Source : Ojim.fr – Le 25 octobre sur le site de Libération, Widad Ketfi, pigiste au Bondy Blog, a publié une tribune délirante et racialisée à outrance dans laquelle elle préconise tout simplement d’imposer des quotas aux médias en matière de « diversité » afin que la « caste blanche » laisse sa place. – Claude Chollet
Citant le fameux rapport du CSA, qui estimait récemment qu’il y avait trop de blancs dans les médias, la journaliste se demande combien de temps il faudra pour que « les médias ressemblent aux Français » (mais les Français ressemblent-ils vraiment à ce que croit Mme Ketfi ?) Selon le CSA en effet, 14 % des personnes présentes à l’écran sont « perçues comme non blanches ». Et ce n’est visiblement pas assez…
Ainsi, selon la « pigiste » du Bondy Blog, les journalistes en place « peinent à laisser leur place pour permettre au cycle de la vie de suivre son cours »… Mais qu’est-ce que « le cycle de la vie » ? Doit-on comprendre que le cycle naturel de la vie conduit inévitablement à un remplacement de population ? Une chose est sûre, Widad Ketfi a l’air d’y croire.
Et celle-ci d’estimer que « les médias les plus repliés sur eux-mêmes sont en réalité les médias classiques », avant de se livrer à une diatribe hallucinante sur la « caste blanche, riche, parisienne, digne héritière » qui « domine les médias mainstream ». Aurait-on imaginé un tel constat avec des propos similaires pour évoquer la « caste noire » dans le football ou la « caste juive » dans la finance ? À l’heure où le simple fait de rappeler que le peuple français est, anthropologiquement et historiquement, de « race blanche » fait scandale, il est permis d’en douter.
Poursuivant dans la racialisation, Ketfi constate qu’il n’y a « aucun journaliste noir à Libération, à peine plus au Monde, où les journalistes non blancs se comptent sur les doigts d’une main. Idem pour Mediapart. » Et celle-ci de souligner la « moindre visibilité des rappeurs noirs, arabes et gitans dans les médias de masse »... comprenne qui pourra.
Aussi, la journaliste regrette que « les minorités, plus largement représentées sur BFMTV, ne semblent toujours pas avoir d’impact sur la ligne éditoriale de la chaîne ». Reste à savoir quel impact ces derniers sont censés avoir sur la ligne de la chaîne. Cet « impact » doit-il être forcément différent de celui d’un journaliste « blanc » ? La question reste en suspens, comme bien d’autres soulevées par cet article inquiétant…
En guise de conclusion, notre tribun, dénonce un « réflexe néocolonial » (les Français colons dans leur propre pays ?), juge que les quotas sont aujourd’hui « une nécessité » et qu’il faut tout simplement les « imposer ». « Ce que les entreprises ne font pas, il faut que la loi l’impose », affirme-t-elle. Même constat pour Amirouche Laîdi, militant associatif : « Les quotas vont devenir incontournables si on veut éviter une crise majeure. Il faut imposer les objectifs à atteindre car le simple volontarisme n’est pas efficace. »
En somme, dans l’esprit de ce jeune rédacteur du Bondy Blog, l’enjeu est tout trouvé : les médias n’ont « d’autre choix que de composer avec nous ou nous finirons par les rejeter, telle une mauvaise greffe qui ne prend pas… ». Le projet est désormais affiché, en toute décontraction, dans les lignes d’un grand quotidien grand public : les blancs s’effaceront ou seront rejetés naturellement. Ainsi l’exige le « cycle de la vie ». Il y a évidemment une hypothèse que n’envisage pas cette charmante racialiste : que les Blancs un jour perdent patience.
Source : Ojim.fr – Le nouveau classement de la liberté de la presse dans le monde par RSF vient de sortir. La conclusion de l’organisation est inquiétante : la liberté de la presse s’effondre partout. Guerres civiles, tensions sociales ou tout simplement politiques sécuritaires en sont les principales raisons.
Nombre de pays européens chutent parmi lesquels l’Islande, l’Italie – où de nombreux journalistes ont été intimidés pour avoir osé s’attaquer aux magouilles mafieuses ou politiques – ou encore Andorre dont les banques font figure de vache sacrée. Les politiques sécuritaires aux États-Unis, à Timor-Oriental ou encore en Russie et en Azerbaïdjan font aussi reculer la liberté de la presse. Elle décline aussi au Soudan du Sud, au Congo-Brazzaville et au Venezuela à cause d’un raidissement du pouvoir politique et de très fortes tensions sociales. Enfin, en Libye, virer Kadhafi n’aura servi à rien en la matière : le pays est devenu un trou noir que se partagent des milices et des islamistes, et où les rares journalistes sont condamnés à être des héros ou à fuir.
La Côte d’Ivoire, le Népal, la Tunisie et Madagascar gagnent en revanche plusieurs places au classement grâce à l’apaisement relatif de leurs crises sociales et politiques. De façon plus étonnante, la Mongolie gagne 34 places au classement après avoir engagé de significatifs efforts pour la liberté de la presse et l’accès aux informations.
Comme chaque année cependant, les biais du classement de RSF ne manquent pas d’interroger. Ainsi, si dans son analyse consacrée aux politiques sécuritaires, elle ne manque pas d’attaquer la Russie ou le Kazakhstan, il n’y a toujours rien sur l’Ukraine. L’organisation pourrait pourtant s’y intéresser : le pays s’effondre à cause d’une intense crise économique et d’une montée en puissance des potentats locaux et des mafias régionales, la guerre dans le Donbass – actuellement quasi-étouffée par le processus de paix de Minsk – justifie le flicage des journalistes et la suspension réelle des droits fondamentaux, les journalistes y sont agressés voire tués quand ils osent enquêter sur la corruption énorme du pouvoir central, des barons locaux et des milices privées. Ajoutons à cela l’interdiction d’émettre pour certains médias ou les listes noires de journalistes interdits d’entrée dans le pays et l’on a l’attirail parfait d’une dictature – et pourtant l’Ukraine n’est « que » 129e, alors que la Russie est à la 152e place. D’ailleurs le « score exaction » de l’Ukraine – l’index des agressions contre les journalistes – est supérieur à l’Azerbaïdjan ou au Soudan, deux pays pourtant pas tendres avec la presse : 73.17 en Ukraine contre 60.50 et 52.68 respectivement.
Dans son analyse RSF n’oublie pas la France, l’Australie, le Japon, la Turquie ou encore le Royaume-Uni qui ont mis en place des lois sécuritaires, et pourtant la France (38ème) gagne une place, alors que la loi sur la lutte contre le terrorisme et l’accès administratif aux données de connexion ont fait disparaître de factola protection des sources des avocats et des journalistes, sans que cela ne fasse tiquer le Conseil Constitutionnel, dont le rôle de garde-fou est de plus en plus flou. Quant à l’Azerbaïdjan, RSF semble découvrir avec nombre d’associations pour la défense des droits de l’Homme que c’est une dictature. C’est pourtant le cas depuis des années mais cela n’a pas empêché sportifs et dirigeants européens d’aller y apprécier l’hospitalité locale il y a peu. En somme, ce pays ne pose de problème que lorsqu’il se rapproche de la Russie et de l’Iran dans le cadre d’une intégration régionale voire continentale – l’Union Douanière que la Russie a mis en place et où a adhéré l’Arménie et qu’il s’éloigne ainsi du camp occidental.
Source : Ojim.fr – Laissez venir à moi les petits enfants. En perte de vitesse depuis des années, Libération a lancé un supplément digital pour les enfants, le « P’tit Libé » dont le premier numéro est consacré aux migrants. L’occasion de faire passer la doxa pro-migrationniste du journal et de présenter le sujet sous un angle partiel et partial sous couvert d’expliquer avec des mots simples l’actualité compliquée.
Très graphique, le supplément – évidemment gratuit et sans publicité, donc drapé dans la toge de l’innocence – commence par jouer sur l’identification de ses lecteurs avec un migrant. Une migrante en l’occurrence, et même une fillette issue d’une famille aisée du nord de la Syrie. Une approche plutôt tronquée de la réalité – la plupart des migrants qui déferlent sur l’Europe sont des hommes en provenance principalement des Balkans ou de l’Érythrée, soit de l’Afrique subsaharienne et enfin d’Irak, d’Afghanistan et du Pakistan. Les Syriens ne représentent qu’une infime minorité des demandeurs d’asile, la plupart des réfugiés issus de ce pays étant restés aux abords, à l’est de la Turquie, au Liban ou en Jordanie, espérant que la guerre vienne à s’achever et qu’ils puissent rentrer chez eux. En revanche, nombre de migrants venus pour des raisons économiques se font passer pour des Syriens réfugiés de guerre – un tiers selon les autorités allemandes elles-mêmes. Mais ce choix rédactionnel n’est pas anodin : les Syriens, en tant que réfugiés de guerre, sont mieux vus par la population majoritairement hostile à l’accueil des migrants, surtout s’ils sont des Chrétiens d’orient.
Le sujet est ensuite divisé en courts chapitres avec beaucoup de dessins : la définition du migrant, ses pays d’origine – trois seulement sont donnés à savoir la Syrie, l’Érythrée et l’Afghanistan. Ceux qui sont le plus présents dans le champ médiatique. Puis leurs destinations, les raisons des blocages aux frontières et la situation à Calais. Un petit quiz en quatre questions achève le tout.
Les poncifs médiatiques sont également repris. Par exemple le refus d’accueillir des migrants est lié uniquement à la peur d’une plus grande pauvreté : « certains habitants de ce pays ont peur de devoir partager, et de devenir plus pauvres. Ils veulent empêcher les migrants de venir. » La « peur de partager » est présentée comme un mauvais motif, le refus de l’immigration est donc frappé de culpabilisation. Ce qui escamote bien d’autres raisons, par exemple historiques – une partie de l’Europe centrale, dont la Bulgarie et la Grèce, a été occupée des siècles durant par les Turcs, musulmans comme le sont la quasi-totalité des migrants qui arrivent aujourd’hui, ou démographiques – le nombre de baltes, bulgares ou hongrois s’effondre du fait d’une natalité insuffisante et d’une économie fragile, laissant planer le risque sérieux qu’ils soient minoritaires dans leur propre pays d’ici quelques décennies. Ce qui rend nettement plus douloureux dans leur société toute arrivée de population d’origine différente, surtout si elle est massive.
On trouve aussi une incontournable référence au dogme du réchauffement climatique, dans les raisons qui poussent les migrants à venir en Europe. Il est fait mention de ces réfugiés climatiques dont tout le monde parle : « Avec le réchauffement climatique, il y a de plus en plus de catastrophes naturelles (cyclones, inondations…), qui poussent les gens à s’enfuir de leur pays. » Pourtant ce ne sont pas des habitants des Maldives ou des îles polynésiennes qui se pressent en Europe ! Et même l’extension du désert dans le Sahel doit bien plus à l’épuisement des réserves en eau et en herbe – à cause d’une démographie très supérieure aux possibilités offertes par le sol et des modèles agricoles extensifs qui épuisent les ressources – qu’à l’évolution du climat.
Enfin, après avoir fait pleurer dans les chaumières sur le sort des migrants opprimés par les dictatures, entassés sur des bateaux ou obligés de « vivre dans des conditions difficiles » à Calais – tentes et nourriture leur sont pourtant fournies gratuitement par des bénévoles locaux qui entretiennent ainsi la source de revenus inépuisables pour les mafias des passeurs – le petit catéchisme en profite pour remettre une louche de culpabilité : « Mais la France accepte d’accueillir moins de migrants que d’autres pays. Dans l’Union européenne, presque la moitié des demandeurs d’asile obtiennent un statut de réfugié. Mais c’est deux fois moins pour ceux qui font la demande en France ! ». Tout en oubliant que la quasi-totalité des déboutés du droit d’asile – 96% selon un rapport très récent de la Cour des Comptes ! – reste en France…
Source : Ojim.fr – Début septembre, lorsque l’Allemagne ouvrait grand ses portes aux centaines de milliers de migrants d’Afrique et d’Orient qui arrivaient en Europe, elle se voyait clairement comme le phare de l’humanité. Sa presse unanime célébrait son humanisme et les Allemands jubilaient : enfin pourraient-ils rompre avec cette image de pays-repoussoir, patrie des panzers et de la dictature nazie ! A peine six semaines plus tard, les voilà qui déchantent en masse. La gueule de bois de la presse allemande, qui commence timidement à critiquer le pari fou de Merkel, illustre ces illusions perdues.
On se souvient encore de ce début septembre, où les allemands accueillaient dans la liesse les réfugiés. A l’époque, d’après un sondage publié sur la chaîne ARD, 95 % des Allemands se félicitaient du mouvement de solidarité provoqué par l’afflux de réfugiés et 45 % des sondés jugeaient que l’immigration offrait « plutôt des avantages pour le pays ». Le 3 septembre, le journal Die Zeit avait l’impression qu’un nouveau chapitre de l’Histoire s’ouvrait : « Une expérience a commencé. Elle va plus modifier profondément l’Allemagne que la réunification. Devant nous c’est l’inconnu ». Dans le même journal, un sociologue, Heiz Bude, s’exclamait : « Nous sommes les Américains de l’Europe, que nous le voulions ou non. » La dernière partie de la phrase était révélatrice : personne n’avait jugé utile de consulter le peuple et les choses se feraient en somme « qu’il le veuille ou non ».
Ce peuple si soumis n’allait ainsi pas être consulté mais semblait pourtant convaincu. Plusieurs semaines durant la presse outre-Rhin soulignera la liesse populaire des Allemands accueillants, en contraste avec « l’égoïsme » et la « xénophobie » des autres pays européens, longuement fustigés dans l’ensemble des médias dominants du pays. Le diable tout trouvé était évidemment la Hongrie, qui en se barricadant ne faisait du reste qu’appliquer les accords de Schengen après avoir été elle-même submergée par le flot. Beaucoup de médias allemands comparaient délibérément les événements d’aujourd’hui à la chute du Mur. Un parallèle étrange, mais pas anodin pour le sociologue Dietrich Tränhardt interrogé par France 24 : « la réunification est un symbole positif pour les Allemands qui le perçoivent comme un exemple d’intégration réussie, et [les médias] veulent inscrire la situation actuelle dans la même dynamique » de solidarité et d’union nationale. Le ton des articles était d’ailleurs très uni, presque enchaîné à la ligne d’un parti : « La plupart des articles sont très positifs et dépeignent l’arrivée des migrants comme une chance pour le pays ».
En même temps, la séquence permettait à la chancelière Merkel de corriger son image, elle qui était jusque là perçue comme la Mère Fouettard de l’Europe par les pays du sud malmenés par l’Allemagne – dont la Grèce bien sûr. Et ce grâce à la presse européenne unanime pour passer la brosse à reluire, saluant son « leadership d’un genre nouveau», « son acte de responsabilité » ou le fait qu’elle «incarne un modèle de gouvernance, d’intégration, de responsabilité, de société organisée » tandis Le Point se pâmait sur « l’incroyable Mme Merkel ».
Les fausses notes étaient délibérément ignorées. Parmi elles, l’augmentation très nette, presque épidémique, des viols perpétrés en Allemagne. Deux constantes : les victimes sont presque toujours des Allemandes ; les violeurs sont presque toujours des immigrés récents, venus d’Afrique, du Pakistan ou du Moyen-Orient. Mais malgré l’alarme sonnée par les services sociaux, les médias restaient de marbre, délibérément muets. Autre fausse note : les accrochages entre chrétiens et musulmans – ou entre musulmans chiites et sunnites – dans les asiles. Les nombreux blessés ont fait conclure au chef de la police allemande qu’il fallait les loger séparément. Là encore, ses propos ont été ignorés par la plupart des médias allemands, attachés à ne pas aller au-delà du discours officiel. Plus récemment, un autre rapport social pointait que dans les refuges pour immigrés ouverts en Hesse, les femmes étaient très exposées au risque d’être violentées voire violées par les immigrés de sexe masculin. Là encore, il ne s’est pas trouvé de grand média allemand pour s’en indigner. Comme il ne s’est pas trouvé de média pour écouter le désarroi des Allemands, visible dans les médias alternatifs, que ce soient les blogs – ou les blogs livejournal que tiennent de nombreux Allemands issus de l’immigration récente en provenance de l’ex-espace soviétique.
Et puis finalement deux facteurs ont précipité le désenchantement qui explose à présent dans les médias allemands : la saturation totale des capacités d’accueil du pays – surtout en Bavière et dans les landers riches de l’ouest et du centre – et le risque de plus en plus réel d’une augmentation d’impôts au niveau national, voire européen afin d’assurer l’accueil et l’intégration de ces réfugiés. Problème : les conservateurs au pouvoir ont promis de ne pas augmenter l’imposition et ne veulent pas en entendre parler. La majorité de Merkel s’effrite et celle-ci n’arrive pas à reprendre la main sur la scène politique. L’Allemagne doute.
Ses médias aussi. Dans deux volets successifs (1 et 2) la fondation Polémia relève ces articles qui se font critiques sur le choix de la chancelière Merkel. Par exemple Die Welt, qui brocarde le 11 octobre une Merkel fuyant ses responsabilités alors que le pays sature : tant d’audace dans la critique, c’était encore impensable il y a deux semaines ! Même si le quotidien conservateur, qui est à l’Allemagne ce que Le Figaro est à la France, ne fait que rappeler des évidences. Le même jour, il critique également l’angélisme du pouvoir, alors que la majorité des migrants sont musulmans ce qui bouleverse des états allemands – particulièrement la Bavière – où le catholicisme est encore profondément présent dans la vie quotidienne.
Le retournement d’opinion est aussi flagrant. Toujours Die Welt : la moitié des Allemands est désormais opposée à l’accueil des réfugiés – qui seront entre 800 000 et un million à la fin de l’année. Et, comme le souligne la presse française, sa cote de popularité s’effrite, sondage après sondage. Le quotidien économique Handelsblatt rapporte, lui, la tentative ratée de Merkel de convaincre sa base militante en ex-Allemagne de l’Est, lors du congrès de la CDU à Schkeuditz en Saxe. Elle se fait sérieusement tancer par l’assistance, dont le seul souci est désormais de fermer les frontières.
« Fermons les frontières ! » C’est le cri populaire que traduit le Frankfurter Allgemeine Zeitung le 14 octobre. Le quotidien conservateur et libéral du sud explique que deux tiers des Allemands ne croient plus à la réussite de l’accueil des immigrés et 1 sur 5 seulement estime que le pays est en mesure d’accueillir d’autres réfugiés. Désormais, la Bavière est en révolte. Son ministre-président – et homme fort de la CSU, le parti frère de la CDU en Bavière – s’exprime au parlement régional de Bavière (Landtag) en demandant un « coup d’arrêt » de l’immigration en Allemagne et surtout en Bavière, littéralement submergée car elle accueille 300 000 réfugiés dont la quasi-totalité sont venus pour des raisons exclusivement économiques, et sont de surcroit musulmans.
Alors que l’opposition social-démocrate allemande est elle aussi déchirée sur la conduite à tenir, entre grands idéaux humanistes et réalités triviales du terrain – comme le souligne le Frankfurter Allgemeine Zeitung le 14 octobre – Merkel pourrait chuter à cause de la crise profonde au sein de la majorité et le retournement de l’opinion allemande, se risque à prévoir Focus. Un mois et demi à peine après s’être posée en phare de l’Humanité en Europe, plus dure est la chute… Mais cette chute est aussi celle du paysage médiatique qui l’a soutenue dans son aveuglement sans une once de sens critique, et qui se fait rattraper par la réalité.
La Cour des Comptes enquête ainsi actuellement sur plusieurs dizaines de milliers d’euros de frais de taxis accumulés par plusieurs responsables – dont Frédéric Olivennes, Yann Chapelon, Nathalie André ou Anne Holmès. Ceux-ci, et d’autres responsables, se sont vu demander par Philippe Maréchal, patron de l’audit interne, de justifier leurs courses de taxis depuis 2011. Un nouveau nom est sorti de l’ombre : il s’agit de Jessy Daniac, responsable du service de presse depuis 2011 et recrutée sous Adjari, celui-là même qui est maintenant directeur de la direction générale de l’industrie et des médias culturels, et qui s’emploie à protéger son bilan financier – désastreux – en réfléchissant à prendre au contribuable de quoi combler le trou qu’il a creusé.
Selon l’un des syndicats, la CGC-Médias, Jessy Daniac a elle aussi participé au creusement de l’abîme où s’enfonce le groupe d’audiovisuel public. Après avoir épinglé les allers-retours nombreux entre Paris et Nice de l’un des responsables, Yann Chapellon, ex-directeur de France Télévisions Distribution, le syndicat se fait écho des soupçons qu’entretient la cour des Comptes à l’encontre de Jessy Daniac, pas seulement pour ses notes de taxi mais aussi ses frais de bouche. Elle semblait être une importante consommatrice de taxis : « visiblement l’intéressée ne se déplaçait quasiment qu’en taxi, matins, midis et soirs », pointe le syndicat, mais était aussi très attachée à un restaurant : « ses notes de restaurant au « Mathusalem » (en face de France Télé, sous le pont du Garigliano) où elle déjeunait très souvent mais alors très, très très souvent ». Comme cantine, ce n’est pas donné : compter 38 € le repas sans le vin.
Source : Ojim.fr – Dans un entretien à L’Obs, Yann Moix se livre sur ses débuts de chroniqueur dans « On n’est pas couché », sur son instabilité idéologique… et sur ses fréquentations passées.
Voilà 5 ans qu’il « rêvait d’avoir le poste ». C’est désormais chose faite depuis la rentrée. Après trois émissions en guise de test de calibrage, il confie avoir choisi « la carte de l’agressivité ». Manque de chance, l’écrivain s’est très vite trouvé face à Michel Onfray. « Ce combat de boxe, je l’ai perdu mais il a pris quelques bourre-pifs », confie-t-il.
En effet, en terme de confrontation, Onfray est ce qu’on pourrait appeler un bon client. « Il y a quatre personnes contre lesquelles on ne peut rien : Tariq Ramadan, Jean- Marie Le Pen, Michel Onfray et Bernard Tapie », note Moix. Désormais, c’est sans doute un poil plus mesuré qu’il se présentera aux téléspectateurs.
Mais où le situer politiquement ? Interrogé par L’Obs sur son duo avec Léa Salamé, qui est bien éloigné du tandem droite-gauche Zemmour-Naulleau, Yann Moix confesse ne pas savoir du tout interroger les hommes politiques. Pire : il avoue être « une vraie girouette », n’avoir « aucune colonne vertébrale politique ».
À l’origine étiqueté à droite car Geneviève Dormann avait, en 1996, encensé son premier roman (Jubilations vers le ciel, Grasset), le chroniqueur dit n’avoir jamais voté de sa vie. « Sauf en 1988, Waechter au premier tour et Chirac au second », ajoute-t-il avant de développer ses affinités : « J’adore Bayrou. J’aimais bien Sarkozy en privé. Je l’ai rencontré trois fois, un show-man. Comme être humain, il me fascine, il est hypermnésique, d’une intelligence extraordinaire, c’est inouï. J’adore écouter Mélenchon parler de Robespierre, même si je pense l’inverse de lui. Les gens qui ont des idées affirmées m’impressionnent. »
Autre sujet sensible : son passé. Car au-delà de la critique de Geneviève Dormann, Yann Moix traîne derrière lui quelques casseroles. Dans la bouche de L’Obs, cela donne : « une proximité avec la fachosphère ». Ce à quoi Moix rétorque : « Depuis « ONPC », j’ai l’impression d’être le seul être humain au monde à avoir côtoyé Marc-Edouard Nabe. Quand j’étais jeune, c’était mon écrivain préféré, je n’ai jamais caché mon admiration littéraire pour lui. Je suis très étonné qu’on veuille me contaminer avec ce qu’il est devenu ». On notera le terme « contaminer » !
« Aujourd’hui, on veut me polluer avec les fréquentations que j’ai eues. Un truc d’extrême droite », estime-t-il. Des fréquentations comme Nabe, mais aussi comme Paul-Éric Blanrue qui lui a jadis dédicacé son Anthologie des propos contre les Juifs, le judaïsme et le sionisme. « Il n’a jamais été un ami, juste un copain », se défend-il. Ce n’est que « plus tard » qu’il aurait « découvert un type devenu complotiste, révisionniste, négationniste ». Car Moix l’assure : « Il (Blanrue, NDLR) n’a jamais montré devant moi le moindre signe d’antisémitisme. »
Une version bien éloignée du témoignage qu’a livré l’intéressé sur son blog, révélant un Yann Moix aux antipodes de celui qui, aujourd’hui, se présente aux téléspectateurs de France 2...
Source : Ojim.fr – Après Sputnik, la Russie souhaite développer plus avant son offre d’information internationale francophone.
« Vu le climat actuel, il est important de donner la vision de la Russie », a déclaré Irakly Gachechiladze, président de Russia Today France. À l’AFP, celui-ci a fait part de son intention de développer la chaîne, aujourd’hui diffusée uniquement sur internet, avec pour objectif de la transformer en vraie chaîne avec jusqu’à 70 % de contenus originaux en français et une présence sur les box Internet et le satellite.
« Une sorte de France 24 russe », explique-t-il, espérant très vite rejoindre les chaînes France 24, i24news ou encore Al-Jazeera sur un marché francophone très porteur. Aujourd’hui, ce dernier concentre 220 millions de personnes. Mais en 2050, grâce notamment à la démographie africaine, il atteindra 700 millions d’individus à travers le monde.
De quoi, en effet, revoir ses ambitions à la hausse. Pour commencer, M. Gachechiladze a évoqué le lancement d’un « talkshow » comme premier programme d’envergure, avec la présence « de grands journalistes français » dès 2016, annonce-t-il.
Aujourd’hui, 12 personnes travaillent déjà sur le site internet de RT France à Paris, et une vingtaine d’autres gère à Moscou la postproduction de ce fil français. Tout comme avec Sputnik, site d’information lancé en janvier dernier, il sera question de faire entendre une voix alternative, notamment sur les grands sujets internationaux comme la Syrie.
Source : Ojim.fr – Les féministes n’ont, semble-t-il, pas beaucoup de « second degré ». C’est ce que France 3 a appris à ses dépens la semaine dernière.
Croyant bien faire, la chaîne s’est vantée, au détour d’un spot publicitaire, de compter de nombreuses femmes dans ses rédactions, et même plus de présentatrices que de présentateurs. Dans la vidéo, on peut voir une succession de plans montrant une maison délaissée (four allumé, chambres non-rangées, fer à repasser en flamme, toilettes sales…), suivi de la musique « Où sont les femmes ? » et du message : « Elles sont sur France 3. La majorité de nos présentateurs sont des présentatrices. » Se voulant humoristique, la vidéo n’a pourtant pas été du goût des féministes, dont le sens de l’humour n’est apparemment pas la qualité première. Sur Twitter, le blog féministe Balle de sexisme a trouvé le spot « affligeant ». « Rien de plus qu’un ramassis de clichés sexistes! C’était pourtant une bonne chose à mettre en avant… Dommage! », a-t-il poursuivi.
@France3tv C’est affligeant! Rien de plus qu’un ramassis de clichés sexistes! C’était pourtant une bonne chose à mettre en avant… Dommage!
« Sondage : doit-on doit expliquer à @France3tv ce qui ne va pas avec leur campagne de promotion des femmes? », s’est pour sa part demandé le site Macholand, qui répertorie « les publicités sexistes ». Pascale Boistard, Secrétaire d’État en charge du droit des femmes s’est elle aussi fendue d’un tweet, estimant que la campagne de France 3 n’était « pas une bonne manière de valoriser l’égalité professionnelle chez les animateurs télé ».
Face au tollé, France 3 s’est empressé de déprogrammer sa campagne. Une demande émanant directement de la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, annonce puremedias.com. « Merci à Delphine Ernotte pour son écoute et sa réaction rapide », s’est réjouie Pascale Boistard.
France 3 pensait bien faire en donnant des gages de politiquement correct. Manque de bol, elle a commis une grave erreur : croire que l’on pouvait encore plaisanter avec le féminisme.
Source : Ojim.fr – Depuis la rentrée, le talk show star du samedi soir enchaîne « buzz » et scandales systématiques selon une mise en scène des échanges très révélatrice de l’évolution du climat idéologique. – Claude Chollet
Au temps de l’ORTF, soit la préhistoire de la « culture » télévisuelle, la tendance, dans une émission politique ou culturelle, était d’inviter un écrivain, un acteur, un responsable politique et de l’interroger avec déférence sur des sujets qu’il connaissait et à propos desquels il ou elle avait généralement quelque chose à dire. Voilà qui paraît aujourd’hui aussi ahurissant que désuet, et pourtant… L’esprit libertaire qui soufflait dans les années 80 offrit dans l’émission « Droit de réponse » de Michel Polac sans doute les premiers grands « clashs » mémorables. Plus de déférence, moins d’écoute, certes, mais une forme égalitaire du débat respectant relativement les règles du jeu, et au cours duquel chacun, en buvant et en braillant à travers d’épais nuages de fumée, avait réellement le droit de dire ce qu’il lui plaisait et d’insulter qui lui chantait, le tout dans un joyeux bordel dénué de réelle instance de censure ou de référent moral comminatoire. Cela nous paraît aujourd’hui témoigner d’une licence invraisemblable et antédiluvienne. Puis Thierry Ardisson, au cours des années 90, et Canal+ à sa suite, inventèrent une nouvelle mise en scène des échanges. Non seulement, on se mit à mélanger des invités de milieux a priori incompatibles et à traiter sur le même plan une starlette de 22 ans et un député d’âge mûr, mais surtout, les invités cessèrent d’être les vedettes évidentes de ce genre d’émission, pour devenir parfois de simples faire-valoir de l’animateur lui-même et de son comique affidé. Au lieu d’accueillir comme un prince l’artiste en promotion afin que son aura fasse rayonner l’émission, celui-ci se trouvait relégué à constituer avec d’autres une espèce de cour répartie devant le trône de l’animateur-roi attendant son tour d’audience. Lorsque celui-ci venait, il se pouvait même que le ministre ou la starlette se fasse malmener, que le roi exhibe son intimité ou que le bouffon du roi l’humilie d’une plaisanterie douteuse.
D’un plateau l’autre
Au courant des années 2000, c’est Laurent Ruquier, prenant la succession d’Ardisson, qui offre une nouvelle évolution du modèle. Le comique, s’il intervient, est remis à distance, il ne brouille plus le débat ; l’animateur, même s’il trône, reprend le rôle d’arbitre ; et ce sont les chroniqueurs, avec le succès du duo Zemmour et Naulleau, qui captent la position dominante du dispositif. Quant à l’invité, il est moins humilié que très solennellement sommé de s’expliquer à la barre. Clashs, buzz, scores sur YouTube, la formule prend. En dépit du succès, l’animateur décide de se séparer du duo que récupère Paris Première. Il tentera de le reformer avec d’autres chroniqueurs sans réussite flagrante. Et puis voilà que depuis la rentrée 2015, la formule, à nouveau se transforme… Après l’animateur, le comique, les chroniqueurs, c’est de nouveau l’invité lui-même qui fait le show. Mais pas n’importe quel invité : le mal-pensant. Houellebecq, Onfray, Lejeune, Morano, Finkielkraut : chaque samedi soir, l’émission lance sa boulette de soufre. Chaque samedi soir, Léa Salamé, sur la défensive, rappelle que la Pensée dominante a changé de camp.
Qu’est-ce que cette évolution télévisuelle peut donc traduire sur le plan de l’évolution des opinions et sur le rapport que cette évolution entretient avec le pouvoir médiatique ? C’est ce que l’OJIM a tenté de décrypter.
Chaque mutation est un indice
En réalité, chacune de ces mutations télévisuelles est un indice très clair de l’évolution du climat idéologique. Chacune indique soit un changement de règne, soit un changement de contexte général, soit un changement dans l’opinion dominante. La disposition du plateau traduit la pratique générale du débat. Prenons cette première mutation introduite avec l’émission de Polac, « Droit de réponse ». Démarrée en décembre 81, elle est expressément révélatrice de l’arrivée de la gauche au pouvoir quelques mois auparavant et elle porte en effet toutes les valeurs que cette dernière défend alors. Si l’ORTF gaulliste demeurait hiérarchique et patriarcale, « Droit de réponse » est une émission égalitaire et débraillée. Les gamins se révoltent contre l’autorité de papa et cette espèce de fondement œdipien des formes les plus adolescentes de la pensée de gauche est parfaitement sensible au visionnage de quelques séquences du show de Polac. On constate également par ailleurs l’importance du choc des générations, et comment la vulgarité et le débraillé des nouvelles, qui bientôt feront loi, ulcèrent encore les plus anciennes.
Le grand déballage
L’émission révèle toute l’atmosphère d’une époque qui voit se multiplier les radios libres et où est créée la fête de la musique – événement on ne peut plus emblématique. Ce n’est plus l’homme de savoir ou la personne concernée qui dispose d’une légitimité à s’exprimer, mais tout le monde, n’importe qui, surtout n’importe qui. Et de la même manière que n’importe qui peut massacrer les classiques du rock en plein centre-ville un soir dans l’année, n’importe qui peut donner son opinion sur n’importe quel sujet à la radio ou à la télévision, des lycéens au journaliste de Minute. Cet ultra-libéralisme du débat, relativiste, confusionniste et égalitaire, même s’il fait la plupart du temps échouer celui-ci dans la provocation ou l’insulte, est néanmoins cohérent et ignore la censure directe comme indirecte. Bien avant les obsessions hygiénistes des années 2000, les invités ont le droit de fumer et de boire sur le plateau, comme ils ont le droit d’exprimer ce qu’ils veulent et sur le ton qu’ils désirent. Cette nouveauté et cette liberté de ton possèdent en elles-mêmes la dimension sulfureuse suffisante pour capter l’audimat. Et nous verrons que ce dernier point est tout à fait crucial pour assurer la réalisation d’une mutation.
Trouble jeu
Durant les années 90, avec notamment l’émission « Double jeu », et jusqu’au milieu des années 2000 avec le succès de « Tout le monde en parle », Thierry Ardisson est à la pointe du talk-show dont il révolutionne les codes. Or, la mutation qu’il incarne coïncide avec l’hégémonie libérale-libertaire. Pour faire vite, la gauche socialiste a accepté le marché et son idéologie libertaire est devenue compatible avec le libéralisme économique. Cette symbiose implicite se réalise par ailleurs sur les décombres de l’alternative communiste et alors que l’offensive islamiste anti-occidentale n’est pas encore ébauchée. Dans cette époque de fin de l’Histoire et d’épuisement des luttes idéologiques, le soufre fait cruellement défaut dans les débats. Le clivage droite-gauche devient de plus en plus factice, le grand consensus règne. D’ailleurs, Ardisson a beau mélanger les invités, faire asseoir un rappeur à côté d’un ministre, en réalité tous vomissent plus ou moins le même filet d’eau tiède. Mais l’animateur a une idée très simple pour parvenir à faire malgré tout monter la température : le sexe. La séquence où Ardisson demande à Michel Rocard si « sucer, c’est tromper ? » est restée célèbre. On en a fait un symbole de la dégradation du politique par des médias branchés et cyniques. Certes. Mais on peut voir aussi cela selon un autre angle. Puisque plus aucun politique ne tenait un discours véritablement original ou subversif, l’animateur n’avait trouvé comme seul recours pour pimenter un rien la soupe des propos convenus, que d’évoquer l’exégèse d’une fellation avec un vieux notable. On a les condiments qu’on peut…
Nouvelle aristocratie
Par ailleurs, du joyeux bordel relativiste des années 80, Ardisson et l’esprit qu’il incarne vont peu à peu faire surgir une nouvelle aristocratie médiatique constituée essentiellement de chanteurs, d’artistes mineurs ou d’actrices. Si ceux-ci sont les perroquets de la Pensée Unique qui s’institue définitivement au cours de cette période, il se trouve que les politiques « peoplisés », comme nous l’avons vu, ne racontent de toute manière rien de plus. Alors tant qu’à entendre en boucle les mêmes slogans, autant que celui ou celle qui les répète se trouve être mieux adapté aux règles du média qui l’accueille. Au jeu de la vanne, de la « coolitude », de la provocation sexuelle, de la belle gueule ou de l’émotion de surface, évidemment que l’actrice, le chanteur, la littératrice de confessions médiocres, voire le footballeur, sont meilleurs qu’un député chenu. C’est ainsi qu’une légion à paillettes du politiquement correct prend possession des plateaux de télévision au terme d’une évolution de plusieurs décennies. Il était évident dans les années 60 que l’on trouvait plus raisonnable de demander leur avis sur un sujet de société à Sartre ou Aron qu’à un chanteur yéyé de vingt ans (lequel, d’ailleurs, ne se serait guère cru légitime pour en exprimer un). Mais au cours des années 80, les Coluche, les Goldman, les Renaud, se voient investis de hautes missions morales qu’ils assument d’abord essentiellement par l’invention d’un modèle caritatif spectaculaire, avant que leurs descendants ne jouent tout bonnement aux évangélistes bénévoles de la doxa en vogue.
Jeu de massacre
C’est la rupture de ce consensus dont les starlettes sont devenues l’avant-garde qui va représenter l’enjeu fondamental de la mutation suivante. Après qu’Ardisson, tout en la criblant de cruautés mondaines, a élevé cette nouvelle cour à une légitimité intellectuelle et morale inédite, Ruquier en fait défiler les membres un à un dans son fauteuil pour les soumettre à la question. Et là, par une sorte d’effet bascule, un duo « d’intellectuels vintage », Éric Zemmour et Éric Naulleau, un journaliste politique et un éditeur pétris tous deux de culture classique, dévoilent la vacuité et le dogmatisme en toc dont témoigne en réalité cette pseudo aristocratie de plateau adoubée la génération précédente. Commence alors un jeu de massacre suffisamment jubilatoire pour que le public n’éprouve plus la nécessité d’être tenu en éveil par la complaisance graveleuse d’un Ardisson. Les Patrick Sébastien, Francis Lalanne, les Cali, les Raphaël, les Michaël Youn, les Grand Corps Malade et tant d’autres avec eux, sont renvoyés à leur conformisme, à leur sectarisme, à leur invraisemblable suffisance, à leur inculture, alors que la parole critique reprend le pas sur la culture de la vanne. Non seulement ce soudain basculement répond aux nécessités du spectacle – pour surprendre, il faut sans cesse bouleverser les règles du jeu –, mais, comme toujours, il traduit également une évolution de la société française. Depuis le tournant des années 2000, ceux qu’un universitaire stipendié, Daniel Lindenberg, qualifia de « Nouveaux réactionnaires » dans un livre publié en 2002 (Le Rappel à l’ordre au Seuil) commencent d’ébranler la chape de plomb du politiquement correct à l’intérieur du pays. Mais encore, à l’international, l’attentat du 11 septembre 2001 a comme relancé l’Histoire et le monde s’apprête à redevenir multipolaire. En bref, de toute part : le consensus éclate.
Tous contre seul
Or, une décennie plus tard, il paraît donc que la configuration se remodèle encore. Léa Salamé et Yann Moix, une journaliste étiquetée France Inter et un écrivain vassalisé par BHL : les chroniqueurs sont à nouveau en plein dans le giron du pouvoir médiatico-politique. Ils se retrouvent, de fait, sur la même ligne idéologique que l’animateur, Laurent Ruquier, et donc sur la même ligne également que la plupart des invités pailletés. Mais ce nouveau formatage global du plateau est compensé par l’invitation systématique d’un mal-pensant, au centre, seul contre tous, dont on montre la présumée étrangeté, voire la hideur morale, afin d’exciter l’audience, tout en tentant, à tous contre un, d’en circonscrire la puissance. Ce n’est plus la cour, ce n’est plus le tribunal, c’est le cirque où l’on exhibe le phénomène. Ce n’est plus l’animateur-roi, ce n’est plus le chroniqueur-procureur, c’est l’invité-monstre. Le modèle fondateur de ce nouveau dispositif étant l’invitation d’Éric Zemmour le 4 octobre 2014, puisque le Frankenstein de Laurent Ruquier catalyse à lui-seul le processus à l’œuvre depuis quinze ans. Or, depuis que ce qu’il pensait être sa créature lui a totalement échappé, l’animateur tente par tous les moyens de réparer ce qu’il doit considérer comme une impardonnable faute morale tout en bénéficiant encore de l’aura sulfureuse du journaliste-vedette, et il pense sans doute parvenir à concilier ces deux exigences, morale et spectaculaire, en mettant en scène son encerclement, sa prise au piège, tout en vendant son exhibition. Ce qu’il pense donc avoir réussi l’an dernier au moment de la promotion du Suicide français est devenu le patron de la nouvelle formule. Et comme à la plus éclatante époque de son talk-show, quand y officiait le duo Zemmour-Naulleau, chaque semaine : c’est le buzz.
Localisation de la doxa
Et chaque semaine, Léa Salamé, devant l’invité-monstre, martèle ce dont le système a pris acte : que la pensée dominante a changé de camp. Et chaque semaine, l’invité-monstre lui expose comment ce qui est sans doute valable dans l’opinion publique est néanmoins contredit dans le champ médiatique où la Pensée Unique, reliquat d’un consensus défunt, se trouve pourtant toujours être très largement majoritaire. Très concret, dépassionné, factuel, l’écrivain Michel Houellebecq explique qu’il suffit d’ouvrir les journaux pour considérer qu’en terme de volume de discours produit, la Pensée unique couvre encore 90% du panorama, et que celle-ci peut être classée comme relevant globalement du centre-gauche. Ce qui pose tout de même un problème, puisque sans pour autant que l’opinion des médias se doive d’être strictement conforme à l’opinion publique, un trop grand décalage finit par ressembler à une forme de putsch idéologique, comme si des généraux conservaient autoritairement le pouvoir pourtant perdu de manière flagrante aux élections par leur parti. Ce que Michel Onfray traduit ainsi : « Je critique l’usage privé qui est fait du service public. Vous êtes payés par le contribuable, et quand on est payés par le contribuable, on n’a pas une pensée unique, toujours la même. » Face à Geoffroy Lejeune, dont le roman d’anticipation politique imagine la victoire de Zemmour aux présidentielles, le 26 septembre, et alors que ce dernier explique comment le journaliste, par sa parole dissidente, permet à des millions de gens de « respirer », Léa Salamé a cette réaction ahurissante : « Ils n’ont pas besoin de respirer puisque la plupart des gens pense ça ! » prétend-elle après avoir à nouveau avalisé la droitisation générale de la population. Or, sur le plateau où Léa Salamé officie, qui se trouve autour d’elle ? Yann Moix et Laurent Ruquier, qui pensent globalement comme elle ; Xavier Durringer, touche-à-tout politiquement bien borné dans la gauche des années 80 la plus puérile et sectaire, qu’incarnent indirectement les starlettes de l’époque que sont Géraldine Martineau et Marc Lavoine, lequel s’est récemment illustré parce qu’il exigeait l’accueil des migrants par la France sans pour autant accepter d’en recevoir chez lui ; enfin, Frédéric Chau, une recrue du « Djamel Comedy Club » rendu célèbre par le film bien-pensant Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu ?… Léa Salamé est donc politiquement en quasi monopole sur un plateau où celui qui pense différemment, tout en étant totalement isolé dans un tel contexte, est pourtant largement représentatif de l’opinion. Mais elle ne voit pas pour quelle raison ses adversaires politiques pourraient éprouver la nécessité de respirer… Pire, Salamé se laisse aller à revendiquer la subversion ! Il faudrait alors considérer en effet « subversif » un dictateur haï qui oserait pourtant aller systématiquement à rebours des vœux de son peuple ! Kim Jong-Un, roi des rebelles du PAF !
Extrêmes et centre
Ruquier annonce alors, sur ce thème plutôt gênant pour sa caste, que la majorité des personnes des médias seraient « plutôt au centre », autant à droite qu’à gauche. Une telle assertion est facile à étayer : en réalité, 74% des journalistes auraient voté Hollande en 2012. Autant dire que les journalistes sont moins « plutôt au centre » que carrément de gauche libérale ! Mais surtout, il est intéressant d’analyser ce que le journaliste insinue en usant d’une telle dichotomie insidieusement « démophobe », pourrait-on dire. Il y aurait un centre ; et des extrêmes. Ce « centre » manifeste bien, en effet, l’alternance unique libérale-libertaire, que le FN taxait d’ « UMPS », semble-t-il à raison, étant donné de tels aveux. Ce centre, dominant dans les médias mais aussi dans les élites, serait par conséquent modéré, raisonnable, conséquent, tandis que les extrêmes seraient le résultat d’exaspérations populistes dangereuses et potentiellement criminelles. Tout d’abord, il peut paraître un rien délirant de supposer « raisonnable » un « centre » qui a mené le pays dans une telle situation de crise globale, économique, morale, identitaire, en moins de trente ans. Ensuite, il peut sembler un rien hâtif d’amalgamer dans « les extrêmes » une gauche radicale ne l’étant pas davantage, radicale, que le mitterrandisme initial (avant le virage libéral de1983), une droite nationale de plus en plus chevènementiste, des groupuscules anarchistes violents, ou bien véritablement néo-nazis, ou encore des sympathisants de l’État Islamique… Il existe une dichotomie sans doute infiniment plus pertinente, celle qui insisterait sur le clivage entre un pôle conservateur et un pôle contestataire. Non pas conservateur au sens moral, on l’aura compris, mais du point de vue du pouvoir. Le « centre » de Ruquier, ce n’est ni plus ni moins que le camp de ceux qui veulent conserver le système tel qu’il existe, parce qu’ils en profitent au mieux. Quant aux prétendus « extrêmes », c’est une manière de désigner ceux qui contestent le pouvoir, d’où qu’ils le fassent, et qui le contestent en général pour l’excellente raison qu’ils en souffrent.
Le scandale Morano
La particularité de ce dispositif médiatique inédit au cours duquel, chaque samedi, un sénat délégitimé tente de décrédibiliser un tribun du peuple isolé dans l’arène, a déjà été parfaitement compris par certains, parmi lesquels : Nadine Morano. La plus prolo des députés des Républicains n’est pas aussi sotte qu’elle le paraît. Son prétendu « dérapage » est exactement le contraire d’une sortie de route. Sa citation polémique de de Gaulle était même le but essentiel de sa venue. Partant d’un constat simple, que dans une configuration telle que celle que nous avons décrite, celui qui est désigné comme ennemi par le cercle médiatique incarne la majorité croissante de l’électorat, il a dû lui sembler que scandaliser ce cercle revenait à agréger les électeurs de manière quasi mécanique et que plus on frappait fort, plus le bénéfice serait important. Ayant également très bien compris que le tabou des tabous de notre époque était relatif à la race, la députée a dû s’imaginer qu’il suffisait de balancer plus ou moins de but en blanc la fameuse citation du Général pour terroriser l’assemblée et fédérer derrière elle une grande partie des téléspectateurs. L’analyse est pertinente, mais la méthode fut pour le moins grossière, artificielle, tellement téléphonée qu’il est difficile de présumer qu’elle réussisse. Mais en mettant aussi nettement les pieds dans le plat (la question traitée ici, on l’aura compris, n’est pas l’à-propos de sa citation), le scandale Morano aura du moins l’immense mérite de révéler trois choses. Premièrement, ce fameux dispositif que nous venons de décrire et la tentative des politiques de s’en servir selon ses nouvelles règles de fonctionnement. Deuxièmement, comment Yann Moix, à l’instar de nombreux de ses confrères et vérifiant les prédictions de Michel Houellebecq est déjà prêt à la « soumission », ne voyant aucun inconvénient à l’islamisation du pays (laquelle, par ailleurs, est censée n’avoir pas lieu). Troisièmement, comment les prétendus héritiers du gaullisme ne partagent plus du tout la conception de la France qui était celle du Général, une conception qui les répugne même au dernier degré.
Prolonger l’usurpation
Pour conclure, on peut remarquer que cette dernière mutation du dispositif est aussi flagrante, radicale, qu’inquiétante. En effet, elle ne traduit ni plus ni moins que la mise en scène, par un pouvoir idéologique, de sa tentative désespérée de prolonger son usurpation. Au lieu d’ouvrir le cercle, la caste médiatique le referme en public sur ce qui la menace, c’est sa manière ambiguë de laisser s’exprimer ce qui discute son hégémonie tout en tentant du même coup de l’étouffer. Certes, elle admet qu’elle n’a plus beaucoup d’intellectuels et d’idées de son côté, mais une poignée de comiques certifiés conformes, de pouffiasses parvenues, de crooners has-been et d’écrivains ratés, résidus des plateaux télé mitterrando-chiraquiens, lui permet néanmoins de faire nasse, du moins à l’écran. En attendant, les 80% de Français qui ne sont pas ou plus de centre-gauche devraient déjà s’estimer heureux, comme l’affirme Léa Salamé (tous les matins sur France Inter, tous les samedis soirs sur France 2), qu’on leur laisse parfois la parole…
Racheté par Patrick Drahi à l’été dernier, le groupe L’Express-Roularta est en passe de subir une cure d’amaigrissement intense, avec déjà 115 départs volontaires prévus dans le cadre de la clause de cession, auxquels viennent désormais s’ajouter les 125 suppressions de poste annoncées.
Face à cela, les sociétés de journalistes du groupe ont décidé d’interpeller le patron de l’hebdomadaire, Christophe Barbier. Dans une lettre ouverte, ces derniers regrettent qu’« aucune stratégie éditoriale n’a[it] encore été définie et présentée aux rédactions ». « Ce vide abyssal ne fait qu’attiser l’inquiétude de tous dans des titres déjà décimés par de nombreuses suppressions de postes », estiment-ils.
Et les journalistes de souligner la contradiction entre le PSE (plan de sauvegarde de l’emploi) et la volonté affichée de « fournir une information de qualité ». « Comment publier une information de qualité en supprimant les postes de correcteurs et de documentalistes ? Comment publier une information fiable avec moins de secrétaires de rédaction et moins de rédacteurs ? Comment continuer à assurer une illustration de qualité et singulière avec moins d’iconographes, voire aucun ? », s’interrogent-ils.
« Il est temps que le directeur des rédactions se souvienne que sa mission fait de lui le garant de la qualité éditoriale des titres du groupe », ajoutent-ils avant de conclure en réclamant « des réponses détaillées sur les projets éditoriaux et la nouvelle organisation que vous entendez mettre en place ».