[Dossier] StreetPress : le kébab des médias

[Dossier] StreetPress : le kébab des médias
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[Première diffusion le 7 juillet 2016] Rediffusions estivales 2016

Cette entreprise de formatage idéologique a déjà été évoquée ici dans sa structure, ses moyens et ses buts. Mais le sujet est décidément trop riche pour n’être davantage exploité… L’OJIM revient donc sur StreetPress sous l’angle de sa prose, de sa rhétorique, de sa mythologie : quand la caricature vire au burlesque.

Difficile d’être aussi ouvertement binaire, mais l’info selon StreetPress, ce n’est pas exposer des faits et développer des analyses, mais se masturber sans fin la fibre clanique dans un esprit post-ado où la conscience des choses se limite à ce qui se fait ou ne se fait pas dans le gang, où le débat collectif se réduit à scander en permanence ce noir et blanc fondateur d’une identité précaire, normalement transitoire, mais ici complaisamment entretenue papier après papier. Il y a ce qui est cool : le rap, le foot, les joggings, les manifs, les Noirs et les Arabes, les casseurs, les antifas, les lesbiennes, Internet et les jeux vidéos. Et puis il y a ce qui « fout le seum » : les flics, l’ordre, l’État, les fachos, la grammaire et le monde adulte en général. Misant sans doute sur la chute du QI que subit l’Occident et la dégradation manifeste de l’Éducation nationale pour s’imposer comme média collaboratif sur la tranche des 20/30 ans d’aujourd’hui, StreetPress divulgue à un rythme soutenu un contenu aussi peu nourrissant qu’il est gras, un contenu qu’on consomme en bande sur le même banc entre deux concours de mollards et en observant avec fierté le « nike la police » tout juste gravé sur l’une des lattes de bois ; un contenu débité au kilo, prémâché et noyé sous des épices à la fois artificielles et vulgaires – en somme, StreetPress est aux médias ce que le kébab est à la gastronomie.

Le degré zéro du journalisme

Ce qui distingue a priori le site, c’est la longueur de ses papiers, un format qui dénote dans le monde des médias Internet où la brièveté est en général de mise. On s’attendrait donc à des articles de fond, un peu creusés, avec des arguments substantiels, des analyses développées – que l’espace soit exploité, en somme. On tombe en effet sur quelque chose de tout à fait inédit dans les méthodes journalistiques, mais pour d’autres raisons. Aucun angle, rien n’est problématisé, rien n’est non plus structuré ou articulé, ce journalisme au rabais, exploitant le narcissisme verbeux et ignare de la « Net Generation », propose moins des articles journalistiques que des sortes de témoignages en langage de « djeunes » adhérant totalement à leur sujet, complaisants, longs, prévisibles. Loin de toute réflexion, de toute cérébralité, on s’immerge émotionnellement dans un bonheur de fans, quand, bien sûr, on ne cultive pas la peur des méchants toujours sur un plan purement émotionnel, en évoquant la droite ou les policiers. Mais ce qui est le plus saisissant demeure cette absence totale de distance par rapport à leurs sujets. Par exemple, l’un des derniers « reportages » de StreetPress s’intéresse à la chaîne de vêtements de sport « Foot Korner ». Décrivant fascinés les lieux et les êtres qu’ils découvrent, recueillant les paroles de leurs interlocuteurs comme des trésors à offrir au lecteur, et sans jamais engager le moindre débat ou mettre l’interviewé face à ses paradoxes, ce long papier soulève pourtant des problèmes de société tout à fait exemplaires.

Le fantasme des « Boloss »

La plupart des « journalistes » de StreetPress sont des jeunes Blancs avec des têtes de victimes que leurs idoles de banlieue qualifieraient, sociologiquement parlant, de « boloss » (« bourgeois lopettes », destinés, normalement, à l’humiliation ou au racket par les bandes de racailles des cités). En adoration devant tout ce qui transpire un peu la banlieue, les reporters de StreetPress s’agenouillent donc éblouis devant un exemple de pur libéralisme communautaire tel que l’incarne Foot Korner, sans jamais en relever les aspects problématiques. Notamment, cet enfermement communautaire, faisant que le jeune immigré de banlieue semble toujours davantage condamné à mariner dans une culture précaire qui l’isole du reste du pays, quoi qu’elle fasse fantasmer le petit Blanc qui, lui, aura toujours la possibilité d’y échapper. Les mœurs un rien frustes des deux frères ayant ouvert leur chaîne à succès sont relayées en toute sympathie. Par exemple, ceux-ci tweetent : «#CaCritiqueMaisSaSuceEnChetca », ce qui signifie plus ou moins : « Les mêmes personnes jalouses qui nous critiquent en public tentent de nous séduire en privé. » « Leurs piques régulières sur Instagram leur ont déjà valu quelques soucis. Il y a quelques semaines, un concurrent s’installe à Lille. Ils postent une photo d’un pied qui lève le troisième doigt. »

Manières de caïds de ZEP, ensauvagement des rapports humains, que vient corroborer une autre anecdote. Deux gamins de la cité avoisinante expliquent les raisons pour lesquelles ils se sentent bien chez Foot Korner : « C’est comme si on était au quartier. On n’entre pas en disant : “bonjour, pardon”. En plus on peut tutoyer les vendeurs. »

Derrière la comédie gangsta, le drame social

Forcément, cet ensauvagement des mœurs a parfois des conséquences hors du cadre du magasin lui-même. Par exemple quand le rappeur Niska, en septembre 2015, vient faire une dédicace au « Foot Korner » du Havre et que la fête vire à l’émeute. Cette conséquence logique de la brutalité des rapports décrite plus haut est minimisée d’une manière pour le moins étrange : « La pression était montée et Niska avait dû couper court. Les médias locaux titrent sur une « émeute » après que des jeunes se sont attaqués aux tramways tout proches. » StreetPress insinue donc que le terme « émeute » est inapproprié et stigmatisant. Une « émeute », tout ça parce que des jeunes attaquent des tramways ! Comme vous y allez, ma bonne dame ! Sauf qu’avec un tel comportement, on comprend aisément que la séparation entre la France des banlieues et le reste du pays ne peut que s’aggraver. Une France des banlieues condamnée au rap, au foot, à l’émeute et à se trimbaler en jogging. « On sait que les grands frères, même avec un Bac +5, ils n’y arrivent pas. Alors on se replie sur nous. » Voilà comment se conclue l’article. Et une phrase aussi grave, témoignant d’un repli identitaire revendiqué et posant la question de la désintégration de la société française ne soulève aucune mise en perspective, aucune mise en garde, chez nos petits Blancs en extase. Derrière la comédie gangsta, le drame social, mais chez StreetPress, jamais on ne franchit le premier degré des choses.

Potentiel comique de la bêtise

Cela dit, cette invincible adhésion au premier degré possède parfois des vertus comiques. L’article sur Babacar Gueye, jeune sénégalais clandestin tué par la police, à Rennes, au cours d’une crise de démence, vire involontairement au burlesque le plus époustouflant. Louis Demarles réalise une « contre-enquête » afin de transformer un fait divers tragique en dossier à charge contre la police qui aurait commis une « bavure » dans cette affaire. Il s’agit de monter tout un scénario pour mettre en scène l’acharnement supposé d’une police digne de celle de Vichy vis-à-vis des nouveaux Juifs de 40 qu’incarneraient les clandestins. On va donc commencer par transformer Babacar Gueye en nouvelle Anne Franck, en racontant sa journée pour susciter l’empathie. Chez StreetPress, un clandestin n’est pas un clandestin, ce n’est même pas un « sans-papier », c’est mieux, c’est un « sans-pap’ » ! L’étranger ayant pénétré dans votre pays de manière illégale, par les vertus de l’apocope, est devenu d’un coup « tellement cool et stylé » qu’on aimerait tous, comme lui, être un « sans-pap’ ». Avant le drame, afin de pousser au maximum l’identification et le pathos dans cet exercice d’intoxication qu’est la prétendue « contre-enquête », Demarles touche au sublime : « Le 2 décembre, la soirée commence tranquillement pour « Baba », mais le jeune sans pap’ a le blues. » Cette manière de romancer des faits que, pour sa part, l’enquêteur n’a jamais été en mesure d’observer n’est pas franchement déontologique. Mais comme toujours, ce qui compte, ce n’est ni la vérité ni la raison, mais la jouissance émotionnelle partisane. Bref, notre « sans pap’ » qui va bientôt être victime d’une police immonde a pourtant « tout fait pour s’intégrer. Bon danseur, il a pris des cours de Salsa avant de dispenser à son tour des cours de danse africaine. » Il a dû se tromper de continent à intégrer, possiblement. Mais ce : « Il a tout fait pour s’intégrer, il a pris des cours de Salsa », rédigé sans rire, sans trembler, est d’un comique involontaire redoutable.

Exploitation idéologique des faits divers

Bref, en ce 2 décembre, en pleine nuit et comme il a le blues, notre jeune « sans pap’ » s’empare d’un couteau de cuisine, s’automutile et blesse le jeune homme qui l’héberge. «Il exécutait des petit pas de danse, et des gestes d’automutilation, qui laissaient sur son bras et son ventre de légères éraflures. Ce sont des gestes rituels Baye-Fall [obédience religieuse, ndlr]. » Le type s’automutile et vous blesse au couteau en pleine nuit parce qu’il se sent « persécuté par des esprits » et il pousse des cris en wolof, mais cela ne relève sans doute que d’une option culturelle différente qu’il faudrait découvrir avec bienveillance… Le colocataire appelle donc les pompiers et s’étonne que la Bac débarque également (en même temps, vu la situation, on s’étonne qu’il s’étonne que les pompiers aient pu ressentir le besoin d’une escorte). Celle-ci ne parvient pas à obtenir de « Baba » qu’il lâche son couteau et le perçoit comme très agressif. Ce qui serait donc faux, d’après Pierre, le coloc : « La voix de “Baba” était rauque, il était effrayé et effrayant, mais il n’était pas menaçant. » Nuance qu’on ne peut reprocher aux policiers de n’avoir eu la subtilité de percevoir. Ensuite, le « sans pap’ » en transe avance dans l’escalier arme au poing, les policiers paniquent, tirent, l’homme se relève et poursuit sa route armé. Jusqu’à tomber enfin inconscient mais toujours en vie. Il succombera malheureusement de la suite de ses blessures. La situation est donc très claire : les policiers ont paniqué et n’ont pas géré la situation au mieux, c’est évident. Mais il n’y a nulle part une « bavure », ils n’ont pas profité de leur uniforme pour maltraiter quelqu’un. L’article est illustré par des stickers appelant à l’abolition des frontières et des patries. Mais la nature-même de « sans pap’ » n’a strictement aucune incidence dans le drame qui nous est rapporté. Des policiers gèrent mal la crise de démence d’un individu armé. Celui-ci aurait-il été blanc ou jaune, clandestin ou français depuis Vercingétorix, que leur réaction aurait été la même. C’est donc le pseudo journaliste qui exploite, lui, sans vergogne, un fait divers tragique pour l’enrégimenter au service de sa cause, et quoi qu’il ne dispose d’aucun élément tangible qui puisse le lui permettre. Et l’on peut trouver cet acharnement contre l’image de fonctionnaires français sous-payés et confrontés à des situations toujours plus difficiles, de la part de fils de bobos se prenant pour des journalistes, tout simplement immonde.

Des perles à chaque article

Sur StreetPress, on glane des perles à chaque article, au point que, si la lecture n’était si fastidieuse, on serait tenté de les collectionner. Dans un article titré « À Lille, la Police (s’)éclate » et qui présente encore les fonctionnaires de Police comme des brutes assoiffées de sang réprimant les manifestants, attaché à héroïser ces derniers, le journaliste écrit cette phrase : « Un homme en fauteuil roulant décide de faire un sitting. Il restera sur place un bon bout de temps. » Il est vrai que la faculté des tétraplégiques à éterniser les « sittings » est remarquable ! Réalisant le portrait de Marcus, un communautariste africain de la « brigade anti-négrophobie », on relaie ceci au sujet des clandestins : « Après les attentats, on a dit que certains terroristes s’étaient mêlés à eux pour rentrer en France. On trouvait ça important de soutenir une population stigmatisée » explique Marcus. Et le rédacteur de ne pas relever, d’abord, que les faits présentés comme des mensonges (des terroristes se sont glissés parmi les clandestins) sont avérés. Ensuite, que ce déplacement du statut de victime des jeunes Français assassinés comme des bêtes de boucherie vers les clandestins qui pourraient, éventuellement, voir leur réputation être ternie après les événements, est moralement tout à fait scandaleuse. Plus loin dans l’article, on relaie encore sans la moindre distance la défense grotesque que l’avocate du militant anti-français présente au tribunal qui l’a déjà été condamné deux fois pour « outrage à agent » : « « Mon client n’est pas violent mais il exprime ses convictions de manière risquée » complète Maitre Terrel. » Hitler devait être à peu près dans les mêmes dispositions…

Reporters en toc pour révolutionnaires en carton

Quand StreetPress réalise un reportage sur les Black Blocs, ces autres fils de bourgeois désœuvrés occupés à se donner des émotions en saccageant l’espace public et en s’affrontant aux CRS, le ton épique, l’adhésion infantile, l’absence de recul et la modalité binaire sont de mise. « Autour d’un café, Ahmad et Jonathan rembobinent la scène, des étincelles dans les yeux : « C’était vraiment la honte pour eux. On a inversé le rapport de force. On a vu la peur dans leurs yeux… Ils se sont pris une branlée de fou ». » Donc la violence, dans ce sens-là, est présentée comme héroïque et exaltante. Mais quand les jeunes branleurs prennent leur fessée, on obtient ça : « Il grimace douloureusement. Selon lui, les policiers n’y vont pas avec le dos de la cuillère : « Des manifestants ont pris des flash-ball dans la tête. Certains ont failli perdre un œil ». Ça veut dire que les règlements ne sont pas respectés par la police. L’État laisse faire parce que ça permet de maintenir l’ordre par la peur. » On devrait sans doute en conclure que les CRS sont priés, de leur côté, de retenir leurs coups et de ne pas trop éprouver nos Che Guevara en herbe. On ne peut pas, d’un côté, outrepasser toutes les limites du droit encadré de manifester pour prôner la violence révolutionnaire, et de l’autre, se plaindre que l’État se défende. La naïveté de la réflexion trahit bien, cela dit, à quel point, les gamins en question entendent moins faire la révolution que de jouer à la révolution et, par conséquent, entendent ne se faire tirer dessus qu’avec des balles à blanc.

Idiotie utile

C’est un peu la même chose avec les journalistes de StreetPress : ils jouent aux journalistes, aux éveilleurs, aux esprits forts, sans se rendre compte qu’ils prônent indirectement toutes les conditions culturelles nécessaires à imposer en Europe un libéralisme communautariste et libertaire à l’américaine, avec toutes les contradictions manifestes qu’un tel système comprend. Mais ça, ça ne tient pas à la prétendue violence policière, mais au génie des adultes qui, de tout temps, manipulent la fougue et la bêtise adolescentes.

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[Dossier] Du côté de la racaille, traitement médiatique des événements d’Ajaccio

[Dossier] Du côté de la racaille, traitement médiatique des événements d’Ajaccio
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[Première diffusion le 11 janvier 2016] Rediffusions estivales 2016

Après la tentative de lynchage qu’ont subie des pompiers dans la nuit de Noël, le mouvement de population né à Ajaccio a fait les unes des médias et secoué plusieurs jours de suite la torpeur digestive suivant les fêtes de familles. Avant l’an neuf, la plupart des médias français ont pu ainsi montrer leur vieille capacité intacte à tout inverser des responsabilités, des causes et des conséquences, pour le plus grand bénéfice de la racaille anti-française.

C’est une nuit de Noël, une nuit sacrée pour la plupart des Français comme pour de nombreux peuples dans le monde. La seconde plus grande fête religieuse chrétienne après Pâques, et qui a conservé son aura en dépit de la déchristianisation des pays d’Europe, quitte à se résumer, au-delà de la dimension purement consumériste, à une fête des enfants ou de la famille. Afin de demeurer au service de leurs concitoyens, beaucoup de fonctionnaires comme de simples volontaires, se privent néanmoins de ces réjouissances.

C’est le cas des pompiers et policiers d’Ajaccio qui vont être agressés ce soir-là dans le cadre de ce qui va donc se dérouler sous le signe d’une profanation multiple. Profanation d’une fête chrétienne au terme d’une année où le pays aura été ensanglanté systématiquement au nom de l’Islam. Profanation d’une fête de famille sur une île où les liens familiaux sont encore sacrés. Profanation des valeurs civiques élémentaires elles-mêmes : s’en prendre à des pompiers, venus dans l’intention de secourir leurs concitoyens au lieu d’être restés en famille ce soir-là, atteignant un degré de scandale particulièrement odieux.

Après avoir organisé un guet-apens, des jeunes gens de la cité des « Jardins de l’Empereur » se jettent sur les pompiers armés de battes de baseball, de clubs de golf et d’acide. Le nombre de personnes impliquées dans l’attaque est impressionnant, comme la violence déployée, c’est ce dont témoigne Nicolas, l’un des pompiers blessé : « Le pompier, blessé à l’œil, explique qu’à leur arrivée sur les lieux, les pompiers se sont trouvés face à une cinquantaine de personnes armées. En tentant de rebrousser chemin, ils se sont trouvés dans un « guet-apens d’une vingtaine de personnes ». Armés de pierres, parpaings et battes de baseball, leurs attaquants s’en sont pris violemment au camion et ont réussi à briser les vitres. « On a vraiment frôlé la catastrophe, il aurait pu y avoir des morts », explique le pompier visiblement encore choqué par l’attaque. »

La Haine

La volonté de commettre le maximum de dégâts, voire de tuer, est manifeste. Qu’est-ce qui peut donc motiver une telle soif de profanation symbolique et de violence concrète ? « Là, c’était plus que de la violence. De la haine », rapporte encore le jeune pompier volontaire. Une haine farouche, en effet, furieuse, partagée, sans doute entretenue, et une haine de nature xénophobe : « Sales Corses de merde, cassez-vous, vous n’êtes pas chez vous ici ! », voilà avec quels cris fut perpétrée l’agression, voilà quelle fut la revendication accompagnant l’assaut, en somme : « Corsi fora ! », « Les Corses dehors ! »

Ce n’était donc pas aux pompiers ou aux policiers en tant que pompiers ou policiers que l’on s’en prenait, c’était à ces gens en tant qu’ils étaient corses, le soir d’une fête importante pour eux, parce qu’ils étaient également chrétiens. La haine raciste telle qu’elle avait été entretenue dans la cité des « Jardins de l’empereur » était donc parvenue à mobiliser soixante-dix personnes pour lyncher du Corse la nuit de Noël. En Corse. Ainsi ont été commis de tels actes : racistes, antichrétiens, antirépublicains et sécessionnistes, de manière préparée, revendiquée et caractérisée, dans la nuit du 25 décembre 2015.

Pourtant, et en dépit de leur gravité, ces actes n’auraient jamais dû être rapportés à la population française et leur évocation aurait dû être circonscrite à Corse Matin. En effet, ils auraient simplement dû gonfler la liste de ces faits divers cadrant mal avec le politiquement correct que les médias français laissent pudiquement dans l’ombre, et dont Laurent Obertone avait montré en revanche à la fois la masse et la cohérence dans son best seller : La France Orange Mécanique (Ring), paru en 2013.

Une étrange équivalence

Si ces faits ont été portés à la connaissance du pays entier, ce n’est pas parce qu’ils étaient particulièrement choquants, ce n’est pas parce qu’ils étaient le symptôme alarmant d’une guerre civile larvée aux épisodiques explosions qu’il eût été essentiel de prendre en compte, non, il faudrait pour cela disposer, dans les médias français, d’autre chose que de larbins dévoués à la propagande que n’entourent, visiblement, que des lâches ou des idiots. Si ces faits ont été portés à la connaissance du pays entier, c’est parce que pour la première fois, le peuple autochtone insulté, agressé et humilié, s’est levé. Parce que, préservée par la situation insulaire, une solidarité populaire instinctive subsiste toujours en Corse, et que n’y règne pas encore l’ignoble indifférence dans laquelle se sont fait agressés en 2014, par exemple, 1600 pompiers, dans la France continentale. Et ce réflexe de santé morale, cette preuve de cohésion sociale, d’authentique « vivre-ensemble » qui fait que toute la population locale s’est sentie blessée à travers ses pompiers, a donc été relayée, elle, afin d’être criminalisée par les médias dominants. C’est un tweet du premier ministre qui a donné la ligne à suivre, ligne qui fut à peu près relayée partout : « Corse : après l’agression intolérable des pompiers, profanation inacceptable d’un lieu de prière musulman. Respect de la loi républicaine. »

« Agression intolérable » vs. « Profanation inacceptable » : la balle au centre, et vive la République ! C’est-à-dire Valls et le pouvoir médiatico-politique. Entre une population légitimement indignée qu’il est censé représenter et protéger par son mandat de Premier ministre et une horde brutale d’ennemis déclarés du pays se livrant à des actes de guerre civile, le ministre voit une équivalence et refuse de choisir son camp… Et la plupart des médias aussi, par la même occasion, réduits à leur rôle de haut-parleurs de la Pensée Unique. Sauf que la mise en équivalence de ces faits relève de la pure manipulation, et qu’elle est possible, cette mise en équivalence, justement parce que le premier fait n’aurait pas été relayé si n’avait été le second.

Manipulation de masse

Pourquoi cette équivalence est-elle absurde ? Pourquoi tient-elle d’une manipulation parfaitement malhonnête ? C’est d’abord mettre sur le même plan agressés et agresseurs. C’est ensuite considérer qu’attaquer des pompiers à soixante-dix avec des parpaings, des battes de baseball et de l’acide une nuit de Noël est un acte d’une gravité comparable à celle de brûler deux exemplaires du Coran en représailles…

Débordements regrettables, peut-être, mais tellement infimes, tellement raisonnables, quand on imagine qu’une foule de trois cents personnes légitimement scandalisée s’est limitée à de telles bavures… Faut-il avoir une seule notion d’Histoire et de psychologie des foules pour s’indigner de « débordements » aussi remarquablement infimes ? Que connaissent donc du monde et de la réalité humaine ceux des journalistes qui se sont émus ? Comment ose-t-on présenter un imam en victime sur toutes les télévisions du pays en suggérant les souffrances des Musulmans de France, dans un pays où, on n’a cessé durant toute une année de faire couler le sang au nom de l’Islam et alors que les Musulmans n’ont, pour l’heure, qu’à déplorer la perte de deux exemplaires du Coran ? Comment ose-t-on traiter de xénophobes des Corses insultés, agressés et priés de dégager de leur propre terre parce que ces derniers se contentent de répliquer à ceux qui les insultent qu’ils sont chez eux ?

De l’équivalence à l’inversion

L’article de Kael Serreri, dans le Libération du 27 décembre, s’inquiète du problème corse et parvient à franchir un degré supplémentaire dans la manipulation. En effet, au-delà d’une mise en équivalence oiseuse et odieuse, il s’agit carrément de présenter le peuple corse agressé comme une classe dangereuse, et les agresseurs comme des victimes essentialisées pour les siècles des siècles.

Le journal de gauche composé intégralement de bourgeois blancs parisiens et dont l’ennemi juré est devenu le prolétariat trahi, se trouve toujours à la pointe de la désinformation et le prouve encore à cette occasion. Dès le chapô de l’article, c’est l’ « islamophobie » qui est dénoncée. Puis on lit : « Il y a quelque chose de pourri au royaume d’Ajaccio. Depuis quatre-vingt-seize heures flotte une odeur rance dans les rues de la cité impériale. Des effluves nauséabonds produits par des tensions lentement macérées. »

Le vocabulaire standardisé de journalistes disposant d’autant de mots pour décrire la réalité qu’une standardiste hitlérienne nous livre un bel échantillon de ce qu’Élisabeth Lévy appelle « la gauche olfactive ». « Pourri », « odeur rance », « effluves nauséabonds », la truffe du rédacteur se plisse, il bave, aboie : « Fachos ! Fachos ! Fachos ! » L’intertitre du second paragraphe est « Fantasme », pour évoquer la crainte de l’insécurité et de l’islamisation afin de ranger dans le camp des « victimes » la population des « Jardins de l’empereur » : « ces derniers endossant le costume de boucs émissaires devant le risque d’une prétendue « islamisation » de l’île. » Voilà. Le chien de garde a fait sa besogne et en quelques phrases, les bourreaux sont devenus des victimes et les victimes des bourreaux. Pourtant, si le rédacteur pensait avec sa raison plutôt qu’avec sa truffe, il se pourrait qu’il s’aperçoive qu’il est difficile de présenter comme un « fantasme » le développement de l’insécurité dans l’île quand les événements qui viennent précisément de s’y produire consistent en un guet apens pour ratonner du Corse organisé par soixante-dix racailles. Qu’il est difficile de présenter comme un fantasme la possible « islamisation » de l’île, quand on rapporte toujours dans le même article deux témoignages concordants qui la prouvent : «Depuis deux ou trois ans, la situation évolue. Les assistantes sociales témoignent de ce changement : les hommes refusent plus fréquemment de leur serrer la main qu’auparavant, les femmes se voilent davantage.» «Nous n’avons pas l’habitude de voir ce genre de choses en Corse. La vie du quartier est devenue plus tendue au fil des ans. Des femmes voilées de la tête aux pieds, des hommes en jellaba, cela alimente le sentiment diffus de division de la société insulaire, et crée une angoisse», témoigne une ancienne enseignante à l’école de l’Empereur. » Fantasme, l’article de Libé ?

L’unanimisme médiatico-politique

« Les réactions sont unanimes » pouvait-on entendre dans le journal de France 2 du 26 décembre, unanimes pour condamner la profanation d’une salle de prière musulmane, fait érigé en sommet du scandale ajaccien.

S’ensuivait un reportage sur les Musulmans terrorisés (victimes n’ayant pas le moindre blessé à exhiber à charge) et enfin, conclusion ultime du sujet corse : le témoignage d’un imam expliquant que l’islamophobie est ce qui nourrit la radicalisation, ce pourquoi l’effrayaient les événements d’Ajaccio. Personne, bien sûr, pour décrypter en quoi cette morale finale tenait d’un chantage parfaitement dégueulasse, en somme : « Tenez-vous bien avec les Musulmans, même quand ceux-ci ratonnent vos pompiers, sinon les radicalisés se multiplieront et viendront fusiller vos gosses ».

Dans ce conflit, les médias comme les politiques auront donc pris la défense de la racaille de banlieue contre le peuple humilié, sur-jouant la carte d’une prétendue islamophobie afin d’immuniser les coupables, arguant d’équivalences aberrantes, et retirant tous la même leçon de cette histoire où les Corses sont victimes de racisme anti-corse : il y aurait un danger islamophobe sur l’île. Tandis que leurs nouveaux élus « nationalistes » rivalisaient d’allégeance à la Pensée Unique, au point qu’on se demandait quelle identité corse ils pouvaient bien défendre, si l’essence de cette identité se trouvait être le cœur de la doxa progressiste parisienne, les Corses durent subir, après les insultes et les agressions de la racaille, le mépris de la caste. Preuve qu’insulaires ou non, les Corses sont bien définitivement français.

Crédit photo : DR

[Dossier] Ces patrons de presse cités dans les « Panama Papers »

[Dossier] Ces patrons de presse cités dans les « Panama Papers »
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[Première diffusion le 19 mai 2016] Rediffusions estivales 2016

Début avril, l’International Consortium of Investigate Journalists (ICIJ), basé à Washington, révélait plus de 11,5 millions de documents confidentiels issus du cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca. Des personnalités étaient citées comme ayant eu recours à ce cabinet pour créer des sociétés offshore afin de dissimuler leurs actifs. Parmi elles, des patrons de presse…

Patrick Drahi, actionnaire de Libération, L’Express, BFMTV…

Propriétaire d’Altice (SFR, Numéricable) et actionnaire de nombreux médias français (Libération, L’Express, BFMTV, RMC), Patrick Drahi a vu son nom repris par L’Obs et « Cash Investigation » (mais pas Le Monde…) dans le scandale des « Panama Papers ».

Aussitôt, Altice s’est fendu d’un communiqué affirmant avoir eu recours tout à fait légalement, entre novembre 2008 et décembre 2010, aux services d’une société panaméenne. « Le groupe international Altice, que contrôle M. Patrick Drahi et qui compte aujourd’hui 262 filiales et participations dans le monde, a recouru à une société panaméenne, dans laquelle ni M. Patrick Drahi ni le groupe Altice n’ont jamais détenu, directement ou indirectement, de participation », explique le communiqué.

Pour Altice, cette société offshore « a été utilisée sur des opérations accessoires pour des raisons de stricte confidentialité et dans des conditions parfaitement légales, sans aucune incidence fiscale, et a fortiori étrangères, de près ou de loin, à toute fin d’évasion, de dissimulation, ou d’optimisation fiscale ».

Il faut dire que l’organigramme de l’empire Drahi est tellement complexe qu’il est difficile de s’y retrouver. Malgré tout, quelques lignes se dégagent, notamment grâce à ce graphique réalisé par Capital (voir également notre infographie).

On peut voir que la holding Altice SA est domiciliée au Luxembourg, État fantôme à la fiscalité aussi attractive qu’opaque. « De là, plusieurs embranchements, dont l’un passe par la société Next LP à Guernesey, autre paradis fiscal, qui détient Jenville SA au Panama qui, elle même, possède Altice Média France », précise Capital. C’est dans le porte-feuille de Jenville SA que se trouvent, justement, les médias contrôlés en France par Drahi.

Si BFMTV s’est empressée de défendre son patron et qu’Altice nie tout en bloc, l’empire Drahi offrira sans doute de nombreux secrets à qui voudra bien s’y intéresser en profondeur…

Juan Luis Cebrian, patron du groupe Prisa (El País)

Patron du journal espagnol El País, Juan Luis Cebrian s’est retrouvé lui aussi, mêlé à cette vaste affaire.

Comme le rapporte le journal El Confidencial, M. Cebrian aurait pour intime Massoud Farshall Zandi, entrepreneur irano-espagnol, qui aurait utilisé les services du cabinet Mossack Fonseca pour cacher au fisc les activités offshore de la société espagnole Star Petroleum. Or cette société, dont les activités ont été cachées au Luxembourg, à Samoa ou encore aux Seychelles, est détenue à 2 % par Cebrian, assure El Confidential.

Pire : ce dernier envisageait il y a peu d’acquérir de nouvelles parts pour près de 14,5 millions d’euros. Concernant Zandi le journal El Mundo en remet une couche : « les documents de l’enquête montrent manifestement que l’entrepreneur a été aidé par le cabinet Mossack Fonseca pour constituer des sociétés offshore aux Seychelles et aux Samoa, à travers lesquelles il contrôlait Star Petroleum, dont le siège administratif se trouve à Madrid et le siège fiscal au Luxembourg. »

Pour Juan Luis Cebrian, « ces insinuations sont totalement fausses ». Portant l’affaire devant les tribunaux, le patron du groupe Prisa a même ordonné aux journalistes de son groupe de ne plus accueillir les journalistes des trois médias ayant rapporté l’information que sont la chaîne La Sexta, El Confidential et le site eldiario.es. Ignacio Escobar, rédacteur en chef d’eldiario.es et chroniqueur sur la radio Cadena Ser (propriété de Prisa), a d’ailleurs reçu une lettre de licenciement. « Je ne regrette rien de ce qu’a publié le journal que je dirige, malgré les conséquences. J’ai accompli mon devoir de journaliste », a-t-il commenté.

Suite à ces révélations, une guerre ouverte fait rage dans la presse espagnole. La suite se déroulera devant les tribunaux.

Iskandar Safa, propriétaire de Valeurs Actuelles

Comme le rapporte Le Monde, l’homme d’affaires français d’origine libanaise a toujours aimé « être dans l’ombre des hommes de pouvoir ». Proche de la famille royale saoudienne et de Jean-Charles Marchiani, ministre de l’Intérieur sous Pasqua, il a entre autres servi d’intermédiaire pour la libération des 4 otages français au Liban en 1986.

Grâce à ses réseaux au Moyen-Orient, il a récolté par la suite de nombreux contrats, dont un, en 2003, de plusieurs centaines de millions de dollars avec les Émirats arabes unis avec le soutien direct de Jacques Chirac. À cette période, il tisse des liens solides avec la famille royale d’Abou Dabi et crée, en 2007, il holding spécialisée dans la construction de bateaux militaires et yachts de luxe.

« Il n’est dès lors pas incohérent de retrouver dans les « Panama papers » le nom d’Iskandar Safa associé à la gestion de deux sociétés offshore appartenant au cheikh Abdallah Ben Zayed Al Nahyane, frère du président des Emirats arabes unis et ministre des affaires étrangères », note Le Monde. D’après la base de données de la firme offshore Mossack Fonseca, M. Safa a agi au nom du cheikh dans Marshdale SA et Mainsail Holdings Corp.

En France, ce dernier a fait l’objet d’une procédure judiciaire en 2009 : il aurait utilisé ses comptes bancaires pour verser des rétrocommissions sur la rançon des otages français au Liban. Plus tard, le juge d’instruction prononcera un non-lieu général.

Enfin, Iskandar Safa est également actionnaire et bénéficiaire d’au moins deux sociétés offshores aux îles Vierges britanniques. Ces deux sociétés ont servi au montage financier visant à acheter les droits d’exploitation sur des champs gaziers en Pologne… Grâce à un réseau financier tortueux, Safa se retrouve ainsi mêlé, de près ou de loin, à de nombreuses sociétés et contrats dans différents paradis fiscaux, du Luxembourg aux îles Vierges en passant par les Antilles néerlandaises. Pour son avocat, en revanche, son client « revendique sa liberté de choix » et « gère ses affaires en respectant la loi ».

Rodolpho De Benetti, propriétaire du magazine L’Espresso

Industriel, patron de Sogefi Group et actionnaire de L’Espresso, l’un des principaux magazines italiens, Rodolpho De Benedetti a également été cité comme étant mêlé aux « Panama Papers ».

En effet, de 1995 à 2003, celui-ci a été administrateur de McIntyre Limited, une société offshore installée aux îles Vierges britanniques, en association avec un Français spécialisé dans la finance, Antoine Bernheim. « Cette société a été fermée voilà plusieurs années », s’est-il défendu, expliquant qu’elle servait à « à gérer les anciennes économies de la famille ».

Sommé de s’expliquer dans son propre journal, ce dernier poursuit : « Je n’ai jamais été actionnaire ou bénéficiaire économique de McIntyre. Mon nom n’apparaît qu’en tant que membre du conseil d’administration. Enfin, je tiens à souligner que je déclare tous mes revenus et que je paye mes impôts en Italie. »

Entretien avec Gilles-William Goldnadel

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[Première diffusion le 30 juin 2016] Rediffusions estivales 2016

Gilles-William Goldnadel a fondé et préside Avocats sans frontières. Ancien secrétaire national de l’UMP chargé des médias, il décrypte régulièrement les errements et les partis pris du service public en particulier de France Inter. Invité régulier du Figarovox et du site néo-conservateur Atlantico, il intervient fréquemment dans l’émission de radio Les Grandes Gueules sur RMC et rédige un billet hebdomadaire pour Valeurs actuelles. Il s’est livré au jeu des questions réponses avec l’Ojim. Sans langue de bois.

Crée en 2012, l’Observatoire des Journalistes et de l’Information Médiatique (OJIM) est une association loi 1901 dont le but est « d’informer sur ceux qui nous informent ». Intéressé par le monde de l’information, son évolution, son influence mais aussi ses dérives, l’Ojim souhaite donner au public les éléments de compréhension sur la fabrication de l’information et la manière dont celle-ci peut parfois être filtrée ou biaisée. L’Observatoire publie ainsi des brèves au quotidien sur l’actualité des médias, mais aussi sur les petites ou grosses manipulations qu’il débusque, notamment grâce à son réseau de lecteurs qui les lui signale, et qu’il publie après vérification.

Mais l’Ojim constitue également au fil des semaines une ressource de qualité sur le monde des médias avec la mise en ligne d’infographies exceptionnelles sur les grands groupes médiatiques et des portraits complets de journalistes (près de 200 à ce jour) qui permettent de mettre en perspective leur discours généralement présenté comme neutre, et qui ne l’est pas toujours. Enfin, l’Ojim publie des dossiers de fond qui analysent le rôle des médias dans la formation de l’opinion publique. La grande force de l’Ojim réside dans sa liberté totale vis-à-vis des médias et dans son indépendance politique et financière absolue. L’Ojim ne vit en effet que grâce aux dons de ses lecteurs, ce qui lui permet de rétribuer ses rédacteurs et d’obtenir des informations de qualité.

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L’interview israélienne de Valls verrouillée par 4 journalistes de Patrick Drahi

L'interview israélienne de Valls verrouillée par 4 journalistes de Patrick Drahi
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[Première diffusion le 21 mai 2016] Rediffusions estivales 2016

Dimanche 22 mai au soir, Manuel Valls accordera depuis Israël un entretien simultané à quatre médias.

Un entretien mené par quatre journalistes : Paul Amar (i24news), Apolline de Malherbe (BFMTV), Christophe Barbier (L’Express) et Laurent Joffrin (Libération).

Leur point commun ? Ils ont tous pour patron Patrick Drahi ! En effet, l’homme d’affaires israélien, qui n’a jamais caché son militantisme en faveur de l’État juif (pour lequel il a abandonné sa double nationalité franco-israélienne), est à la fois actionnaire de Libération à 80 %, propriétaire des magazines du groupe belge Roularta (dont L’Express), fondateur de la chaîne d’information israélienne i24news et, depuis peu, co-propriétaire de NextRadioTV, le groupe d’Alain Weil possédant BFMTV, BFM Business et RMC.

Quoi qu’il en soit, la teneur de l’entretien au Proche-Orient laissera peu de place aux surprises. Si on connaît les positions de Manuel Valls sur la question, l’interview sera également organisée par Harold Hauzy, « conseiller en communication » de Manuel Valls qui avait suivi – en 2011 et avec le « Comité juif américain » – une « formation éducative sur Israël ».

Ainsi, il s’agira bel et bien d’une grosse opération de communication ultra-balisée, mise en place « en partenariat » avec Patrick Drahi et ses troupes, plus que d’un réel exercice journalistique.

Crédit photo : Parti socialiste via Flickr (cc)

Pour Canal+, le FN a « une part de responsabilité » dans le meurtre de Jo Cox

Pour Canal+, le FN a « une part de responsabilité » dans le meurtre de Jo Cox
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[Première diffusion le 22 juin 2016] Rediffusions estivales 2016

Le numéro deux du Front National était l’invité du « Grand Journal » du 17 juin dernier. Après le meurtre de la députée britannique pro-UE Jo Cox par un partisan déséquilibré du Brexit, l’occasion était trop belle pour Canal+ de faire porter le chapeau au parti frontiste.

Rappelant cet assassinat, perpétré au cri de « Britain First » (« La Grande-Bretagne d’abord ! »), puis évoquant les agressions à l’encontre des journalistes ou encore des universitaires, Maïtena Biraben n’a pas hésité à interroger Florian Philippot sur la « part de responsabilité » de son parti dans ce climat. « C’est une plaisanterie ? », a alors rétorqué le député européen.

Mais non, la question était sérieuse et ô combien habile afin d’assimiler le Front National à un assassinat pourtant perpétré outre-Manche. « Vous utilisez la mort de cette député et vous l’instrumentalisez », a poursuivi Philippot. « Je dis juste que la violence nourrit la colère et que le FN n’a eu de cesse de dénoncer les élites, de parler de connivence des médias, d’incompétence des politiques, que cela participe de cette colère et que donc vous l’avez nourrie », renchérit la présentatrice.

« C’est assez extraordinaire que vous sortiez votre planche de surf pour surfer sur cette mort. Je vous laisse à votre responsabilité et à votre conscience », a alors lâché Philippot, rappelant qu’il y avait en effet « de la colère dans le pays » et que les journalistes sont censés le savoir, à moins de vivre « dans un autre monde ».

Il y a quelques jours, lors de la tuerie d’Orlando, certains médias et journalistes n’avaient pas hésité à faire un autre parallèle surréaliste, mêlant la Manif pour Tous et Christine Boutin à ce drame pour ne pas avoir à désigner le véritable coupable : le terrorisme islamique. Une méthode devenue courante pour une élite médiatique vivant en vase clos et largement dépassée par le réel.

Dallas : Pour Goldnadel, le mot « racisme » manque cruellement à l’appel

Dallas : Pour Goldnadel, le mot « racisme » manque cruellement à l'appel
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[Première diffusion le 13 juillet 2016] Rediffusions estivales 2016

Après le drame de Dallas, où un homme noir a tué un grand nombre de policiers blancs pour « se venger » des crimes commis par d’autres policiers blancs, un mot manquait, dans les médias comme dans la bouche du président Obama : racisme.

C’est en tout cas l’avis de l’avocat Gilles-William Goldnadel. Dans une tribune publiée sur le site du FigaroVox, ce dernier rappelle qu’après la tuerie d’Orlando, déjà, on avait évité au maximum de parler d’islamisme, préférant qualifier la fusillade d’acte homophobe (malgré les orientations sexuelles du tireur) imputable aux lois sur le port d’arme.

Pour Dallas, ce sont les mêmes méthodes qui sévissent. Bien que le mot « racisme » serait « venu naturellement aux lèvres de n’importe qui si, par exemple improbable, un Français voulait tuer un musulman intégriste pour venger le 13 novembre », personne n’a souhaité se mouiller après ce carnage pourtant ouvertement raciste. « Comme si, ici, l’évocation du racisme d’un noir, forcément victime par essence, était impossible à dire », déplore Goldnadel.

Ce constat fait, l’avocat évoque la responsabilité de Barack Obama, suivi aveuglément par la presse. « À chaque fois qu’une polémique a défrayé la chronique policière et criminelle (Trayvon Martin à Stanford en Floride, Michael Brown Ferguson dans le Missouri ou Freddy Gray à Baltimore), à chaque fois Obama, pour le plus grand plaisir de la presse de gauche et des démocrates gauchisants, a pris parti systématiquement contre la police », rappelle-t-il.

Une situation grave qui, à défaut de préserver illusoirement les sensibilités de chacun, envenime les choses et accroît les tensions. Et dans ce domaine, inutile de préciser, comme le fait Goldnadel, que la presse française n’a rien à envier à sa consœur d’outre-Atlantique…

Voir notre entretien vidéo avec Gilles-William Goldnadel

Occultation de l’origine des délinquants dans les médias : l’aveu de Quatremer

Occultation de l’origine des délinquants dans les médias : l’aveu de Quatremer
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[Première diffusion le 25 janvier 2016] Rediffusions estivales 2016

Les observateurs avertis de la presse et les lecteurs de l’Ojim le savaient déjà depuis un moment. Malgré tout, un aveu officiel de la part de l’un des tenants de la pensée correcte ne fait jamais de mal.

Vendredi 15 janvier, l’émission « 28 minutes » sur Arte, revenait sur l’actualité du moment. À cette occasion, l’émission a abordé la délicate question du traitement médiatique des agressions de masses à Cologne (voir le dossier de l’Ojim sur le sujet).

Plusieurs jours après les faits, les médias ont tu le lien, pourtant évident, entre ces agressions sexuelles et les clandestins qui étaient majoritairement impliqués. « Un silence coupable ? », s’interroge-t-on sur le plateau d’Arte. Pour Jean Quatremer, journaliste à Libération et europhile convaincu, la presse française, dont lui-même, « cache en permanence l’origine ethnique » des étrangers.

« Je me rappelle d’un article, un truc absolument extraordinaire sur une affaire de tournante en banlieue parisienne. Tous les noms avaient été changés, ce que l’on fait régulièrement, parce qu’on ne sait pas encore les identités. C’étaient tous des Alain, des Frédéric, des Marcel, des Maurice, sauf qu’en réalité c’était des Mohammed, des Ahmed, etc. », rapporte-t-il.

Et celui-ci de souligner la tendance de « la presse bien-pensante », des « bobos parisiens », à masquer l’origine des délinquants lorsqu’ils sont étrangers.

« On cache, mais nous-mêmes [la presse française] en permanence, c’est un élément [l’origine ethnique] qu’on ne donne pas », confesse-t-il le plus tranquillement du monde.

Par peur de « discriminer », mais aussi pour pouvoir continuer à vanter leur modèle de société ouverte , nos journalistes préfèrent ainsi occulter ou trafiquer les faits et tout le monde, dans ce petit milieu, a l’air de s’en satisfaire. Tout le monde, à commencer par Quatremer, l’homme qui en mars 2015 voulait établir un « cordon sanitaire » médiatique autour du FN, premier parti de France. Les mêmes journalistes ne cessent par ailleurs de donner des leçons de journalisme au monde entier et de fustiger les manipulations médiatiques en Russie ou ailleurs…

Sur le plateau, l’écrivain et éditeur Charles Dantzig n’a pas été ému par l’aveu de Quatremer. « On ne le donne pas pour éviter au populisme de se réveiller », a-t-il commenté, sûr de son bon droit. Comprendre : tout ce qui va à l’encontre de la vision journalistique du monde est à masquer de peur que l’exposé de la simple vérité ne « réveille » les électeurs.

Mais s’il y a risque qu’ils se réveillent,, n’est-ce pas qu’on les avait préalablement endormis ?