Source : Ojim.fr – Dans son édition du 11 janvier 2017, Le Monde soupçonne le « penseur iconoclaste » Michéa d’influencer une nébuleuse de jeunes revues conservatrices. « L’Affaire » s’inscrit dans le prolongement d’affaires plus anciennes. Des intellectuels, des revues, des sites inquiètent depuis plusieurs années Le Monde, mais aussi Libération, Les Inrocks ou Le Nouvel Obs. Michéa et de « jeunes gens antimodernes » seraient les derniers avatars de l’offensive d’une « authentique pensée conservatrice ». Le monde des lettres et des médias est-il menacé par une « nouvelle pensée conservatrice » dont Michéa serait le prophète ? Décryptage.
« Enquête sur la nouvelle pensée conservatrice »
Le Monde consacre 4 pages à cette « Enquête sur la nouvelle pensée conservatrice », en deux ensembles. Le premier, par Ariane Chemin, s’intéresse à des « jeunes gens antimodernes » qui « se réclament de penseurs comme Jean-Claude Michéa dans leur combat contre l’idéologie du progrès ». La journaliste a aussi rencontré Alain de Benoist. Le second ensemble, par Nicolas Truong, donne à lire un article factuel consacré à Michéa et à son « analyse du libéralisme qui suscite des réserves plus à gauche qu’à droite ». Truong propose également une lecture du dernier essai du philosophe, Notre ennemi le capital, prolongeant sa « critique obstinée du progressisme ». Les « débats & analyses » du Monde publient aussi deux tribunes. Dans « Une authentique pensée conservatrice », Laetitia Strauch-Bonart, ancienne élève du philosophe au lycée, et auteur de Vous avez dit conservateur ? (Cerf,2016) ne cache pas son admiration pour Michéa : « Nous savions être les heureux élus : la seule classe de terminale S du lycée Joffre, à Montpellier, qui, pour ses trois heures de philosophie hebdomadaires, aurait pour professeur Jean-Claude Michéa ». Strauch-Bonart critique cependant son « aversion » du capitalisme : travaillant en entreprise, la jeune femme ne rencontre pas le capitalisme brocardé par Michéa mais « une société bien plus intéressante et fructueuse ». Elle s’oppose alors à la mode « un peu simple » de la critique du capitalisme « quand d’autres pays rêveraient d’accéder au confort qu’il nous apporte ».