Rennes, Carcassonne… : déséquilibrisme, le mal du siècle

Rennes, Carcassonne... : déséquilibrisme, le mal du siècle
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Après les attentats à la voiture bélier pendant les dernières fêtes de Noël, où tous les « déséquilibrés » de France s’étaient visiblement fait passer le mot, c’est aujourd’hui à l’occasion du ramadan (pure coïncidence à nouveau) que ces derniers repassent à l’attaque.

À Rennes tout d’abord, mardi 14 juin, où une jeune femme de 19 ans attendait le bus. Soudain, un « déséquilibré » est sorti de nulle part pour l’agresser au couteau, nous dit la presse française, qui reprend ici religieusement l’AFP. Si l’agresseur avait visiblement un lourd passif psychiatrique, il voulait avant tout « commettre un sacrifice pour le ramadan », se déclarant par ailleurs musulman. Passons pour cette fois.

Sauf que dès le surlendemain, un nouveau « déséquilibré » sortait des buissons. À Carcassonne, un homme armé d’un marteau et d’un couteau a été arrêté par la DGSI. Âgé de 22 ans, il voulait « tuer des mécréants », principalement des Américains et des Russes (les deux grandes puissances engagées contre l’État islamique, étrangement), et même partir faire le jihad en Syrie. Là aussi, l’AFP nous explique qu’il s’agit d’un « jeune homme souffrant de problèmes psychiatriques ». Quelle histoire !

Peu à peu, le grand complot mis en place par le Centre national des déséquilibrés français (CNDF) semble se dessiner sous nos yeux. Vont-ils passer à l’action bientôt et de manière coordonnée ? Où se cachent-ils ? Qui sont-ils ? Finalement, le terrorisme islamiste est bien peu de chose : c’est le déséquilibrisme radical qui demeure le grand mal du siècle. Mais n’allez pas faire d’amalgames hâtifs ! Les déséquilibrés radicaux n’ont rien à voir avec le déséquilibrisme.

Source : ojim.fr

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Loi de la jungle chez les « antifas »

Loi de la jungle chez les « antifas »
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D’extrême-gauche peut-être, mais cela ne l’empêche pas de pratiquer la concurrence sauvage… Ou quand le photographe de presse Gaspard Glanz pique les photos de ses confrères.

La presse généraliste recrute moins ou procède à des licenciements, ce qui explique le développement des JRI (journalistes reporters indépendants). Près de l’événement, mobiles, sachant manier la caméra, monter eux-mêmes les images, utiliser les réseaux sociaux, enregistrer du son, écrire rapidement, les JRI proposent aux agences et à la presse en général des reportages sur le vif et des enquêtes de terrain, des formats vivants souvent plus intéressants que les productions maison. Gaspard Glanz s’est fait un début de nom en filmant les manifestations contre la loi sur le travail et en particulier ses aspects les plus violents : charges policières, attaques des black blocks, déprédations, blessés graves ou légers…

À 29 ans, l’homme a déjà de la bouteille dans le militantisme d’extrême gauche et le journalisme vidéo. Originaire de Strasbourg où il milite à l’UNL (une succursale des Jeunes Socialistes tendance Benoît Hamon), il est condamné à 500 euros d’amende et 500 avec sursis pour avoir insulté la proviseur de son lycée. Il part ensuite à Rennes et participe à Rennes en lutte et Rennes TV. Très proche des « antifas », il couvre les manifestations de Calais, de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, les actions anti-loi du travail aussi bien que Nuit debout à Paris et en province.

Fondateur de l’agence Taranis News il a pour client l’AFP aussi bien que Canal+ ou M6. Adepte du « riot porn » qui esthétise la violence politique il publie régulièrement sur Vice Médias France dont Matthieu Pigasse est l’admirateur et l’actionnaire. Fondé au Canada, Vice News est devenu un média global de la mondialisation heureuse du capitalisme. Avec comme actionnaires aussi bien Disney que Rupert Murdoch, Vice le bien nommé recycle la fausse rébellion au service du capital mettant ensemble les éléments qui « relient l’insurrection adolescente et le capitalisme » (Libération du 26 mars 2013).

Là où le bât blesse c’est quand Glanz chipe les images des copains. Exemple : les images qu’il prétend avoir tourné sur les lieux d’une « bavure ». Ces images reprises par les Inrocks sont… celles d’une autre agence, Ligne de Conduite : youtu.be/B7TtrknKfvY

De quoi conforter les remarques d’autres JRI qui soupçonnent Glanz de voir d’un bon œil ses amis « antifas » casser leur matériel (et même un peu plus) pour avoir le monopole des images. Le capitalisme sauvage cher à Vice en quelque sorte…

Source : ojim.fr

Montage photo : L’AFP attaque Ménard et la ville de Béziers

Montage photo : L'AFP attaque Ménard et la ville de Béziers
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Après avoir détourné (dans le mauvais sens du vent médiatique) une photographie de l’AFP, la ville de Béziers et son maire Robert Ménard ont été assignés en justice par l’agence. Source : ojim.fr

En effet, dans sa dernière édition, le journal municipal reprenait en couverture une photo montrant des clandestins attendant le train, avec sur celui-ci des affiches rajoutées au montage telles que « Béziers : 3865 km » et « Scolarité gratuite, hébergements et allocations pour tous ».

« L’AFP et le photographe Robert Atanasovski assignent la Ville de Béziers, comme éditeur, et Robert Ménard, comme directeur de la publication du Journal de Béziers, pour contrefaçon devant le Tribunal de grande instance de Paris », a fait savoir la direction de l’Agence France Presse dans un communiqué. Les deux plaignants demandent chacun 30 000 euros de dommages et intérêts.

Comme l’a très bien fait remarquer Robert Ménard, invité mardi 15 septembre du « Grand Journal » de Canal+, « si elle (la photographie, NDLR) avait été faite au service des migrants, je vous garantis que l’AFP ne nous aurait pas fait l’ombre d’un procès, ils nous auraient peut-être offert les droits, qui sait ? » Et celui-ci de souligner que le recadrage opéré concernant la photo du petit Aylan, mort noyé sur une plage, était également de la « propagande ».

Fort heureusement pour les médias concernés, cette propagande allait dans le bon sens…

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Crédit photo : DR

Les syndicats font la loi à l’AFP

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Suspendue pendant le long week-end du 14 juillet, la grève à l’Agence France Presse, devrait être reconduite mercredi 15 juillet. Le PDG, Emmanuel Hoog, qui veut dépoussiérer une organisation sociale obsolète, est sous pression.

Pas moins de 117 accords sectoriels au sein des cinq métiers de l’AFP (journalistes, employés, techniciens, ouvriers de transmissions, commerciaux). En 71 ans d’existence, l’agence a accumulé un épais mille-feuilles de textes qui assurent à ses salariés un eldorado social. La moyenne des congés payés et des RTT y est respectivement de 44 et de 18 jours. Les salaires sont du même tonneau : très avantageux.

L’énarque Hoog, qui a rempilé pour un second mandat à la tête de l’AFP en 2014, a franchi le rubicon le 6 juillet. Il a demandé de mettre à l’ordre du jour du comité d’entreprise du 16 juillet la dénonciation de l’ensemble des conventions internes. Le PDG pensait sans doute que ce casus belli vis-à-vis des syndicats de l’AFP passerait mieux en période estivale. Raté. Ces derniers sont plus remontés que jamais. CGT et FO, ultra-majoritaires dans l’entreprise, savent y faire pour chauffer à blanc leurs troupes. Les assemblées générales, qui ne réunissent qu’à peine la moitié des salariés du siège, place de la Bourse à Paris, ont jusqu’à présent reconduit la grève à plus de 80% des votants.

Si Hoog s’attèle seulement maintenant à ce gigantesque chantier, c’est qu’il subit une autre pression, émanant elle des pouvoirs publics. L’État assure la moitié du budget de l’AFP, sous forme d’une dotation de quelque 130 millions d’euros (en 2014). Cette dernière serait dispensée, selon un statut unique au monde, au nom de la mission de service public exercée par l’AFP. À l’heure de la réduction de son train de vie, l’État cherche à faire des économies partout. Il tente de surcroît de rogner sur des subventions généreuses, dont le montant ne lui semble guère plus justifié au vu des avantages sociaux extravagants des « agenciers ».

L’AFP verra ses subventions augmenter jusqu’en 2018

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Si Radio France peine à signer son contrat d’objectifs et de moyens avec l’État, ce n’est pas le cas de l’Agence France Presse (AFP).

« Tout est en ordre, il ne reste qu’à signer le texte pour le concrétiser », notent Les Échos. Ainsi, le montant de la contribution publique se portera à 105 millions d’euros par an, et 1,4 % de plus chaque année jusqu’en 2018, en plus des 20 millions d’euros de contenu que l’État s’est engagé à acheter à l’AFP.

« L’Etat a tout de suite été partant pour une croissance de notre budget public », s’est félicité Emmanuel Hoog, le président de l’agence qui, en retour, réduira ses coûts de 1 % par an. Désormais, M. Hoog vise une croissance moyenne de 2,2 %, contre 3,8 % lors du précédent contrat, qui n’était « pas très réaliste ».

Enfin, pas question de toucher aux emplois. «  Les salaires représentent 75 % de nos coûts, et on ne peut pas toucher aux effectifs journalistes : nous sommes déjà moins nombreux que nos concurrents AP ou Reuters », a-t-il constaté.

Voir également notre dossier : « L’affaire Gourevitch, ou le pouvoir sans partager de l’AFP »

Une pluie de roquettes touche Palmyre

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( source AFP )

Une pluie de roquettes tirées par le groupe extrémiste État islamique (EI) sur la ville antique de Palmyre a coûté la vie à cinq civils, dont deux enfants, rapporte lundi l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Parallèlement, les violents combats se poursuivaient lundi matin, d’après l’ONG, entre les troupes du régime et les djihadistes aux périphéries de cette ville vieille de plus de 2 000 ans située dans le désert syrien, limitrophe de la frontière irakienne. « Au moins cinq civils, dont deux enfants, ont péri dimanche soir lorsque l’EI a tiré des roquettes sur plusieurs quartiers de la ville de Tadmor (nom arabe de Palmyre) », a indiqué l’OSDH.

« C’est la première fois que l’EI tire avec autant d’intensité sur la ville », a indiqué à l’AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de cette ONG qui dispose d’un large réseau de sources civiles, médicales et militaires à travers la Syrie. Les djihadistes, qui ont lancé leur offensive le 13 mai, se trouvent tout autour de la ville. Depuis samedi, ils sont à un kilomètre du célèbre site connu pour ses colonnades torsadées romaines et ses tours funéraires, et situé dans le sud-ouest de la ville. Samedi, ils avaient réussi à s’emparer de la majeure partie du nord de Palmyre avant d’être repoussés à la périphérie moins de 24 heures plus tard par l’armée.

Le Comité de coordination de la révolution à Palmyre, un réseau de militants dans la ville, a affirmé que l’armée de l’air du régime avait lancé lundi matin six raids aériens sur la périphérie nord de la ville. Le site de Palmyre, l’un des plus importants foyers culturels du monde antique, est inscrit au patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco, qui a tiré la sonnette d’alarme avec le début de l’offensive djihadiste.

( source )

Un vigneron bio poursuivi pour refus de traitements insecticides

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Pour avoir refusé de traiter sa vigne avec des insecticides, contrairement aux injonctions préfectorales pour lutter contre une maladie mortelle pour la plante, un vigneron bio de Bourgogne est convoqué devant la justice. Thibault Liger-Belair est viticulteur de nuits-saint-georges et de moulin-à-vent, cette dernière appellation étant à cheval entre le Rhône et la Saône-et-Loire, où la réglementation n’est pas la même.

Un contrôle effectué en novembre 2013 sur ce deuxième domaine a mis en évidence le non-respect de l’arrêté de la préfecture de la Saône-et-Loire, a expliqué le producteur à l’Agence France-Presse, confirmant une information du site Basta!. « J’ai fait valoir que je ne traitais pas [mes vignes] car la préfecture du Rhône ne l’exigeait pas et que je suis entre les deux départements », a-t-il poursuivi. Selon M. Liger-Belair, le foyer de la maladie – la flavescence dorée – se situe à Plottes, soit à quelque 40 km de là. Par ailleurs, la pathologie est présente sur un cépage chardonnay, alors que lui cultive du gamay.

Ses arguments ne semblent pas avoir convaincu puisque le vigneron doit se présenter le 19 mai devant le tribunal correctionnel de Villefranche-sur-Saône, dans le Rhône, pour « refus d’effectuer les mesures de protection des végétaux ».

« Dommages collatéraux »

Apparue en 1949 en Armagnac, dans le Sud-Ouest, la flavescence dorée est une maladie incurable de la vigne véhiculée par un insecte, la cicadelle. Jaunisse végétale, elle provoque un jaunissement des feuilles et un dépérissement du raisin. Les traitements insecticides sont censés tuer la cicadelle et donc éviter une propagation de la maladie, mais ils posent d’énormes problèmes aux viticulteurs engagés dans la voie de l’agriculture biologique.

« J’ai des convictions et elles m’appellent à utiliser ces traitements avec parcimonie. La meilleure des luttes est la prospection et je m’interdis tout traitement préventif », a argué Thibault Liger-Belair. Et ce dernier de souligner « les dégâts collatéraux » de l’utilisation de ce type de produits, notamment sur le « capital du sol et de la vigne ».

En décembre dernier, Emmanuel Giboulot, un autre vigneron bio bourguignon, avait été relaxé en appel à Dijon pour avoir refusé de traiter sa vigne contre la flavescence dorée. Contactée par l’AFP, la préfecture de Saône-et-Loire n’a pas donné suite dans l’immédiat.

Lire aussi : Le viticulteur bio condamné dénonce « une pensée unique sur les pesticides »

Lire le compte-rendu du procès : Procès du viticulteur bio : « Je n’ai pas traité mes vignes et je l’assume »

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Dossier : l’affaire Gourévitch, ou le pouvoir sans partage de l’AFP

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Elle tombe comme la foudre, remuant tout sur son passage et se répandant dans les rédactions comme un virus incurable que rien ni personne ne semble pouvoir arrêter, sinon le temps et l’oubli : la dépêche AFP, fléau échappant à toute forme de contrôle, capable de faire et défaire les réputations en toute impunité.

Ce fléau, Jean-Paul Gourevitch, consultant international et spécialiste des migrations, l’aura constaté à ses dépens lorsque le 11 septembre 2014, l’Agence France Presse s’est penchée sur son dernier livre, « Les Migrations pour les nuls » aux éditions First. Étonné que la célèbre collection « Pour les nuls » confie la rédaction de cet opus à un auteur indépendant qui ne donne pas l’impression de marcher sur des œufs, l’AFP a pondu en bonne et due forme une dépêche assassine.

La foudre

« Est-il possible de confier la rédaction d’un ouvrage de vulgarisation sur l’immigration à un auteur souvent cité par l’extrême droite ? » Dès la première phrase, le ton est donné et le lien établi avec « l’extrême-droite ». Jean-Paul Gourévitch est un auteur repris par l’« extrême-droite », ce qui d’emblée le disqualifie. Son crime ? « être cité à plusieurs reprises par la présidente du Front national (FN) Marine Le Pen et son entourage. » De quoi perdre toute crédibilité avant même d’avoir pu développer la moindre thèse. Sans compter que son livre serait « déjà contesté par des spécialistes ». Des spécialistes que l’AFP a spécialement démarchés et qui s’avèrent tous être de gauche et d’extrême-gauche….

Mais la journaliste, Charlotte Plantive, rédactrice de cette dépêche, ne s’arrête pas là. Non contente de définir M. Gourévitch comme « un auteur très marqué à droite », elle va multiplier les attaques en-dessous de la ceinture, tournant régulièrement 25 ans de travail en dérision.

Pour elle, l’ouvrage n’est autre que « 400 pages où se mêlent lexiques, chiffres et digressions sur la prostitution, l’islamisation ou l’insécurité ». Comprenez : un pur fantasme. Pour enfoncer un peu plus le clou, l’AFP se paie le luxe de citer sans modération différents chercheurs qui, bien entendu, ne partagent pas les observations de M. Gourévitch. Outre l’historien Benjamin Stora, qui estime que le coût de l’immigration est « un calcul impossible », la directrice de recherches au Centre d’études européennes de Science Po, Virginie Guiraudon, estime de son côté qu’« il y a une manipulation des chiffres » dans l’ouvrage.

Celle-ci n’hésitera pas à avancer sans rougir que l’auteur « utilise aussi des termes qui n’ont aucune rigueur scientifique, par exemple migration prénatale, comme si les fœtus décidaient de migrer », alors que n’importe qui est capable de comprendre que ce terme se rapporte évidemment aux abus liés au droit du sol, que l’on peut notamment constater à Mayotte.

Pour la sociologue, ce livre ne fait qu’alimenter « un discours anti-immigrés et anti-élites qui profite à l’extrême droite ». Et pour couronner le tout, le directeur de recherche à l’Institut national des études démographies (Ined) François Héran vient ainsi conclure la dépêche : « Le fait qu’un auteur comme celui-là soit chargé d’un livre d’initiation dans une collection aussi populaire est un signe révélateur de la lepénisation des esprits. »

Au milieu de ce torrent à charge, le lecteur lambda aura bien pu entrevoir une petite voix, celle de Gourévitch lui-même, clamant son indépendance d’esprit et sa rigueur, mais le bruit de la calomnie a tout emporté. Pour l’AFP, Jean-Paul Gourévitch s’est « exprimé plusieurs fois dans des cercles d’extrême droite, comme lors des « Assises contre l’islamisation de l’Europe » organisées en 2010 par le Bloc identitaire et l’association Riposte laïque, ou dans un entretien au site Égalité et Réconciliation de l’essayiste Alain Soral ».

Et si le malheureux rétorque qu’il va « partout où (il est) invité, que ce soit à l’extrême droite, à droite, à gauche ou au centre », le poids de la dépêche incendiaire tire irrémédiablement sa défense par le fond. Même lorsqu’il assure avoir été reçu par SOS Racisme ou la LICRA, l’article précise que les deux associations antiracistes n’ont pas retrouvé trace de son passage depuis au moins huit ans. Menteur, vous dit-on.

Mais au fait, une dépêche AFP ne se doit-elle pas d’être impartiale, brute de décoffrage et comportant le moins de subjectivité possible ?

L’épidémie

Dans un mécanisme effrayant, la moindre dépêche de l’AFP, placée au rang de parole d’évangile, est capable d’irriguer toute la presse aussi bien écrite que numérique et audiovisuelle. Le cas Gourévitch n’aura pas échappé à la règle : le jour-même, 51 médias diffusaient le texte accusateur sans même avoir pris la peine de s’interroger sur le bien-fondé de l’argumentaire ou de prendre connaissance du contenu du livre. Alea jacta est !

Du service public à la presse quotidienne régionale, des générateurs de flux comme Yahoo! ou Orange aux médias spécialisés dans l’édition ; tous ont repris l’information brute donnée en pâture à chaque client désireux de combler son vide éditorial. Plus révélateur, même des médias plutôt classés à droite, comme Le Figaro, ont hurlé avec les loups – ou en tout cas se sont nourris à la même gamelle.

Certains ne se sont pas privés d’en rajouter. C’est le cas par exemple de David Perrotin qui, en se basant sur la dépêche fraîchement parue, qualifie dans Metronews M. Gourévitch de « chouchou de l’extrême-droite » en rappelant sa participation aux Assises de l’islamisation ou encore ses conférences au Local de Serge Ayoub et auprès de l’Action Française. Traces d’analyse de l’ouvrage ? Aucune. M. Perrotin s’est contenté de reprendre la dépêche AFP en pimentant son article de quelques remarques ironiques mal placées.

De son côté, L’Humanité titre carrément : « Les éditions First migrent vers l’extrême-droite » en pointant du doigt « un choix ahurissant au regard du passif de ce personnage ». L’Humanité se garde de citer la dépêche AFP qu’il ne fait que réécrire presque à l’identique. Sous la plume du Monde, Jean-Paul Gourévitch devient un auteur « de référence pour l’extrême-droite ». Et les exemples sont légion…

Début octobre, c’est Rue89 qui revient à la charge, avec cette fois-ci un recul sur les événements. Ce recul n’empêche pas la journaliste Nolwenn Le Blevennec de qualifier l’ouvrage de « tract politique déguisé en ouvrage pédagogique ». S’appuyant sur un « expert des migrations qui ne veut pas être nommé », Rue89 reproche à l’auteur de s’en référer à des sources jugées « nauséabondes », de parler sans gêne des « immigrationnistes » ou encore d’utiliser le terme de « Français de souche », que la presse reprendra pourtant quelques semaines plus tard à l’unanimité lors de l’affaire Hauchard.

Emboîtant le pas à l’AFP, la journaliste tourne en dérision le terme d’« immigration prénatale », feignant à son tour de ne pas le comprendre, et minimise l’immigration de charme (prostitution) qui, rappelle-t-elle, ne concerne « que » 120 000 personnes par an. Pourtant, 120 000, c’est déjà pas mal ! Mais passons.

La contre-attaque

Désireux de défendre son honneur et sa réputation, Jean-Paul Gourévitch s’est aussitôt rapproché de son avocat, Me Gilles-William Goldnadel, en s’attaquant directement à la source : l’AFP. Dans un courrier, que l’Ojim s’est procuré, l’avocat dénonce un article « totalement à charge » contre l’ouvrage, précisant que son client « s’étonne que la dépêche stigmatise sa participation sous forme d’entretiens ou d’interventions à des manifestations organisées par les uns en oubliant celles organisées par les autres ou en niant qu’elles aient eu lieu ».

L’avocat reproche également à la journaliste de « soumettre de façon tendancieuse des éléments de langage extraits du livre uniquement à des personnalités de gauche ou d’extrême-gauche », et termine son courrier en réclamant que l’injustice soit réparée.

Dans sa réponse, le rédacteur en chef-France de l’agence rétorque que « cette dépêche a fait l’objet d’un travail journalistique incluant une interview téléphonique avec (M. Gourévitch) de 45 minutes et le citant à plusieurs reprises ». Ainsi, celui-ci estime que le courrier de Me Goldnadel « ne démontre aucunement un préjudice subi » par l’auteur de l’ouvrage incriminé.

Autant dire que la messe est dite. Interrogé par l’Ojim, M. Gourévitch nous confie qu’il ne compte pas poursuivre l’AFP pour un procès qu’il serait extrêmement difficile de remporter au regard de l’importance et des moyens de l’agence.

Reste donc à tenter, autant que faire se peut, de stopper l’incendie. Mais là encore, il est bien trop tard. Parmi tous les médias contactés, rares sont ceux qui acceptent de toucher ne serait-ce qu’une ligne du papier, encore moins d’accorder à M. Gourévitch un droit de réponse. Une fois la machine enclenchée, il est impossible de renverser la vapeur.

Rue89, qui avait consacré un article assassin aux « Migrations pour les nuls », a cependant accepté un droit de réponse de l’auteur. Dans celui-ci, il explique que « dans sa volonté de démontrer une thèse, (la journaliste) en a oublié la simple déontologie journalistique ». Et après avoir brocardé le fameux « expert » de l’article de Nolwenn Le Blevennec qui ne voulait pas être nommé, le consultant international rappelle que « la seule recension des personnes remerciées page VIII fait apparaître, comme le lecteur pourra le constater, 33 sites, organismes ou personnes de gauche ou d’extrême gauche contre 12 de droite ou d’extrême droite et une cinquantaine d’inclassables ».

Aussi, il souligne que « le lecteur pourra constater que dans les dix débats de fond qui sont présentés sur les migrations, chacun est construit sur un modèle pédagogique indiscutable : historique- arguments du Oui- arguments du Non-Controverses, pour le laisser se faire sa propre opinion en toute liberté d’esprit ».

Et de conclure en insistant sur le fait que « si on veut combattre les thèses extrêmes ce n’est pas en camouflant des faits, des chiffres ou des données mais en les présentant sous leur éclairage parfois contradictoire à des lecteurs qui sont des adultes ».

Quant à Metronews, qui avait également commis un article à charge, le rédacteur en chef, Christophe Joly, avait tout d’abord accepté un droit de réponse de l’intéressé avant de revenir sur sa décision. Par ailleurs l’auteur de l’article, David Perottin, a menacé M. Gourévitch d’une contre-attaque en cas de droit de réponse…

« On peut en effet débattre démocratiquement d’un sujet sensible comme les migrations dans un journal grand public en faisant circuler une information honnête et sans essayer de diaboliser un auteur qui travaille depuis 25 ans sur cette question dans des organismes nationaux et internationaux et qui lutte contre les amalgames, les phantasmes et la désinformation quelles que soient leurs origines », pouvait-on lire dans le droit de réponse. Des propos dont les lecteurs du quotidien gratuit n’auront pas connaissance… Devant cet état de fait, l’écrivain a décidé de porter l’affaire en correctionnelle.

Ces démarches, en plus d’être titanesques (il est en effet impossible de se justifier auprès de 51 médias, voire plus), coûtent cher à l’intéressé. Bien plus cher en tout cas que les droits d’auteur liés à l’ouvrage lui-même, nous confie-t-il. Un chemin de croix qui n’est donc pas à la portée de tous.

Une bouteille à la mer

À défaut de pouvoir vider la mer avec un dé à coudre, l’auteur s’est contenté d’y jeter une bouteille.

Dans une tribune publiée sur le site Contribuables Associés, il estime qu’il y a « une tentative de déstabilisation d’une collection pédagogique de haut niveau et de grande audience en prêtant à un de ses auteurs des engagements qu’il récuse lui-même ».

Et de s’interroger : « Pourquoi n’a-t-on interrogé que des gens situés à gauche ou à l’extrême-gauche et non Gérard-François Dumont, directeur de Population et Avenir et professeur à l’Université Paris IV (qui depuis a d’ailleurs publié un article élogieux sur Atlantico) , Dominique Reynié , professeur des universités à Sciences-Po, directeur de la Fondation pour l’Innovation Politique, Michèle Tribalat directrice de recherches à l’INED, Malika Sorel, spécialiste des migrations et membre de l’ex- Haut Conseil à l’Intégration…. ? » Réponse : parce que le point de vue de ces auteurs ne convient pas à l’AFP, tout simplement.

Après avoir répondu point par point aux accusations de la dépêche AFP, le spécialiste s’indigne que l’on remette en cause aussi ouvertement son indépendance. « Là nous sommes carrément dans la diffamation puisqu’on laisse entendre que je ne travaille que pour l’extrême droite ou l’UMP et que mes autres allégations sont fausses », souligne-t-il.

« Cet article malveillant et tendancieux écrit par une journaliste qui n’a interrogé que des gens situés à gauche ou à l’extrême-gauche pour étayer ses dires passe volontairement sous silence l’aspect pédagogique de l’ouvrage pour diaboliser l’ auteur et l’éditeur et inciter à ne pas le lire », ajoute M. Gourévitch avant de conclure : « Quand le communiqué de presse de l’ouvrage signale que cet ouvrage entend lutter contre les fantasmes, les amalgames et la désinformation, il ne pouvait trouver de meilleure cible. »

Cette tribune esseulée, et les rares droits de réponse et modifications obtenus, c’est tout ce que Jean-Paul Gourévitch aura su tirer de ce combat de David contre Goliath.

La toute-puissance de l’AFP

C’est ainsi que le pouvoir insensé d’une agence de presse omniprésente vient, un matin, frapper à la porte de quiconque aura eu le malheur d’attirer l’attention d’un journaliste de l’AFP en conférence de rédaction. Face au fait accompli, un retour en arrière relève presque de l’exploit. Le cas Gourévitch en dit long sur le parcours du combattant qu’il faut entreprendre, à condition d’avoir l’énergie et les moyens, parcours qui ne permet en outre généralement pas d’obtenir gain de cause.

Suite à cette polémique née dans un bureau parisien, le peu d’effort des éditions First pour promouvoir l’ouvrage fut visible. Pas sûr non plus, après cette marque d’infamie collée sur son dos, qu’une autre maison d’édition « généraliste » ne fasse appel à M. Gourévitch sans y réfléchir à deux fois, et ce malgré sa grande expérience et ses compétences jamais remises en cause. C’est ce que l’on pourrait appeler « l’effet AFP ». Un effet dévastateur face auquel il n’existe, pour l’instant, aucun remède.

L’AFP est un rouleau compresseur redoutable que rien n’arrête et, surtout, que rien ni personne ne semble pouvoir contrôler. Dans une société démocratique qui se respecte, un organe de presse fournissant près de 80 % de l’information des médias nationaux ne devrait-il pas souffrir d’un contrôle plus strict et d’obligations déontologiques accrues ? En soi, cet état de quasi-monopole est-il tolérable ? Des questions qui demeurent pour l’heure bien inaudibles.

Aujourd’hui, Jean-Paul Gourévitch a fait les frais de cette créature toute-puissante qui, chaque matin, remplit la gamelle de médias affamés avides de dépêches portées au rang de vérité absolue. Demain, en allumant votre télévision ou en ouvrant votre journal, vous pourrez, qui sait, découvrir qui vous êtes ou, en tout cas, ce que tout le monde est sommé de penser de vous.

Mort de James Foley : ses confrères témoignent

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Diffusée mardi dernier, la vidéo de l’exécution du journaliste James Foley par l’État islamique a provoqué un choc dans le monde politico-médiatique.

Retenu en otage depuis novembre 2012, date à laquelle il avait été capturé en Syrie par un groupe djihadiste, ce photojournaliste qui travaillait notamment pour le GlobalPost ainsi que pour l’AFP n’a pas laissé ses confrères indifférents tout au long de sa carrière.

Son exécution filmée a provoqué des réactions horrifiées dans la profession. Aujourd’hui, les témoins de sa vie préfèrent se souvenir de l’homme qu’il fut. Un « beau gosse blond au visage anguleux toujours barré d’un sourire, caméra légère à la main », se souvient Daphné Benoît, journaliste à l’AFP. Capturé par les kadhafistes en avril 2011, il avait été relâché mais était aussitôt revenu couvrir le conflit. « Un soir je n’ai pas pu m’empêcher de lui confier mon étonnement. Comment avoir envie de revenir ? Pudique, James m’a répondu en souriant que c’était une évidence, qu’il lui fallait couvrir l’histoire jusqu’au bout. Ce n’était pas une tête brûlée. Juste un journaliste tenace. Il a bien fait : le 20 octobre 2011, James était parmi les rares journalistes sur place lors de la capture et l’exécution de Kadhafi à Syrte », a ajouté Mme Benoît.

À son retour, il avait raconté son expérience aux étudiants de son ancienne école de journalisme. « Quand vous commencez à prendre des risques, que vous avez une alerte sérieuse, vous devez vraiment vous poser des questions. Cela ne vaut pas votre vie », avait-il alors estimé. Interrogé sur les raisons qui le poussaient à se rendre dans des zones si dangereuses, il avait répondu : « Il y a une humanité incroyable en ces endroits. »

« Avec sa petite caméra discrète, son casque et son gilet pare-balles, James Foley était capable de se glisser sur les lignes de front, où il croisait souvent des civils fuyant dans l’autre sens, il s’abritait parfois avec eux au milieu des bombardements », a témoigné Djilali Belaid, coordinateur vidéo pour l’AFP au Moyen-Orient. Et d’ajouter : « Ses images parlaient souvent d’elles-mêmes, mais ses emails accompagnant ses vidéos mentionnaient toujours les noms des personnes interrogées, et même les noms des personnes mortes qu’il avait filmées après des bombardements. Pour lui il n’y avait pas de victimes anonymes. »

Côté captivité, les ex-otages Didier François et Nicolas Hénin ont révélé le lendemain de l’annonce de son exécution avoir été détenu en Syrie aux côtés du reporter. Pour Didier François, « c’était un garçon extraordinaire (…) un compagnon de détention extrêmement agréable, très solide ». C’était aussi « quelqu’un qui ne s’est jamais totalement soumis aux ravisseurs. Il a été extrêmement collectif durant toute la détention, en demandant notamment de la nourriture pour tout le monde ».

Pourtant, selon Nicolas Hénin, autre camarade de détention, Foley était, en tant qu’Américain, l’otage le « plus maltraité » de la bande. « Il est devenu le souffre-douleur des geôliers. Il s’en prenait plein la gueule mais il restait impassible », a-t-il témoigné. Mais malgré ce statut difficile, « c’est un garçon d’une très grande bravoure (…) qui n’a pas eu de chance », a-t-il confié.

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