la « guerre des civilisations ») qui est au cœur de la crise en Allemagne.

Leif-Erik Holm a qualifié Angela Merkel de « chancelière-dictateur », et la RFA d’« autocratie dominée par des tyrans ». Des mots qui touchent les laissés-pour-compte et les dégoûtés de la politique…

« Il y a sûrement beaucoup de vacanciers à Usedom pendant l’été, mais les étrangers (extra-européens) ou les demandeurs d’asile sont rarissimes dans tout le Mecklembourg-Poméranie Occidentale. Pourquoi donc la question des réfugiés domine-t-elle à un tel point le débat là où ils sont absents ? […] La xénophobie fonctionne en effet sans étrangers, déclarent des experts tels que le professeur de politique de Mainz Jürgen Falter : « Ces électeurs n’ont pas besoin de confrontation pour fantasmer un ennemi imaginaire. Il leur suffit de croire que celle-ci pourrait se produire ». » TAZ, 05/09/2016

Comme dans les pays d’Europe centrale, les länder de l’est ne veulent en aucun cas subir les horreurs qu’ils constatent à l’ouest. Ils les préviennent donc en freinant des quatre fers. C’est un phénomène de séparation des populations non-miscibles et de constitution de réserves. À l’ouest, le clientélisme oblige les politiques à faire le grand écart en ménageant les électeurs musulmans. Mais les communautés se séparent sur le terrain et rêvent chacune de deux pays diamétralement opposés.

Tout se passe par ailleurs comme si, et ce à l’instar des tendances constatables dans les pays d’Europe centrale, les Allemands de l’est regardaient de plus en plus l’ancienne puissance coloniale russe avec les yeux de Chimène : « De nombreux partisans de l’AfD et le Front de gauche (allemand) font davantage confiance à Poutine qu’à Merkel » (Die Zeit, 05/09/2016) ; « La confiance en Poutine est supérieure de presque un tiers (30%) parmi les soutiens de l’AfD à la moyenne nationale. C’est également le cas chez les électeurs de gauche (radicale) (31%). C’est ce qui ressort d’une enquête menée par l’institut de sondage Forsa commandé par le Zeit. » Die Zeit, 05/09/2016.

La montée de la crise politique en Allemagne

Les partis de l’establishment ont réagi par des mesures d’urgence à la crise à l’est. Il existe ainsi depuis 2015 des grandes coalitions (rouge-noir, soit SPD-CDU) dans cinq états fédérés dont 4 dans l’ex-RDA : Berlin, Mecklembourg-Poméranie Occidentale, Saxe-Anhalt, Saxe et Sarre (Ouest). Ce type de coalition apparaît dans un pays en crise, mais épris de consensus. Il consiste néanmoins à abolir le système partisan dans les faits et l’histoire montre qu’elles ne sont jamais que des situations transitoires. Ce fut par exemple le cas de la célèbre Grande Coalition du chancelier Kurt-Georg Kiesinger (1966 – 1969), qui ne fit guère que marquer la transition en douceur d’une domination de la démocratie chrétienne (1949 – 1966) vers celle de la social-démocratie (1969 – 1981) dans le cadre des bouleversements qui ont abouti à la crise de 1968-69, en attendant le retour de bâton néo-conservateur de 1981.

L’avenir reste incertain. L’AfD pourrait triompher à l’est mais pas ou nettement moins à l’ouest, la question du sud restant un dilemme. Une alliance de la Bavière et du Bade-Wurtemberg avec les états fédérés de l’est pourrait entraîner un blocage politique au niveau de l’assemblée haute, le Bundesrat (Conseil fédéral), constitué des représentants des 16 régions. Un désaccord irréconciliable entre les partis de l’establishment et l’AfD entraînerait une crise politique majeure en Allemagne dans l’impossibilité de réaliser le sacro-saint consensus, sachant que nul ne peut prédire l’évolution d’un CDU menacé d’implosion interne, sans compter que nombre de membres de la CSU bavaroise ne sont pas hostiles à l’AfD.

Sources

Polémiques sur le burkini : les réactions en Allemagne

Polémiques sur le burkini : les réactions en Allemagne
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Source : Ojim.fr – Le burkini a fait les gros titres de la presse de cet été. En France bien sûr, mais aussi à l’étranger. On a ainsi pu lire à plusieurs reprises dans certains quotidiens français, notamment dans Libération et dans Le Monde, que la presse étrangère ne « comprenait pas le débat français » ou bien qu’elle était « choquée par les arrêtés anti-burkini ». Sans nuance aucune.

On ne peut ici qu’une fois de plus constater la forte tendance des journalistes français à ne pas enquêter, à ne pas examiner tous les aspects contradictoires d’un sujet, à ne pas informer exhaustivement avant de formuler une synthèse. La presse française n’informe pas, elle prescrit. La majorité de la presse française n’est pas la presse d’un pays démocratique.

Il va sans dire que les journaux anglo-saxons, par exemple, reflètent surtout l’attachement fondamental à la liberté de culte et d’expression, l’une et l’autre fortement restreintes en France… Le monde anglo-saxon ne connaît rien à la culture de la laïcité. Il eût été judicieux d’analyser les causes de ces attitudes, certes piégées dans le fameux « paradoxe de la tolérance » de Karl Popper, mais très différentes des postures françaises. Les journaux espagnols cités sont quant à eux des journaux de gauche, de plus en plus gagnés par un certain islamo-gauchisme. Leur position est donc comparable sur le fond à celle de Libération et du Monde. On aurait trouvé également des sons de cloches très différents au Québec.

Il ressort de ce préambule qu’il est parfaitement faux de dire que la presse étrangère ne comprenait pas – globalement – le débat français sur le burkini. La réalité est que le burkini a suscité des débats dans toute l’Europe, débats dont la teneur a pu se rapprocher, mais aussi se différencier fortement des débats français. Le moins qu’on puisse dire, c’est que les opinions sont aussi partagées qu’en France.

Examinons le cas de l’Allemagne, comme en France, le burkini a fait une apparition massive dans les piscines, au bord des lacs et même des plages des mers du Bord et Baltique, illustrant clairement le caractère global de cette offensive islamiste culturelle :

  • comme en France, les attitudes des autorités locales ont été fortement contrastées : certaines ont laissé faire, mais d’autres ont promulgué à leur tour des arrêtés anti-burkini,
  • comme en France enfin, les débats ont été vifs dans la presse et les médias sociaux.

Plusieurs arrêtés anti-burkini dans les piscines allemandes, surtout en Bavière et à l’Est

La réalité est que de nombreuses piscines allemandes ont promulgué, sous leur propre responsabilité ou à travers les décisions de responsables politiques locaux, des arrêtés anti-burkini de teneur similaire à ce qu’on a pu voir en France. Mais ce qui est frappant à ce niveau, c’est le fort contraste qui existe entre les différentes régions.

La Bavière s’est par exemple largement prononcée en faveur de la prohibition du burkini dans les piscines publiques. L’interdiction prononcée à Neutraubling, dans le Haut-Palatinat (nord de la Bavière), a ainsi mis cette paisible petite ville près de Ratisbonne sur le devant de la scène à l’instar de Cannes en France. Elle a fait tache d’huile. Les régions du sud (Bade-Wurtemberg, Palatinat…) se sont généralement alignées sur l’exemple bavarois. L’idyllique cité de Constance au bord du lac du même nom a également fait parler d’elle du fait des procédures judiciaires intentées par les organisations pro-djihad culturel.

L’Est de l’Allemagne ne veut lui non plus rien entendre du burkini. Cette partie de l’Allemagne a cela de particulier qu’elle possède en effet une forte culture du naturisme (FKK = Freikörperkultur). Née dès les années 20, cette pratique n’a cessé de se renforcer sous un national-socialisme soucieux de promouvoir la culture du corps, et plus tard sous la dictature communiste. Elle est ainsi rentrée intacte de plein pied dans la nouvelle Allemagne réunifiée, alors qu’elle avait fortement décliné à l’ouest après la guerre. C’est ainsi que de nombreuses piscines du Brandebourg, du Mecklembourg-Poméranie et de Saxe, de Saxe-Anhalt ou de Thuringe ont à leur tour banni le burkini. Alors que le nudisme est autorisé en de nombreux endroits. Il est vrai par ailleurs qu’à part Berlin, le taux d’immigrés dans la population est ici moindre qu’à l’ouest – et on se souvient aussi que la population est fortement hostile à l’immigration afro-musulmane, et que PEGIDA et l’AfD font un tabac dans cette partie de l’Allemagne. Or justement, des incidents ont été signalés aux thermes de Berlin. Des femmes voilées, choquées par la résistance au djihad culturel rencontrée à Bad Saarow (Brandenburg), ont eu une belle occasion de se poser en victimes en déclarant, le 22 août 2016 au Hannoversche Allgemeine Zeitung , qu’elles « se sentaient discriminées ». Des plaintes classiques pour « racisme », « injures » etc. ont été déposées.

La situation est bien différente, par exemple, en Rhénanie du Nord-Westphalie. À Oberhausen par exemple, le directeur général de l’office des piscines municipales OGM, Hartmut Schmidt, a déclaré au Westdeutsche Allgemeine Zeitung s’être « décidé en faveur de la tolérance ». Dortmund a préféré par contre bannir le burkini de ses piscines municipales.

Conclusion : on ne peut qu’être frappé à nouveau par les clivages régionaux que suscite la question de l’islam en général en Allemagne – le burkini n’étant qu’un aspect parmi bien d’autres. Les régions issues de l’ex-RDA y sont farouchement hostiles, à l’instar des pays d’Europe Centrale, et rejettent bien plus fortement le politiquement correct qui s’est imposé à l’ouest. Mais également les régions du sud, à forte identité bavaroise et aussi alémanique, ont plutôt mal accueilli le burkini. Le rejet alémanique a d’ailleurs fort logiquement trouvé un écho dans la Suisse alémanique toute proche : signalons le cas de Bâle, excédée par les débordements des musulmans venus de l’Alsace toute proche. Les régions de l’ouest en revanche, sans forte identité depuis l’exode rural massif de l’époque industrielle et à fort taux d’immigration – et partant d’électeurs musulmans, notamment germano-turcs – ont adopté des attitudes plus contrastées et partant souvent plus « tolérantes ».

Un débat tout aussi faussé qu’en France, mais dans des termes très différents du débat français : pas de laïcité ni de « valeurs de la République »… c’est l’hygiène qui justifie les prohibitions… mais le public n’est pas dupe.

L’Allemagne est un pays démocratique. Il n’existe aucune base légale pour interdire ou prescrire légalement un vêtement quelconque aux citoyens. Il a donc fallu trouver autre chose pour justifier les interdits. L’Allemagne n’est par ailleurs pas un pays laïc. Elle reconnaît certains cultes, au nom desquels d’ailleurs l’État prélève une dime qu’il reverse aux différents cultes reconnus. Il n’y a d’ailleurs pratiquement pas de mot allemand pour dire « laïcité » et l’équivalent du mot français n’est jamais utilisé et pratiquement incompris. Il est vrai que la laïcité à la française cache en réalité la déification d’un État théocratique. Rien de tel en Allemagne, pas plus que de « valeurs de la République » censées supplanter la volonté populaire, et donc la démocratie.

Mais l’Allemagne est très à cheval sur la propreté. C’est ainsi que les longs shorts, fort en vogue outre-Atlantique, ont été prohibés dans ce pays pour des raisons d’hygiène. C’est donc cette interdiction qui a servi de jurisprudence pour les arrêtés anti-burkini.

C’est ce que reflètent aussi les articles publiés dans la presse nationale et régionale. Partout, les vraies questions ont été soigneusement évitées. Nul n’ignore que l’argument « de l’hygiène » n’est qu’un paravent visant à soigneusement éviter les questions de fond. En Allemagne comme en France, le politiquement correct a tué la réalité de la liberté d’expression dans de nombreux domaines.

Comme en France, on a vu des « intellectuels » turcs, comme le chercheur spécialiste des questions des migrations Özkan Ezli, déclarer sans rire au quotidien Die Welt  le 22 juillet dernier que le burkini, ce symbole d’apartheid caractéristique d’un islam génétiquement porteur d’une idéologie du pur et de l’impur séparant musulmans et infidèles au même titre que le voile ou le halal, était « un vêtement ambivalent positif » qui permettait aux femmes musulmanes de « s’intégrer socialement ». L’intégration par la séparation, voilà un beau concept à ajouter à la longue liste des termes techniques orwelliens.

Partout donc, le monde politique et médiatique a soigneusement occulté le problème latent de la cohabitation, dans un même pays, de populations aux valeurs radicalement opposées.

Pourtant, ce qui est occulté par les autorités soucieuses d’éviter tout débat sur la paix civile, le caractère idéologique irréaliste de la non-politique migratoire et les mensonges éhontés de l’idéologie d’État depuis des décennies, ne trompe plus guère l’opinion publique. Il est en effet intéressant de lire les multiples commentaires des lecteurs, qui montrent les passions, les inquiétudes et les prises de conscience de l’ampleur des problèmes qu’a déclenché l’offensive du burkini. Les Allemands de base sont de plus en plus conscients que la question du burkini n’a rien à voir avec l’hygiène, mais avec les valeurs fondamentales de l’égalité hommes-femmes (que nie le burkini), de l’unité de la société (que nie le burkini) et au-delà de la compatibilité de l’islam et de son idéologie du pur et de l’impur séparant musulmans et infidèles avec les valeurs multiséculaires d’une Allemagne de culture chrétienne, et donc majoritairement « infidèle ».

Dans tous les cas, cette séparation abyssale entre les élites et le peuple est parfaitement illustrée par ce sondage réalisé par l’Hildesheimer Allgemeine Zeitung le 18 août dernier :

Question : que pensez-vous de l’interdiction du burkini dans les piscines ?
Réponses :           1 019

Je suis pour :      62,5%
Je suis contre :  32,5%
Ça m’est égal :     5,0%

Quant au maire de Neutraubling, Heinz Kiechle, il a déclaré au quotidien Die Welt, le 11 juin, avoir été inondé de messages de soutien de sa décision d’interdiction, à des années-lumière des débats du monde politique et médiatique.

Sources

[Dossier] Cologne : chronique d’un mensonge rattrapé par le réel

[Dossier] Cologne : chronique d'un mensonge rattrapé par le réel
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[Première diffusion le 8 janvier 2016] Rediffusions estivales 2016

Source : Ojim.fr – Cologne est aujourd’hui au cœur d’un scandale inédit. Le soir du réveillon de la Saint-Sylvestre des milliers d’individus « d’origines arabes ou nord-africaine », ainsi qualifiés par les autorités, ont en effet agressé sexuellement des jeunes Allemandes de souche.

Des événements accablants qui constituent une fausse note sans appel dans la propagande pro-migrants de l’Union Européenne et montrent que « le vivre-ensemble » est décidément une chimère. Des événements qui auront mis les autorités et les médias dans une situation embarrassante, entre volonté d’étouffer l’affaire et incompréhension. Retour sur une manipulation rattrapée par le réel.

Les faits

Pour commencer, revenons sur les faits qui se sont déroulés à Cologne – mais aussi, dans une moindre mesure, dans d’autres villes européennes (Zürich, Hambourg, Stuttgart…). Le 31 décembre, soir du réveillon du Nouvel an, entre 1000 et 2000 hommes de type maghrébin, selon les rapports de la police et les victimes, se sont rassemblés en petits groupes de 20 à 40 personnes pour ratisser la ville à la recherche de femmes.

« Nous avons traversé ce groupe d’hommes. [Ils] ont ouvert une voie, que nous avons traversé. Soudain, je sentis une main sur mes fesses, puis sur mes seins, à la fin, j’étais pelotée de partout. Ce fut un cauchemar. Nous avons crié et nous les avons frappés, mais ils continuaient. Je suis désespérée, je pense que j’ai été touchée une centaine de fois en l’espace de 200 mètres », raconte une victime. « Plein d’hommes ont soudainement commencé à nous encercler. Ils se rapprochaient de plus en plus. Quand ils étaient près de nous, ils nous ont touchées. J’ai senti des mains un peu partout: aux seins, aux fesses et entre les jambes. Ils étaient très violents. Nous avions mal », raconte une autre, précisant qu’« ils avaient tous le teint un peu foncé. Ils ne parlaient pas bien l’allemand ».

Des dizaines d’Allemandes ont ainsi été agressées, touchées, dénudées et même parfois franchement violées par ces hordes survoltées, très probablement composées de ceux qu’il fallait, jusqu’à présent, présenter comme des « réfugiés » dans le besoin et dont 10 000 sont récemment arrivés dans la ville. En effet, d’après les dernières informations publiées par le journal Welt am Sonntag, la police de Cologne, bien que largement dépassée ce soir-là, dispose de nombreuses informations sur le profil des agresseurs. Les plaintes, tout d’abord, ont aujourd’hui dépassé la barre des 120 et permettent d’y voir plus clair au travers de témoignages tous plus sordides les uns que les autres.

Aussi, le soir des faits, une centaine d’interpellations ont eu lieu dans les rues de la principale ville de Rhénanie-du-Nord, certaines se terminant en garde à vue. « Seule une petite minorité de ces personnes étaient des Nord-Africains, la plus grosse partie était des Syriens », affirme le journal. Une information qui va à contre-courant du discours officiel servi par les autorités allemandes, lequel consiste à marteler que, malgré l’abondance des témoignages, « rien ne permet de dire qu’il s’agissait de réfugiés ».

Pire : d’après les informations du quotidien allemand, ce ne sont pas 1 000 personnes qui ont participé à ces agressions sexuelles mais « plus de 2 000 personnes, presque toutes d’origine arabe, réparties dans un rayon de deux kilomètres autour de la gare centrale ». Des faits confirmés par un rapport de la police de Cologne daté du 2 janvier, que Welt am Sonntag a pu se procurer. Tout récemment, un porte-parole du ministère fédéral de l’Intérieur a affirmé lors d’une conférence de presse que sur 31 personnes suspectées d’être impliquées dans les violences survenues, 18 avaient fait une demande d’asile en Allemagne

Avant d’en arriver à ces comptes-rendus assez précis, il a pourtant fallu attendre plusieurs jours, le temps que les autorités et la presse d’outre-Rhin ne parviennent plus à étouffer cette choquante affaire d’agressions sexuelles de masse.

Le retard à l’allumage des médias allemands

4 jours. C’est le temps qu’il aura fallu attendre avant que les médias allemands ne relatent les faits. Malgré l’extrême gravité de la situation (on parle tout de même de viols organisés et coordonnés à une échelle encore jamais imaginée), presse écrite comme journaux télévisés ont observé un silence religieux jusqu’à ne plus être en mesure de nier l’évidence.

Tout a commencé par un premier mensonge de la police de Cologne. Dans son rapport du 1er janvier traitant de la nuit de la Saint-Sylvestre, celle-ci explique que la soirée s’est déroulée sans incidents, « dans une atmosphère détendue » et que les célébrations sur la place de la cathédrale avaient été « très paisibles »… Évidemment, l’ampleur de l’événement a tué dans l’œuf cette incroyable tentative de dissimulation. Rapidement, les témoignages ont germé sur les réseaux sociaux et, face à la multiplication des plaintes de victimes, la police a été contrainte de faire machine arrière en reconnaissant à la fois les faits mais également le profil « arabe et nord-africain » des auteurs présumés de ces agressions.

Côté médias, le silence était également de mise. Vu l’ampleur des événements, on aurait pu penser que ces derniers auraient pu, comme ils en ont l’habitude en d’autres circonstances, se baser sur les premiers témoignages et sur les fuites sur les réseaux sociaux. L’occasion, peut-être, d’un traditionnel « breaking news » ou d’une « édition spéciale » sur un phénomène qui concernait alors des milliers de personnes dans une ville majeure de l’Ouest allemand. Il n’en fut rien. Pas un reportage, pas une mention, pas une dépêche, rien. Pas même un bandeau glissé à la va-vite au bas d’une édition en continu.

Devant ce malaise, la chaîne publique ZDF a même rétrospectivement présenté des excuses pour avoir tardé à relater les agressions. Dans un communiqué publié sur Facebook et Twitter, celle-ci estime que le fait que le journal de lundi soir (donc quatre jours après les faits) « n’ait pas au moins mentionné les incidents était une négligence » et « était (…) clairement un jugement erroné ». Un mea culpa qui fait suite à de nombreuses critiques sur les réseaux sociaux.

Sur la page de la chaîne, on peut ainsi voir un spectateur mécontent déclarer que « (sa) confiance dans (cette chaîne), pour laquelle (il) paie des impôts, s’amenuise de plus en plus ». Un autre estime que cette dernière « passe sous silence depuis un certain temps certaines choses ». Mais la ZDF n’aura pas été la seule à briller par son mutisme. D’autres, comme l’ARD, première chaîne publique, ou encore la WDR, chaîne de la région de Cologne, ont également raté le train.

Au final, c’est seulement mardi 5 janvier 2015 que l’affaire a véritablement éclaté dans les médias, qui cette fois n’ont pas manqué de moyens avec des éditions spéciales à tour de bras. Concernant les 4 jours de silence, on évoque ici et là un choix éditorial « motivé par la nécessité d’enquêter, de retrouver témoins et victimes ». Une prudence qui n’est pas toujours de mise selon le sujet traité… De quoi soulever de nombreuses questions : les médias allemands ont-ils eu peur de rapporter ces agressions sexuelles d’une ampleur inédite commises par des individus de type arabo-musulman ?

Il faut dire qu’outre-Rhin, la ligne officielle insufflée par madame Merkel plaide en faveur d’un accueil massif des « réfugiés ». En 2015, l’Allemagne en a accueilli 1,1 million, soit cinq fois plus qu’en 2014. Sans aucun doute, cet épisode des plus choquants impliquant un grand nombre d’entre eux porterait un sérieux coup dur à cette politique basée sur une vision arc-en-ciel du monde. A-t-on estimé, dans les rédactions, qu’après tout il valait mieux étouffer ce « malheureux effet collatéral » tant qu’il en était encore temps ? Nul ne peut le dire pour l’instant.

Quoi qu’il en soit, constatant ce mensonge par omission, de nombreux Allemands ont repris à leur compte les slogans de Pegida, mouvement anti-immigration, qui qualifie notamment la presse de « Lügenpresse » (presse mensongère). De son côté, le journal conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) a brocardé ses confrères sur leur position de « prudence ». « Ne savez-vous pas sur quoi vous devez informer ? (…) Vous devriez vous mettre au journalisme », a-t-il préconisé, accusant les médias de prendre les téléspectateurs pour des imbéciles incapables de ne pas verser dans le populisme.

En revanche, pour le syndicat des journalistes allemands, les chaînes publiques ont eu raison de prendre du recul car « les journalistes doivent en premier lieu enquêter, et non spéculer ». Une déclaration qui illustre bien l’alignement total des grands médias d’outre-Rhin sur la politique délirante de leur gouvernement en matière d’immigration. La consigne est donnée : même si les faits le prouvent, l’amalgame ne doit pas être fait entre les agresseurs et les migrants.

… et l’embarras des médias français !

Dans les médias français, les rédactions ne se sont également pas jetées sur l’information. Dans l’hexagone, il a fallu attendre 5 jours pour que la presse subventionnée commence à en parler, avec toutes les prudences de langage nécessaires.

Mardi 5 janvier, Le Monde rapportait l’indignation provoquée par cette nuit d’agressions. Pour justifier son énorme retard, l’air de rien, le quotidien du soir expliquait que le pays venait tout juste de « saisir l’ampleur » des événements. Des événements pourtant connus depuis plusieurs jours pour qui essaie de s’informer sur Internet. D’ailleurs, la veille, RT France fut le premier média francophone à relater les faits, le tout sans s’embarrasser de politiquement correct.

Ainsi le site n’a-t-il pas hésité à citer le ministre de l’Intérieur de la Rhénanie-du-Nord–Westphalie, Ralf Jäger, qui a déclaré : « Nous n’accepterons pas que des groupes d’hommes nord-africains se rassemblent délibérément pour agresser sexuellement les femmes. » Et de citer le chef du syndicat policier de la Rhénanie, Arnold Plicker, pour qui « les réfugiés qui ont un problème intégration dans notre société ouverte » doivent être traités avec la « force de la loi ».

Aussitôt, l’article a été beaucoup partagé sur les réseaux sociaux, certains internautes en profitant pour interpeller les médias français sur leur silence.

Suite, sans doute, à un malheureux concours de circonstances (machine à café en panne, problème de connexion wifi, épidémie de grippe), il faudra attendre le lendemain (parfois même le lendemain soir) pour que les journalistes français relaient l’information. Nous avons déjà cité Le Monde qui, très prudent, mettait le plus de guillemets possible concernant l’origine des agresseurs. Le quotidien du soir est même allé jusqu’à suggérer que « certains éléments indiquent (…) qu’il pourrait s’agir de criminalité organisée, active à Cologne depuis plusieurs années ». On pourrait également évoquer Le Figaro, qui a tout d’abord annoncé que les violences sur les femmes de Cologne étaient le fait de « bandes de jeunes »… Ces fameux « jeunes » qui terrorisent le monde entier.

Au fil des témoignages, toujours plus nombreux, et des rapports de police, les médias français ont, comme leurs confrères allemands, été amenés à reconnaître progressivement l’évidence : il s’agissait bien d’individus d’origine arabe, et particulièrement de réfugiés. Malgré tout, malgré l’implacable réalité des faits, un discours persiste dans l’hexagone comme en Allemagne : il ne faut pas faire d’amalgames entre ces actes barbares et les « réfugiés » et ne surtout pas poser la question du choc des cultures ayant permis cela. Le cas échéant, le château de carte sur lequel repose toute la politique européenne risquerait de s’effondrer sous le poids de ses propres mensonges…

Ainsi Le Point, en chœur avec le gouvernement allemand, nous explique-t-il que « les opposants à la chancelière Merkel tentent de faire le lien avec sa politique en faveur des réfugiés ». Et bien évidemment, ce lien est dangereux pour l’hebdomadaire bienpensant, même s’il est avéré. Pour L’Obs également, « les vols et agressions sexuelles perpétrés par des dizaines de personnes à Cologne le 31 décembre [alors qu’ils étaient des milliers, ndlr] sont utilisés par des politiques contre la politique d’immigration d’Angela Merkel ». L’affaire est donc à prendre « avec précaution dans le contexte actuel ».

En parlant de précaution, Libération en a usé et abusé dans son papier pour relater les faits (le 5 janvier) puis dans son « décryptage » (le 6 janvier). Tout d’abord, les violences ne sont pas « commises » mais « attribuées par la police » à des « hommes d’origine nord-africaines ». Évidemment, comme l’a noté le premier ministre allemand, Thomas de Maizière, l’apparence des agresseurs « ne doit pas conduire à faire peser une suspicion générale sur les réfugiés qui, indépendamment de leur origine, viennent chercher une protection ».

Aussi Libération dénonce-t-il les réactions « surprenantes » ou « idiotes » qui n’iraient pas dans ce sens, comme celle d’un journaliste autrichien, Thomas Mayer, qui « s’est risqué à un pseudo-éclairage à la pertinence très relative, écrivant qu' »en France, le phénomène des abus sexuels commis par des bandes de jeunes hommes (les tournantes) est connu depuis longtemps » ». Sombre idiot, vous dit-on.

Dans l’article suivant, le « décryptage » donc, Libé poursuit en parlant d’« hommes présentés comme des maghrébins » et même « d’apparence maghrébine » (car il pourrait très bien s’agir d’Allemands de souche ayant un peu trop abusé des vacances à la plage ; la précision était donc nécessaire). Et le journal d’insister sur le fait qu’il faut faire attention à la « stigmatisation des réfugiés ». D’ailleurs, à en croire Libé, « la police ne croit pas que les agressions de la Saint-Sylvestre soient le fait de demandeurs d’asile mais plutôt d’une ou plusieurs bandes de petits criminels maghrébins installés de longue date en Allemagne et pour certains déjà connus des forces de l’ordre ». Le lendemain, la police elle-même infirmera cette information, révélant avoir contrôlé 18 demandeurs d’asile parmi 31 individus interpellés.

Pour couronner le tout, le quotidien dont les ventes sont en chute libre depuis plusieurs années citera les propos délirants de la verte Claudia Roth, vice-présidente du Bundestag, pour qui « on ne peut pas prétendre que ce genre d’agressions soit typique des Arabes ou des réfugiés. Il s’agit de violence masculine ». Mais comment expliquer qu’avant l’arrivée des réfugiés, ce type d’épidémie ne se soit jamais déclaré ? L’occasion de noter qu’aucune association féministe française n’a, à ce jour, dénoncé cette agression sexuelle de masse. Partout, dans les ministères comme dans les rédactions, la « prudence » est de mise.

Le réel est-il d’extrême droite ?

« Je croyais que c ‘était de la propagande d’extrême droite, de Pegida, mais non ! C’était bien réel ! » Ainsi s’est exprimé Ivan Jurdevic, videur de Cologne, dans une vidéo-témoignage de ce qu’il a vu le soir de la Saint-Sylvestre dans sa ville. À l’instar de ce citoyen allemand, ébahi de voir de ses yeux ce qu’il pensait être un fantasme, il semblerait que les médias français et allemands ne parviennent plus à saupoudrer la réalité de leurs paillettes multicolores.

Le réel est implacable, et ces derniers mois d’extrême tension en Europe semble rappeler aux médias subventionnés que la réalité n’est pas toujours rose au-delà du périphérique. Après les attentats du 13 novembre, déjà, les journalistes avaient opté pour la même stratégie de négation inconditionnelle des faits : non, la crise des migrants n’a aucune conséquence sur la sécurité des Français ; non, aucun terroriste de Daech ne s’infiltre parmi les clandestins. Avec le recul et les informations fournies par la police, force est de constater que les faits leur ont donné tort. Une fois de plus.

Un nouveau revers qui, visiblement, ne leur a absolument pas servi de leçon. Aussitôt les violences de Cologne étaient-elles connues et rapportées que, déjà, il était question de marteler qu’aucun lien ne devait être fait avec les 1,1 million de clandestins entrés en Allemagne en 2015.

Petit à petit, le réel reprend le dessus et les manipulations médiatiques s’épuisent. Faudra-t-il que le terrorisme entre dans les salles de rédaction pour que ceux qui nous informent voient la réalité en face ? Cela s’est déjà produit, le 7 janvier 2015 dans les locaux de Charlie Hebdo. Un an plus tard, presque jour pour jour, tout a déjà été oublié. Les passeports retrouvés sur les terroristes ou les rapports de police n’y changeront rien. Nos journalistes aux ordres continuent d’appliquer les directives idéologiques de Bruxelles et de préférer la négation du réel à l’implacable constat d’une politique suicidaire.

Délinquants étrangers : le Sächsische Zeitung veut la vérité

Délinquants étrangers : le Sächsische Zeitung veut la vérité
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Source : Ojim.fr – Le quotidien allemand Sächsische Zeitung va désormais publier systématiquement la nationalité des délinquants ! C’est Oliver Reinhard, le « Kultur-Redakteur » du quotidien saxon, qui l’explique dans un long éditorial, publié sur le site du journal, sous le titre « les faits contre les rumeurs ».

Le but de cette nouvelle pratique semble double : renouer avec la confiance des lecteurs et « protéger les minorités ». Il est vrai qu’au lendemain de l’affaire des viols de Cologne, le 31 décembre dernier, les médias allemands avaient été montrés du doigt, pour avoir minimisé, quand ce n’est pas occulté totalement, les faits.

« Beaucoup de gens, regrette Oliver Reinhard, doutent que les journalistes recherchent vraiment la réalité des faits. Au contraire, ils croient que les journalistes manipulent », constatant qu’ «on a beaucoup parlé de la baisse de confiance dans les médias depuis la crise des réfugiés ». « Il n’est un secret pour personne, continue-t-il, qu’un certain nombre d’Allemands pensent que les médias dissimulent l’origine des criminels étrangers dans leur couverture des faits ».

Actuellement, le code de la presse, établi par le Conseil de la presse allemande, interdit de préciser la nationalité ou la religion des délinquants, parce que « cette mention pourrait alimenter les préjugés à l’égard des minorités ».

Faux, répond Oliver Reinhard ! « De nombreux collaborateur du SZ (Sächsische Zeitung, ndlr) sont, au contraire, convaincus que de ne pas spécifier la nationalité des délinquants et des suspects peut créer un espace pour les rumeurs, qui nuisent, précisément, à ceux que nous voudrions protéger ». Pire, selon lui, « cette surestimation des crimes commis par des étrangers est à l’échelle nationale, un problème grave, car elle peut favoriser les préjugés racistes ».

Bref, en publiant la nationalité des délinquants et criminels, le SZ entend donc « protéger les minorités ». « Nous allons continuer à indiquer l’origine des délinquants ou des suspects dans chaque cas, qu’ils soient allemands ou étrangers ». Et de conclure : « ce que nous voulons est la vérité » ! Espérons que le même journaliste fasse le bilan dans quelques mois.

Source : Sächsische Zeitung

Politico, le nouveau média des élites européennes

claude chollet
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Politico, c’est le nouveau média qui, au printemps 2015, s’impose en Europe. Encore un produit d’importation américaine, comme Vice, qui vient sûrement combler le déficit d’imagination des organes de presse français et européens lesquels, campant sur leurs antiques positions, n’arrivent pas à trouver un modèle économique durable.

Né à Washington en 2007 sous la houlette de l’éditeur Robert Allbritton, des journalistes Jim VandeHei et John F. Harris, venus du Washington Post, Politico dans sa version d’outre-Atlantique, se présente comme une source d’information sur la Maison Blanche et le Congrès. Il revendique 7 millions de visiteurs uniques par mois et communique également via son édition papier, son magazine, ses événements et ses lettres professionnelles (Politico Pro) disponibles sur abonnement. La version papier est diffusée à environ 40 000 exemplaires, distribués gratuitement à Washington D.C et Manhattan. Politico peut éditer jusqu’à 5 éditions par semaine. Ses vidéos sont reprises sur d’autres supports comme CBS News.

Débarquement à Bruxelles

Fort de son succès aux États-Unis, le groupe a débarqué le 21 avril dernier en Europe, à Bruxelles plus précisément, dans une coentreprise avec Axel Springer. Créé en 1946 par le magnat éponyme, Axel Springer Verlag est aujourd’hui le principal groupe de presse magazine et internet d’Allemagne, possédant notamment l’emblématique Bild. En France, il a racheté aufeminin.com (groupe dans lequel on trouve marmiton.org) ou Seloger.com, par exemple.

En sus de cette déjà lourde artillerie, Politico a récupéré European Voice et tout son contenu (lequel remonte à 1995). Site anglophone spécialisé, comme son nom l’indique, en affaires bruxelloises, dites européennes, il avait été fondé par The Economist Group (groupe britannique publiant notamment The Economist, et possédé pour moitié par Financial Times, appartenant lui-même à Pearson PLC et pour l’autre à de gros actionnaires comme les familles Rothschild, Cadbury ou Agnelli) et revendu en 2013 à Selectcom, une holding possédant également Development institute international. Cet institut, français malgré son nom, et racheté lui aussi dans le même lot qu’European Voice, se présente comme le « leader des conférences professionnelles des décideurs européens (…) L’entreprise se positionne comme opérateur de contenus professionnels à forte valeur ajoutée avec ses activités éditoriales déployées via trois entités qui partagent une même expertise de pointe : Dii conférences, Dii formations, Dii publications. »

Au-delà du sabir corporate, il s’agit de comprendre que cet institut réunit des « cadres sup » et des grands patrons pour leur expliquer quoi penser sur toutes les questions de leur choix. « Dii » se vante de posséder « un réseau de plus 1 500 experts pionniers et référents sur leur secteur d’activité, une base de données unique de 105 000 entreprises référencées » ou encore de ce que « depuis plus de 20 ans, la totalité des entreprises du CAC 40 et du SBF 120 (lui) fait confiance pour former ou informer ses collaborateurs, clients ou partenaires. Ainsi, chaque année plus de 7 500 cadres de haut niveau participent régulièrement aux conférences, formations et événements de Dii. » Un vaste institut de lobbying à l’échelle européenne donc, qui mêle habilement business, « bonnes pratiques » et pensée conforme.

Atteindre les vingt décideurs-clés

Mis à la tête de Politico Europe, Matthew Kaminski, un transfuge du Wall Street Journal, veut copier pièce à pièce le modèle américain : une lettre matinale gratuite, des lettres thématiques payantes, le tout exclusivement en anglais. Selon Le Monde, il s’agit de « raconter des good stories » sur les coulisses de Bruxelles. « Bruxelles n’est pas une super-capitale où se concentrent les pouvoirs : ils restent dans les États membres. Mais c’est une vraie capitale en termes de régulation. Et il y a un besoin, chez les Américains, d’être tenus au courant de cette énorme production de normes. » Né en Pologne en 1971, Kaminski a vite émigré avec ses parents, au temps du Bloc de l’est, vers les États-Unis, où il a fait une partie de ses études, notamment à Yale, avant de les terminer à la Sorbonne. Correspondant pour des journaux américains dans les pays de l’est à l’époque du Pacte de Varsovie, il a aussi sévi à Bruxelles. C’est dire s’il connaît les arcanes de la politique américaine comme de la politique européenne : The right man in the right place.

« Nous ne sommes pas un média de masse. Ce qui compte, c’est d’atteindre les vingt décideurs-clés de Bruxelles », selon lui, et on lui fait confiance, devant les moyens pharaoniques déployés. La rédaction bruxelloise compte une quarantaine de journalistes, la plus grosse équipe qu’on ait jamais vu à Bruxelles de mémoire de technocrate. Des équipes d’un ou deux journalistes seraient aussi en cours de constitution dans les grandes capitales européennes, à Paris, Berlin ou Londres. Le budget de lancement est estimé, lui, à 10 millions d’euros.

Un pas de plus dans la vassalisation ?

Dans la capitale de l’Union européenne, parmi les hordes de politiques, d’élus, de « décideurs », de lobbyistes, on mouille à l’annonce de l’arrivée du mastodonte américano-germain. « Enfin, Washington s’intéresse à Bruxelles », entend-on dans les couloirs, où les fonctionnaires s’émoustillent du projet de Politico de diffuser les « gossip » de la grosse maison. Que le débarquement s’apparente à une vassalisation plus poussée encore devant la politique de l’administration Obama, particulièrement à l’heure de la négociation du Traité transatlantique, n’inquiète personne. Au moins on aura l’impression qu’il se passe quelque chose à Bruxelles, on saura que Jean-Claude Juncker n’est pas si méchant, puisqu’il souffre, le pauvre, de calculs rénaux… Que la soirée de lancement du site, le 23 avril, à laquelle se pressait le gratin des instances européennes, ait été financée par Google, au moment même où la Commission s’inquiétait de son « abus de position dominante », n’inquiète non plus personne. Tout va bien dans la dictature éclairée et hors-sol sise en la capitale belge.

Premiers doutes sur l’impartialité…

Du côté de la concurrence, principalement incarnée par le Financial Times, qui était devenu au fur et à mesure du temps la bible des hommes de Bruxelles, on fait grise mine. Le nouvel arrivant met le paquet, avec sa communication agressive, son armada de journaleux, ses archives recyclées d’European Voice, et son air décontracté de ricain curieux. La France, elle, avec ses quelques journalistes de troisième rang, est encore une fois déclassée. Politico.eu n’émettra évidemment qu’en anglais, la lingua franca du monde nouveau.

Les quelques doutes sur l’impartialité du pure player nés légitimement dans les esprits se sont vite transformés en certitude. Ainsi Paul Jorion relevait-il rapidement sur son blog que dès le 21 avril, soit le jour de lancement du site, Pierre Briançon – qui fut rédacteur en chef, même si nul ne s’en souvient, de Libé entre 1996 et 1998, et qui est aujourd’hui honorable correspondant du monstre Politico à Paris – pondait un article vengeur contre Tsipras et son parti « d’extrême-gauche », accusés d’avoir « dilapidé la bonne volonté de ses partenaires européens »… On trouve à l’avenant des articles sur le « gros problème » de Marine Le Pen face à une hypothétique sortie de l’euro. Ou encore, dans la lettre matinale, baptisée « playbook », comme le relevait Jean Quatremer, des saillies qualifiant par exemple le journal belge Le Soir de « world’s biggest socialist student newspaper », c’est-à-dire de « la plus grande gazette étudiante socialiste du monde ». Ceci sous la plume d’un certain Ryan Heath dont Quatremer révèle qu’il fut l’ancien porte-parole de la vice-présidente de la Commission européenne, Neelie Kroes – entre 2011 et 2014 – et qu’avant cela il fut le « speachwriter » de José Manuel Barroso. Il aurait aussi travaillé comme lobbyiste pour General Electric, la société américaine qui, étrangement, sponsorise sa rubrique…

On voit donc que dans Politico, derrière le côté journalisme d’investigation dans les coulisses de Bruxelles et diffusion de ragots qui feront le buzz, tous les ingrédients sont réunis pour en faire une vaste opération de politiquement correct, à destination des puissants, sous la houlette de ces deux grandes démocraties amies de la France que sont l’Allemagne et les États-Unis. Le peuple n’a qu’à bien se tenir. De toute façon, ce n’est pas pour lui, ça parle de choses sérieuses et c’est écrit en anglais.

Le journal L’Alsace imprimé en Allemagne

Le journal L’Alsace imprimé en Allemagne
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Faire imprimer son journal à l’étranger quand les rotatives sont bloquées par des ouvriers en grève : voici la solution imaginée et mise en œuvre par Michel Lucas, patron du Crédit Mutuel, et donc du groupe Ebra qui regroupe la plupart des titres de l’est de la France, pour sortir le journal L’Alsace, mardi 25 novembre dernier !

Comme le rapporte Rue89 Strasbourg, « des instructions avaient été données à la rédaction pour « bater » (c’est à dire valider) les pages à 17h30, afin qu’elles soient imprimées ailleurs, probablement par l’imprimerie d’un journal du Bade-Wurtemberg. Les exemplaires ont ensuite été ramenés dans la nuit près de Mulhouse, un rendez-vous a été donné aux employés de L’Alsace en charge de la distribution pour qu’ils les récupèrent ».

Le 25 novembre, une édition spéciale de L’Alsace pour la venue du pape François à Strasbourg, était donc distribuée chez les abonnés et disponibles dans les kiosques.

Forcément, les grévistes, eux, ne sont pas contents. « Michel Lucas nous a fait le coup une fois mais il n’y en aura pas deux », prévient Brahim Bouchareb, délégué syndical Filpac-CGT, de l’imprimerie du journal, évoquant un « coup de force », qui va à l’encontre d’un « droit constitutionnel ». Et d’annoncer : « nous avons des relations avec les ouvriers des journaux en Allemagne et nous en appellerons à leur solidarité le cas échéant ».

Mais si le délégué CGT espère compter sur la solidarité des imprimeurs allemands, force est de constater qu’il n’a pas obtenu celle des journalistes du quotidien. Comme le note Rue89 Strasbourg, « les journalistes apprécient à mots couverts de voir le monopole de la Filpac-CGT sur l’impression battu en brèche ». Et de citer l’un d’entre eux : « s’ils perdent leur capacité de blocage, ils arrêteront peut-être de tirer contre tout un journal à 30 ! ». Pire : pour les grévistes, « les retours des abonnés ont été très bons ».

Période difficile, donc, pour les syndicalistes. « La Filpac-CGT est encore sous le coup » estime Rue89 Strasbourg. Et l’avenir ne s’annonce pas plus simple : « Michel Lucas a prévenu dans un email que si les ouvriers se mettaient à nouveau en grève, il fermerait purement et simplement le centre d’impression de L’Alsace ».

À suivre…

Source : Rue89 Strasbourg – crédit photo : L’Alsace / montage : Ojim