Première corrida de la féria de Nîmes, Morante de la Puebla enchante le public

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Première corrida de la féria de Pentecôte avec un duel El Juli-Morante de la Puebla, ce vendredi 22 mai. Le vent a contrarié les deux toreros mais le mano a mano a tout de même été marqué par la prestation d’un Morante de la Puebla au sommet de son art.

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Le vent a presque failli gâcher la fête ce vendredi dans les arênes de Nîmes. Et pourtant l’affiche de cette première corrida de la féria de Pentecôte était belle. Inédite même. Ce mano a mano est le premier duel entre Morante de la Pena et El Juli en sol français.

Premier à pénétrer dans les arênes, Morante de la Puebla a d’abord bâclé son premier taureau. Mais il a rapidement réveillé le public avec le deuxième. Le torero andalou a alors fait admirer toute la lenteur du moindre de ses mouvements. Des gestes qui ont conquis les 10 000 spectateurs.

Son adversaire du jour, El Juli, est le « chouchou » du public nîmois. Son toreo classique et sa technique à l’état pur ont toujours fait merveille. Au final, le prodige madrilène a coupé une oreille à son premier taureau et une autre au dernier contre une seule pour Morante de la Puebla.

Morante de la Puebla: silence, un avis avec une oreille et un avis avec saluts.
El Juli: un avis avec une oreille, un avis avec silence et un avis avec une oreille.
Bétail: lot de Garcigrande.

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Credits photos : ©©SEBASTIEN PLA/WORLDPICTURES/MAXPPP ; ©SEBASTIEN PLA / AGENCE WORLDPICTURES / MAXPPP / 20 SEPTEMBRE 2008 / NIMES / FRANCE / FERIA DES VENDANGES / SEBASTIEN CASTELLA SEUL CONTRE 6

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Laurent Joffrin est-il une plume de Hollande ?

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Laurent Joffrin écrit-il les discours de François Hollande ? C’est en tout cas ce qu’avance le Journal du Dimanche.

Dans son édition du dimanche 24 mai 2015, le JDD consacre un entrefilet au discours prononcé aujourd’hui par le chef de l’État au Panthéon, dans lequel François Hollande rend hommage aux quatre résistants panthéonisés.

D’après le JDD, Laurent Joffrin, co-directeur de Libération, figurerait parmi les plumes qui aurait aidé le président à peaufiner son discours. Et de préciser que « le patron du journal Libération a déjà été mis à contribution sur d’autres discours, notamment celui du Bourget ».

Aussitôt, le principal intéressé a démenti sur son compte Twitter, indiquant qu’il ne participait « ni de près ni de loin à la préparation du discours de Hollande pour le Panthéon. Idem pour le Bourget… » À L’Express, celui-ci a confié qu’il « prépar(ait) bel et bien des papiers sur Jean Zay et Pierre Brossolette. Mais c’est pour Libération ! » Et d’ajouter : « Hollande et moi, on se connaît bien, on était à Sciences-Po ensemble. Mais cela ne fait pas de moi quelqu’un qui lui écrit ses discours. »

Quoi qu’il en soit, à la rédaction de Libé, on se dit « remonté » et, malgré le démenti formel, on ne peut s’empêcher de juger cette information « plausible »…

Voir également notre portrait de Laurent Joffrin ainsi que notre infographie de Libération

 

Crédit photo : la_bretagne_a_paris via Flickr (cc)

les rappeurs dans le collimateur

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Drogue, armes, paroles : plusieurs clips de rap ont récemment attiré l’attention de la justice. Si vous aussi vous envisagez de jouer au gangster sur YouTube, voici quelques conseils de base. Au cas où.

Avec un minimum de matériel et de compétences, n’importe qui peut réaliser son clip de rap et le poster sur YouTube. Un moyen très simple de faire connaître son boulot, même si l’écrasante majorité de ces petits artisans passe totalement inaperçue. Néanmoins, de temps en temps, les autorités décident de donner un coup de pouce à certains anonymes.

Compiègne, Sarcelles et récemment Strasbourg : plusieurs clips ont titillé la curiosité des élus et de la justice. En cause, la drogue, les armes et les paroles trop crues qu’on peut y voir et y entendre.

Dans ces cas-là, trois grilles de lectures (au moins) sont possibles :

  • il faudrait enfermer ces jeunes et faire un exemple. Interdire le rap aussi, car c’est une musique qui encourage la violence, les doublements scolaires et la débauche ;
  • la justice a mieux à faire et de toute façon, c’est simplement de la com’. Condamner des rappeurs qui se donnent en spectacle ne changera rien tant qu’on n’agira pas sur le fond. La drogue continuera de circuler, les armes aussi, quand bien même on remplacerait le rap par la folk ;
  • c’est simplement de la fiction. Une sorte de court-métrage à budget quasi nul, où les jeunes fantasment leurs modes de vie et reproduisent des codes utilisés par des stars du rap. Un divertissement, quoi.

Flemme et manque d’imagination

A Sarcelles, le réalisateur du clip polémique – qui met en scène des mineurs – se justifie :

« On parle de drogue, comme dans les films. Mais ce ne sont pas des dealers, ils vont tous à l’école. Il n’y a rien de méchant, ce n’est que de la comédie, que des comédiens. »

Peut-être. Mais comme l’explique le sociologue Anthony Pecqueux aux Inrocks :

« On refuse systématiquement la possibilité du second degré au rap, c’est une constante depuis plus de vingt ans. Et on continue à prendre les spectateurs de ces clips pour des idiots culturels, incapables de ne pas les prendre au premier degré. »

Ces jours-ci, Les Dernières Nouvelles d’Alsace, Le Parisien ou encore FranceTV Info ont évoqué le cas d’Abdelos, un jeune rappeur strasbourgeois. Son clip, qui transpire la flemme, le copié-collé et le manque d’imagination (en gros, tous les ingrédients pour se taper la honte), fait l’objet d’une enquête de la Direction départementale de la sécurité publique.

Si vous êtes « gangster-apprenti rappeur YouTube » et que vous envisagez de faire quelque chose dans son style, voici quelques petits rappels (de base) avant de vous lancer dans cette périlleuse aventure. On ne sait jamais.

1

Les images restent, parfois pour toujours

Les images peuvent être vues par n’importe qui, n’importe où, à commencer par la famille. A propos des gamins de Sarcelles, le rappeur JP Manova dit à nos confrères de Vice :

« Je ne doute pas, par ailleurs, qu’au moins l’un d’entre eux que son daron a reconnu dans le clip ait du prendre quelques coups de ceinture. »

Dans le cas d’Abdelos, c’est très problématique puisque ce qu’il a fait s’apparente plus à un dossier qu’à une œuvre. Au-delà du clip foiré, il y a quelques belles punchlines dégueulasses, comme :

« J’ai appris à lire entre les lignes, comme un sourd qui mime les signes. »

Certes, des artistes vendent des disques avec des phases beaucoup plus nazes. Mais ce n’est pas une raison valable pour repousser les limites. En juin 2014, il a fait une confession sur Facebook qui aggrave son cas :

« Il reste une scène a faire, après il est terminé. Il sort vers mi-août, merci de patienter, ça sera un clip de ouf salement hardcore. »

Ce clip, mis en ligne le 1er mai 2015, serait donc le fruit de plusieurs mois de travail. Mec, efface ce message de toute urgence !

2

Ne jamais prendre pour argent comptant ce que dit votre entourage

Les joyeux lurons vous disent « Tu plies tout le monde au micro » ou « Tu vas perforer l’industrie du disque ». C’est surtout un coup à finir dans un bêtisier ou un « best of des pires clips/punchlines du siècle ». Sachez-le, ces salauds se moquent de vous quand vous n’êtes pas là. C’est votre gueule qu’on retiendra, pas la leur.

Donc, demandez conseil à quelqu’un de neutre avant de faire quoi que ce soit de visible. Tant que vous y êtes, coupez au montage les figurants qui font des doigts d’honneur, surtout quand le majeur n’a rien à voir avec les paroles au moment où il est dressé.

3

C’est tout un art de filmer les grands ensembles

Vous aimez votre cité HLM ? C’est normal, mais dans ce cas, ne l’humiliez pas. Ne dites pas que vous la représentez non plus, puisque personne ne vous a rien demandé.

[Petite parenthèse pour les non-initiés au rap : parfois, vous avez l’impression que les cités dans lesquels sont tournés certains clips sont des ghettos. En fait, non. Ce sont de petits quartiers pittoresques déguisés pour l’occasion]

4

Les meilleurs clips « ghettos » ont déjà été faits, tous les plagiats possibles aussi

Le filon a été exploité de toutes les manières possibles. Pourquoi vous obstinez-vous, bon sang ? YouTube est l’espace idoine pour innover et oser. Avec 250 euros, des Tunisiens ont réussi à filmer leur galère – bien plus compliquée que la vôtre – et faire 17 millions de vues.

Les bécanes, les pitbulls, les gueules cassées qui bougent la tête spliff au bec, les gamins qui crient en arrière-plan, c’est ringard quand c’est mal fait. Ou bien c’est un clip pour les copains. Si c’est le cas, précisez-le en introduction en caractère gras pour que nous puissions resituer ça dans son contexte.

5

Osez la sobriété

Si vous êtes fauché et que vous ne faites pas appel à un pro pour la réalisation, demandez-lui d’éviter les petits effets spéciaux, genre les focus au ralenti sur certains visages. Ça donne l’impression que vous vous foutez de notre gueule.

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Soyez discrets

Quelle que soit la situation, c’est contre-productif de se vanter de ses larcins. Le but, c’est quand même d’être discret. Là, je ne m’adresse pas à l’écrasante majorité qui s’invente une vie, mais à la minorité de petits trafiquants (les gros n’ayant pas le temps de faire du rap).

Imaginez vous faire coffrer à cause d’un clip et cette discussion délicate avec un codétenu :

« Tu t’es fait balancer par un associé ?
– Non, j’ai fait un clip sur YouTube où j’ai tout raconté.
– T’es con, non ?
– Je ne sais pas trop. »

7

Non au jeans du souk

On peut être hardcore sans montrer des armes et du mauvais shit. C’est ça l’enjeu d’un clip. Et si vous tenez quand même à jouer les gros bonnets friqués et ultra-violents, sapez-vous comme tels, pas en jeans Diesel du souk de Casa ou de Tunis (on ne me la fait pas). Sinon, on ne vous suit plus.

8

Vous avez le droit de sourire

Ce n’est pas parce que vous faites la gueule avec des liasses de 10 euros et la mâchoire serrée que vous faites flipper. Le rap, c’est du divertissement. Faites-vous plaisir, lâchez-vous, mettez un petit short à fleurs comme Jul. Bandit, mais propre sur lui, comme un trader à La Baule. Ça, c’est hardcore.

Là, les médias qui parleront de vous seront embêtés. Racailles ? Pas racailles ? Vous embrouillerez même les juges.

« Dis donc, il est sympa lui, avec son petit short à fleurs ?
– Ben je l’aime bien moi, même s’il insulte les CRS. En plus il a les jambes épilées. On abandonne les poursuites. »

9

Soignez votre image (au cas où)

La médiatisation peut arriver à n’importe quel moment. Sur les réseaux sociaux, mettez une photo beaugosse et surtout, vos coordonnées. L.A.R, le pote d’Abdelos (il apparaît dans son clip) a réussi à décrocher un rôle dans le film d’Abd Al Malik en faisant des clips ghettos bâclés. Pour l’anecdote, il est meilleur acteur que rappeur.

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Entre nous…

Serrer des meufs n’est pas une bonne motivation pour faire du rap. Parce qu’avouez-le, c’est un peu pour ça que vous vous affichez sur YouTube. Vous avez la flemme d’aller à la chicha et de tchatter sur Facebook, c’est ça non ?

 

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Dans les coulisses de la vente de Valeurs actuelles

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Le magazine Lyon Capitale s’est penché sur la vente de Valeurs actuelles à Privinvest Medias, une filiale de Privinvest Holding SAL appartenant à l’homme d’affaire franco-libanais Iskandar Safa le 22 avril dernier. Et a déroulé une drôle de pelote qui nous conduit au Liban, en Libye… et à l’Élysée.

Mais que vient faire aujourd’hui Iskandar Safa dans Valeurs actuelles ? Qu’est-ce qui explique son intérêt soudain pour cet hebdomadaire qui a jusqu’ici défendu bec et ongles Nicolas Sarkozy, tout en essayant de capter le lectorat – et par extension l’électorat – d’extrême droite par ses unes lui ayant valu des condamnations pour “provocations à la haine” ? Pour comprendre toute l’affaire, digne des meilleurs romans d’espionnage, il faut commencer par le Liban.

Pour lire l’article en intégralité, c’est ici

Polytechnique : l’Etat réforme la « pantoufle »

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Le sort de la fameuse « pantoufle » de Polytechnique est réglé. Samedi 23 mai, le gouvernement a publié au Journal officiel le décret qui réforme ce régime, contre l’avis du Conseil d’Etat. La pantoufle est la somme – plus de 40 000 euros – que les élèves qui ne travaillent pas dix ans pour l’Etat en sortant de l’école militaire d’ingénieurs doivent rembourser à l’école.

La Cour des comptes dénonce le problème depuis trois ans, Polytechnique demande à l’Etat de le régler depuis cinq ans. Mais cela fait quinze ans qu’il est identifié. En effet, depuis la dernière réforme du dispositif, en l’an 2000, plus aucun polytechnicien n’est tenu de s’acquitter de la pantoufle, hormis ceux, très peu nombreux, qui choisissent de devenir fonctionnaire mais ne le restent pas dix ans. « Un polytechnicien menant carrière dans des institutions bancaires américaines est exonéré de remboursement, à la différence d’un ingénieur des Ponts travaillant dans une direction régionale de l’Etat », s’agace le député UMP de Haute-Marne François Cornut-Gentille, auteur d’un récent rapport sur l’école.

Lire aussi : Polytechnique : l’Etat accusé de négligence

Dans son principe, établi par Polytechnique dès 2010, la réforme rétablit donc la règle d’avant 2000 : tout polytechnicien ne travaillant pas dix ans pour l’Etat remboursera sa scolarité. Pour l’école, c’est une question d’éthique, d’image et d’argent : le manque à gagner serait de l’ordre de 5 millions d’euros par an. Pourtant, le 23 février, le Conseil d’Etat avait rejeté le projet de décret présenté à l’automne par le gouvernement. Mais l’avis du Conseil d’Etat est consultatif, et le ministère de la défense plaide pour l’adoption du texte en dépit des critiques de l’institution du Palais-Royal.

« Notre texte est solide juridiquement »

Le ministère de la défense considère en effet que la légalité de son projet, lu et relu par de nombreux services juridiques de l’Etat, est solide. Le Conseil d’Etat pense le contraire. Dans certains cas, estime-t-il, l’égalité entre polytechniciens n’est pas garantie. Ce serait notamment le cas de celui qui choisirait de devenir fonctionnaire, démissionnerait avant dix ans puis servirait dans le secteur public comme contractuel, vis-à-vis de l’un de ses camarades qui serait d’entrée de jeu contractuel. De fait, les deux feraient carrière dans le public, mais l’un devrait rembourser la pantoufle quand l’autre en serait exonéré.

La décision du Conseil d’Etat « n’a pas manqué de surprendre toutes les administrations », écrivait le président de l’école, Jacques Biot, dans un courrier adressé au député Cornut-Gentille le 6 mars. « Notre texte est solide juridiquement », assure de son côté au Monde son directeur général, Yves Demay. Une troisième source interne à l’école considère qu’« il s’agit d’arguties juridiques destinées à empêcher le texte de sortir. Le cas évoqué par le Conseil d’Etat concernerait peut-être un cas sur 5 000 en dix ans ! Officiellement, le Conseil souhaite que l’école élabore un décret par corps de l’Etat, soit une dizaine de textes nouveaux. Cela prendrait un temps fou… En réalité, le texte est pris en otage par quelques personnes du Conseil d’Etat qui cherchent à obtenir autre chose du gouvernement. »

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En tout cas, déplore M. Cornut-Gentille, « la crise de la pantoufle est emblématique des fragilités de l’école, de la faiblesse de la tutelle et des lenteurs de l’X à se réformer. Elle justifie à elle seule les questions que j’ai posées dans mon rapport sur la mission de Polytechnique. Si celle-ci était parfaitement claire, il n’y aurait pas de problème de pantoufle. » C’est tout l’objet de la mission confiée fin 2014 au conseiller maître honoraire à la Cour des Comptes Bernard Attali.

En attendant, contrairement à ce qui était prévu, la réforme ne s’appliquera pas aux X entrés à l’école en 2014 : l’Etat y a renoncé. Ce sont donc les X 2015 qui seront les premiers concernés. L’école ne percevra les premières potentielles « pantoufles » qu’en… 2025.

cr photo : flickr
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Fréquentation en hausse au Puy du Fou

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L’inauguration officielle de la nouveauté 2015 consacrée à la guerre 14-18, Les Amoureux de Verdun, a été l’occasion d’évoquer la fréquentation et les projets du parc vendéen.

« Le Puy du Fou se porte bien. Nous enregistrons 60 000 réservations en plus par rapport à 2014 », a annoncé ce jeudi midi, Laurent Albert, directeur général du Puy du Fou, devant quelques 1 400 personnes, invitées à l’inauguration officielle des Amoureux de Verdun, la nouveauté 2015 consacrée à la Première Guerre mondiale.

Depuis son ouverture le 18 avril, le parc enregistre, à ce jour, « 28 000 entrées de plus » par rapport à 2014, a complété Philippe de Villiers pour qui, « le voyage du Puy du Fou continue. Cette année, il prend la forme d’un hommage aux Poilus… », avec les Amoureux de Verdun.

Pour le créateur du parc, le Puy du Fou « n’est pas un parc d’attraction, c’est un acte de mémoire… L’histoire que l’on raconte, c’est la vôtre, les sentiments que l’on montre, ce sont les vôtres… »

Philippe de Villiers a également dévoilé la nouveauté 2016 : le théâtre des géants, qui accueillera un spectacle consacré au général Charette.

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Un grand mystère de l’ère numérique bientôt dévoilé ?

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C’est un des plus grands mystères de l’ère numérique : qui a créé le bitcoin, la monnaie virtuelle qui inquiète les autorités bancaires ?

Il a un nom, Satoshi Nakamoto. C’est le patronyme employé par la personne qui a lancé le programme en 2009 et communiqué avec les premiers usagers de la monnaie numérique. Mais personne ne l’ayant vu, ni même entendu le son de sa voix, on ne sait pas qui se cache derrière. D’autant qu’en 2011, quand le bitcoin a commencé à attirer l’attention des autorités et du public, les e-mails ont cessé. Satochi a disparu, et la légende a pris de l’ampleur.

En mars 2014, le magazine Newsweek a fait sa couverture avec ce qui apparaissait comme un scoop : on avait retrouvé Satoshi Nakamoto. Il s’agissait d’un ingénieur de 60 ans, Américain d’origine japonaise vivant à Los Angeles. Mais dès le lendemain de la publication, il était à peu près certain que Newsweek n’avait pas trouvé la bonne personne.

Nick Szabo, un ingénieur présent aux origines de bitcoin

Nathaniel Popper, le journaliste qui vient d’écrire un article du New York Times sur l’origine de cette monnaie virtuelle, est en train d’écrire une histoire du bitcoin ; en interrogeant beaucoup de membres de la communauté bitcoin, il constate que ces derniers n’ont pas du tout envie que l’inventeur du programme soit démasqué. Pour autant, peu résistent au jeu consistant à rechercher les traces de son identité. Et au fil des conversations avec les personnes les plus impliquées dans cette communauté, il en est arrivé à la conclusion que la croyance collective attribuait la création de bitcoin à un Américain d’origine hongroise du nom de Nick Szabo.

Mais Szabo est presque aussi mystérieux que Satoshi.

Néanmoins, le journaliste a eu la chance de pouvoir le rencontrer une fois, lors d’une réunion de membres de la communauté bitcoin. Szabo a nié être Satoshi. Ce qu’il a réaffirmé dans un e-mail en date de mercredi 13 mai. Mais il a reconnu qu’il faisait partie du très petit nombre d’ingénieurs qui ont travaillé pendant des décennies à imaginer un système qui a abouti à bitcoin, et qu’il a inventé de morceaux de programmes qui ont servi à la création de bitcoin. Notamment parce qu’il avait inventé un prédécesseur de bitcoin, bit gold, qui atteignait les mêmes buts avec des moyens similaires.

Il est impossible de certifier l’identité de Satoshi Nakamoto sans que la personne – ou les personnes – titulaire(s) des vieux comptes bitcoin attribués à ce nom ne sorte de l’ombre. Et aujourd’hui, connaître l’identité de son créateur aura peu d’influence sur l’avenir de la monnaie : depuis 2011 et le silence de Satoshi, la plupart du code, qui est en open source, a été retravaillé par un groupe d’ingénieurs dont les identités sont connues.

Mais l’histoire de Szabo permet de lever quelques malentendus sur l’histoire du bitcoin : il ne s’agit pas d’un système qui est sorti un jour de nulle part. Sa création repose bien sur un travail collectif qui s’est étalé sur des décennies.

Et, d’après le journaliste, cette histoire va au-delà de la curiosité. Les chercheurs et les banquiers voient dans bitcoin un nouveau paradigme dans l’histoire de la monnaie. Dernièrement, Goldman Sachs a commencé à travailler avec cette technologie.

Et Szabo reste impliqué dans l’évolution de bitcoin. En 2014, il a intégré une entreprise de Palo Alto, Vaurum, dont le but est d’améliorer le système et de mieux travailler avec. Sans que l’on connaisse son apport exact, il a réorienté la stratégie de l’entreprise, qui a aussi changé de nom, et en est parti à la fin 2014, manifestement gêné par le fait que sa participation devenait connue. Et pendant le temps qu’il y a passé, les gens qui ont travaillé avec lui ont eu l’impression que son implication dans la création de bitcoin était plus profonde qu’il ne voulait bien le dire.

Satoshi, une fortune de 200 millions de dollars

Et le journaliste de revenir sur sa rencontre avec Szabo au cours de laquelle, si ce dernier a affrimé ne pas être Satoshi, il a concédé que ses travaux, et notamment bit gold, étaient tellement proches de bitcoin , qu’il comprenait que les pistes mènent à lui. Mais ces spéculations lui semblaient amusantes, à lui et d’autres de ses connaissances.

Mais le journaliste du New York Times n’en démord pas. Au-delà des similitudes entre bitcoin et bit gold il relève quelques bizarreries dans l’histoire de Szabo. Le fait qu’il ait été très tôt en contact avec les programmeurs qui seront à l’origine du bitcoin, le fait que Satoshi ait autant emprunté à ses travaux mais qu’ils n’aient jamais entretenu de correspondance, le fait que Szabo, quand le bitcoin est sorti, n’ait jamais relevé les similitudes qu’il avait avec son propre système etc.

En même temps, il comprend les raisons que Szabo aurait de rester anonyme. Et notamment le fait que Satoshi est très riche. Il posséderait environ un million de bitcoins, ce qui lui confèrerait aujourd’hui une fortune d’à peu près 200 millions de dollars.

De toute façon, même sans être Satoshi, il bénéfie aujourd’hui d’une aura qui contrebalance ses vêtements fripés et sa vieille voiture.

( souce )
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« Internet comme territoire sans frontières, c’est une vaste blague »

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Surveillance des Etats, collecte de données par des entreprises comme Facebook ou Google : pour l’informaticien Franck Leroy, il y a des liens consanguins entre entreprises et services américains.

Tout est parti de ce dialogue initié par un journaliste du Figaro :

« Qu’on m’explique. Pourquoi les opposants au projet de loi renseignement acceptent-ils que Facebook, Google ou Twitter sachent tout de leur vie ? »

Cette manière de présenter les choses pourrait paraître simpliste (après tout les opposants à la loi sur le renseignement sont souvent très critiques vis-à-vis des GAFA), mais elle est souvent revenue ces dernières semaines : pourquoi se focaliser sur la surveillance de l’Etat alors que l’actualité nous apporte chaque semaine des exemples flippants de ce que les géants du Web pourraient faire avec nos données ?

L’émergence du Big Data permet déjà de prévenir (en partie) le crime avant qu’il n’ait lieu et le développement des objets connectés pourrait, par exemple, servir à identifier les appareils que vous utilisez chez vous grâce à leur empreinte électrique…

Des personnes bien intentionnées ont essayé de lui répondre, sur le thème « Google et Facebook n’ont pas de prérogatives de puissance publique, pas le monopole de la violence légitime, nous ne risquons que la publicité ciblée ». Cette réponse paraissait un peu courte (Twitter oblige).

Deux livres du même auteur permettent d’éclairer ce débat : « Réseaux sociaux et Cie » (2013) et « Surveillance. Le risque totalitaire » (2014). Deux bouquins symétriques sur les pratiques de l’Etat (surtout les Etats-Unis) et celles des entreprises privées (surtout américaine). Sur la quatrième de couverture, « Franck Leroy », l’auteur, est présenté comme un « consultant en architecture des réseaux informatiques ».

Des Franck Leroy, il en existe à la pelle sur Internet. Il y en a beaucoup dans l’informatique. Pour éclaircir ce point, j’ai donc appelé l’éditeur. Il se trouve que le Franck Leroy qui nous intéresse écrit sous pseudonyme par crainte d’« être enquiquiné dans ses activités professionnelles ». C’est donc lui qui m’a contacté, avec un numéro masqué. Il était « à l’autre bout de l’Europe », il ne revenait que la semaine suivante.

Rendez-vous a été fixé chez son éditeur, Actes Sud. Ce dernier m’assure que l’identité de M. Leroy a été vérifiée. Je n’en saurai guère plus. C’est un monsieur plus âgé que je ne l’imaginais, sympathique, articulé. Il parle comme ses livres, qui sont très clairs pour le profane et ont le mérite de replacer les révélations de Snowden dans l’histoire longue. « C’est parce que je n’ai pas qu’un fond technique », m’explique-t-il. Il dit avoir suivi les cours de Michel Foucault, au collège de France. Cet enseignement a façonné sa vision.

Rue89 : Qu’est-ce qui vous paraît le plus dangereux, la surveillance des Etats ou la collecte de données par des entreprises commerciales comme Facebook ou Google ?

Franck Leroy : C’est un faux débat. La meilleure façon d’approcher cette question est de bien comprendre qu’il y a des liens de nature consanguine entre les entreprises américaines, puisque c’est d’elles que nous parlons, et l’appareil de surveillance et de renseignement de l’Etat fédéral étatsunien.

Ces liens ne sont pas nouveaux. Ils sont connus ou suspectés depuis plus de vingt ans, bien avant que Edward Snowden ne révèle que Google, Facebook et consorts livraient des données sur leurs utilisateurs à la NSA, via le programme PRISM. Certains vont même jusqu’à affirmer que certaines de ces entreprises sont des créations ex-nihilo des services secrets.

En 1999, un rapport de la commission de la Défense à l’Assemblée nationale abordait les liens entre Microsoft et la NSA. On y apprenait « la présence de personnels de la NSA dans les équipes de développement de Bill Gates ». A travers des prises de participation du fonds d’investissement In-Q-Tel, qui est une émanation de la CIA, des personnes très proches du renseignement siègent ou ont siégé au conseil d’administration de Facebook.

Ce « papillonnage » des personnes entre l’appareil d’Etat et des entreprises du secteur informatique est fréquent aux Etats-Unis. Au-delà des personnes, nombre de technologies qui descendent dans le grand public – la reconnaissance vocale, les empreintes faciales, les moteurs de recherche – sont issues de budgets militaires.

Bien sûr, tout cela est dissimulé derrière une légende faussement « cool » d’entreprises dirigées par des jeunes en T-shirt.

Est-ce que ce schéma se retrouve en France ?

Cette relation fusionnelle nous choquerait en France, même si cela existe un peu dans l’aviation. Il faut surtout dire que nous sommes en présence de technologies totalement maîtrisées par les Etats-Unis, qui font tout leur possible pour en conserver le leadership.

OK, mais vos exemples remontent à quelques années. Est-ce que les intérêts privés des grandes entreprises n’ont pas débordé cette origine « militaire » ?

Je ne vois pas pourquoi ces liens auraient cessé d’exister. Certes, la réalité est éminemment plus complexe qu’une simple relation de vassalité entre les géants du Web et l’Etat fédéral américain, mais cela ne signifie pas que les données collectées pour la vente d’espaces publicitaires ne remontent pas ensuite vers les institutions de surveillance.

Mais cela reste un souci lointain. La plupart des gens sont emmerdés au quotidien par des choses comme l’auto-complétion sur Google qui accole un terme peu flatteur à votre nom. Est-ce que ce n’est pas l’activité purement commerciale qui nous pourrit la vie ?

Nous sommes arrivés à un point où ne pas avoir de compte Facebook peut être suspect aux yeux d’un employeur. Il y a une espèce d’obscénité. Vous êtes présenté à un groupe de personnes et vous savez qu’en rentrant chez elles, elles vont entrer votre nom dans un moteur de recherche. Or, vous n’êtes pas ce que Google dit de vous.

C’est un poison lent dans la société. Nous sommes en train de créer une culture délétère, une culture de délation. Et comme tout poison, ses effets ne se ressentent pas immédiatement. Il est de coutume de distinguer la surveillance orientée par les Etats, celle dirigée par les entreprises et celle menée par les individus sur d’autres individus. En réalité, tout cela va de pair.

Quelque chose est descendu du haut de la pyramide et, par capillarité, s’est immiscé dans tous les comportements sociaux. C’est la contre-utopie du rêve des années 80 et 90 : le partage, l’échange, l’enrichissement. Il est intéressant de constater maintenant le double sens de cette « société de la connaissance ». C’est d’ailleurs ce que disait Michel Foucault : le pouvoir, au sommet, ne peut pas fonctionner lorsqu’il est isolé des petits pouvoirs. Et c’est un petit pouvoir que nous donnons aux gens : celui d’espionner son voisin.

Mais il y a aussi des applications très concrètes. On parle des algorithmes qui vont encadrer nos comportements, les lisser…

Oui, cela rejoint la question de l’intelligence artificielle. Il y a tout un courant aux Etats-Unis qui estiment que, dans moins d’une génération, la capacité des cerveaux artificiels (pour eux, le cerveau humain est assimilable à un ordinateur) dépassera celle des individus. Pour eux, la seule solution est d’appareiller les humains pour combler leur « défaillance ». Nous serons alors comme du bétail, allant nous faire injecter des implants qui « normeront » nos comportements. Adieu la créativité, le rêve, la flânerie. Ces gens ne sont pas de doux rêveurs même s’ils parlent d’utopie.

Pourriez-vous nous donner un exemple ?

La santé. L’Apple Watch est un outil bien gentillet à côté de ce qui est en train d’être testé et bientôt commercialisé. Ce sont des implants qui diffuseront des molécules dans votre corps et seront en connexion permanente avec des robots médecins. Sans tomber dans un délire orwellien, nous ne serons pas très loin du tri des individus. Les assurances pourraient s’engouffrer là dedans (certaines vous font des ristournes si vous leur ouvrez votre compte Facebook). Toutes ces technologies dites « d’assistance » sont à double tranchant. Je ne suis pas contre la technologie, je dis simplement qu’il faut en contrôler les usages.

Mais est-ce possible ? Il y a une espèce de défaitisme ambiant, l’idée qu’Internet a « un esprit », qui irait vers plus de transparence, plus de fluidification, sans que la régulation ne puisse rien y faire…

Je n’y crois pas. C’est de la mythologie. La technologie est issue de l’esprit humain. L’individu et la collectivité sont capables d’en définir les usages. Il y a des civilisations qui connaissaient l’existence de la roue et qui ont décidé de ne pas l’utiliser.

Revenons à cette fausse dichotomie, selon vous, entre l’Etat et les GAFA. La surveillance étatique apparaît comme une citrouille surplombante sans conséquences immédiates dans le quotidien, tandis que tout le monde est titillé par les publicités ciblées de Gmail…

Ce n’est pas faux. La visibilité des outils intrusifs des entreprises est finalement assez importante si l’on s’y intéresse de près. Mais le monde de la surveillance est par définition dans l’ombre, son impact est moindre dans l’immédiat. Nous sommes plus dans la crainte des usages possibles par des pouvoirs qui peuvent être amenés à changer. Mais ce ne sont que des plans différents. C’est le rapprochement des deux qui devrait nous inquiéter.

Mais ces outils de surveillance étatique peuvent aussi avoir des conséquences concrètes. Nous vivons dans des sociétés complexes avec des pouvoirs qui sont relativement isolés des populations et qui sont dans l’obsession prédictive. Ils veulent savoir ce que le citoyen pense de ceci ou cela. Pas dans une perspective « altruiste », mais parce qu’ils s’inquiètent de leur survie. Les outils de surveillance peuvent compléter la pulsion sondagière. Les gouvernants vont disposer de tout un tas de capteurs pour palper le corps social. On est dans l’obsession divinatoire : il faut prédire. Cela norme donc aussi le comportement de nos gouvernants.

Ne sommes-nous pas tous devenus paranoïaques après une période d’insouciance pré-Snowden ?

C’est le climat délétère dont je parlais tout à l’heure. Les gens se sentent espionnés. Ce n’est pas un dégât collatéral. C’est une conséquence de la peur diffusée pour justifier le système.

Peut-être, mais vous y participez aussi. En lisant votre livre, on se dit que la NSA, c’est Sauron, un œil omniscient et omnipotent…

Oui, mais ce n’est pas faux non plus. Nous sommes sous un régime permanent de viol des correspondances. Vous en concluez que tout ce qui est de l’autre côté de votre écran est du domaine du visible.

C’est vrai qu’il existe un point de vue général, qui peut être simpliste : parler de « viol permanent de correspondance », c’est une généralité. Quand on gratte, les choses sont plus complexes, le réel est tiraillé par des procédures, des techniques et des intérêts parfois divergents entre Google, Facebook, la DGSE, la NSA, le GCHQ. Chacun fait son petit métier. Mais cette complexité n’empêche pas la généralité.

Comment faire le tri entre la réalité et le fantasme à tendance complotiste ?

J’ai écrit ces livres parce que je voulais clarifier les choses au-delà de l’accumulation des articles de presse. En replaçant tout cela dans une perspective « historique », on découvre des répétitions, des archétypes. Par exemple, l’idée de placer des portes dérobées (backdoors) dans des logiciels, hardwares ou solutions cryptographiques est une vieille pratique de la NSA.

Je pense par exemple aux cartes SIM de l’entreprise Gemalto. Mais ce n’est que le dernier exemple d’une longue liste d’entreprises qui ont été noyautées par les services américains ! Prenez Crypto AG. C’était une boîte soi-disant suisse qui a commercialisé un dispositif de chiffrement dans les années 50. En réalité, les services secrets américains y avaient probablement placé une « clé dans la clé », qui leur permettait de lire « en clair » les communications qui passaient par ce système. Or, cela n’a été découvert que 30 ans plus tard !

Une fois que vous avez identifié ces pratiques, vous commencez à vous poser des questions sur Tor, ce réseau qui est présenté comme garantissant l’anonymat. Pourtant, il a été développé sur des fonds du Pentagone…

Même l’open source – qui permet à tout un chacun de passer en revue le code à la recherche de failles volontaires ou non – n’est pas une garantie. Des failles subtiles peuvent exister. On peut citer le cas d’OpenSSL dont une première faille majeure de sécurité avait été révélée en 2008 alors que le code était supposé relu par la « communauté ».

Peut-on poser le problème sous l’angle de la souveraineté numérique ?

On va revenir sur cette supposée tension entre les États (l’Europe) et les grands groupes. Mais ce qui est certain, c’est que le vieux rêve libertarien d’un Internet « flottant », un nouveau territoire sans frontières, est une vaste blague. Au cœur du système, nous retrouvons l’État américain.

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Et donc sur cette tension entre l’État et les entreprises ?

Les questions de fond ne sont pas abordées. La donnée – et donc la vie privée – demeure une marchandise. Ce n’est vu qu’en terme de concurrence. « On donne cela aux Américains, pourquoi ne pas le garder pour nous ? » C’était bien visible lors des premiers débats sur le Big Data, ce tas d’or de l’économie numérique. Ce fut le cas également, lors de la révision avortée de la directive européenne sur les données privées. La présidente de la Cnil expliquait alors que l’Europe avait « intérêt à constituer un marché unique des données personnelles ». S’ensuivaient des recommandations pour encadrer la collecte et l’utilisation de ces données, mais c’est bien le postulat de départ qui pose problème. Parler de « marché unique des données » revient à accepter la marchandisation des données.

Mais vous ne pouvez pas nier que des institutions publiques entreprennent de limiter l’intrusion dans la vie privée ?

Pour l’instant, je constate que rien ne bouge. On pourrait même considérer que les choses empirent avec la loi sur le renseignement. Des gens se battent, mais la réglementation n’évolue pas. Les boîtes privées font du tam-tam – « On refuse cela, ceci » –, mais la collecte continue.

Mais est-ce qu’on n’exagère pas le pouvoir de ces entreprises ? La vie ne se résume pas en données, les robots ne nous « comprennent » pas. Est-ce que cette limite n’est pas notre meilleure protection ?

Des gens vous disent qu’il suffirait de développer ses propres robots pour balancer de fausses infos dans les serveurs et les inonder. C’est mal connaître ces technologies. Certes il y a beaucoup d’erreurs, mais les algorithmes sont puissants. C’est pour cela que je ne crois pas en une solution purement technologique. À supposer qu’elle soit possible, pour toutes sortes de raisons elle serait très difficilement inaccessible à la grande majorité de la population. La solution ne peut être que politique.

Donc vous ne croyez pas en la « dégafamisation », le fait de se retirer de Google, Facebook, Twitter, etc. ?

Ça ne me parait pas pertinent. Il faut simplement être réaliste. On le dit en blaguant, mais les agents russes seraient revenus à la machine à écrire. À partir du moment où l’on sait que c’est « visible », vous n’y mettez pas votre intimité. Ce qui ne veut pas dire que vous ne pouvez pas mener un combat pour les libertés. Ce n’est pas de la résignation.

Mais vous ne choisissez pas forcément. Un smartphone peut être indispensable à une vie professionnelle et cafter sur vous grâce à la géolocalisation…

Oui.

Vous avez un compte Facebook ou Gmail ?

Non. On ne va quand même pas leur faciliter le travail. Ce n’est pas parce que je ne suis ni agent secret, ni trafiquant, ni terroriste que je dois accepter que l’on fouille continuement dans mes tiroirs. C’est une sensation très désagréable…

Le fait de se « retirer » peut paraître suspect : « Pourquoi cette personne a-t-elle demandé à flouter sa maison sur Street View ? »

C’est pour cela que le droit à l’oubli est pour moi une imposture. On garde la trace de la gomme. Or, si vous voulez effacer un élément, c’est que vous avez quelque chose à vous reprocher. Vous êtes un citoyen en permanence mis en examen. C’est aussi pour cela que la surveillance touche tout le monde. Votre choix individuel engage les autres.

Vous semblez craindre une nouvelle inégalité : entre ceux qui auront les moyens de protéger leur vie privée (crypto, e-réputation) et les autres…

Il y a deux aspects. Le premier est celui du rapport de force. Nous sommes confrontés à des organisations qui regroupent les meilleurs mathématiciens de la terre. Imaginer qu’un groupe d’individus est capable de s’opposer à eux en permanence me paraît illusoire. Mais supposons que des individus créent des solutions de protection. Ce seront des technologues, des personnes qui ont la maîtrise des outils. Allez expliquer cela à Mme Michu… C’est aussi pour cela que les gens sont cyniques et baissent les bras.

OK, il faut réguler, mais vous venez d’expliquer que les États n’y ont pas réellement intérêt...

Oui. Nous sommes en opposition, c’est clair.

Vous parliez de « poison lent » tout à l’heure. Comment expliquer ce paradoxe de la vie privée : les gens savent que leurs données et métadonnées sont moulinées par des boîtes privées, mais ils ne semblent pas s’en soucier. C’est de la mithridatisation ou un calcul coûts/avantages ?

C’est tout bête. Il faut être confronté à un danger pour en prendre conscience… Il y a un rapport entre l’usage et le danger qui est encore favorable à l’usage. Et les gens s’habituent peu à peu à cette intrusion. Mais je pense que la prise de conscience se fera en cas de gros pépin, dans un moment de tension très important. Je pense à la loi sur le renseignement, qui pourrait s’appliquer en « prévention des atteintes à la forme républicaine des institutions, des violences collectives de nature à porter atteinte à la sécurité nationale »… Imaginez cela en mai 68 ou pendant les grèves de 95 …

Vous suggérez aussi que cette surveillance est dans la culture américaine…

C’est très lié aux racines calvinistes profondément ancrées dans la culture américaine : l’individu est sous le regard de Dieu à travers celui de sa communauté. Or la religiosité a toujours été associée à la technologie aux États-Unis. C’est un vaste sujet… Le concept de technologie est un pur produit étatsunien du XIXe siècle. Il n’y a qu’à voir aujourd’hui les présentations d’Apple, le surnom que se donnent les « évangélistes ».

Le « Grand Réveil » aux USA s’est largement appuyé sur les technologies de l’époque – télégraphe, chemin de fer, bateau à vapeur – pour faire son « œuvre salvatrice. » L’image de la toile d’araignée (le web) était déjà utilisée à l’époque pour parler du télégraphe, et certaines personnes rêvaient déjà de prendre le pouls de la population en écoutant ce réseau.

Et cela se diffuserait en France, dans une espèce de « soft Power » de la surveillance ?

En rencontrant notre propre culture de la transparence, celle que décrit Foucault, la pulsion panoptique : « Les Lumières qui ont inventé les libertés ont aussi inventé les disciplines. » Seul le sommet de la pyramide est dans l’opacité, tout le reste est sous le regard des autorités.

Les débats que nous avons eus lors du projet de loi sur le renseignement font écho à une très vieille histoire. Il suffit de relire le débat en pleine révolution française entre le député Gouy d’Arcy, qui avançait que « dans un état de guerre, il est permis de décacheter les lettres » et Mirabeau qui lui opposait que « les complots ne circulent pas par les courriers ordinaires » et que ce n’est pas digne d’un peuple « qui veut devenir libre d’emprunter les maximes et procédés de la Tyrannie. »

( source )
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La police espagnole propose un contrat familial sur le numérique

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On savait la police nationale espagnole en pointe sur les questions numériques. Depuis mars 2009, elle est dotée d’un compte Twitter très suivi (1,58 million de followers à ce jour, beaucoup plus que le compte du FBI), qui fait l’objet d’une vraie stratégie communicationnelle et diffuse des informations dans un style tout à fait adapté aux réseaux sociaux (dramatique, blagueur ou énigmatique selon les circonstances). Ces informations concernent le travail de la police en général ou sont parfois des appels à la vigilance collective, avec une attention particulière aux problématiques numériques.

Voir le document

(Fichier PDF)

En ce dimanche, une nouvelle initiative un peu étrange a été rendue publique. La police espagnole propose l’établissement d’un contrat [PDF] entre les parents et les enfants sur le bon usage des téléphones portables, tablettes, ordinateurs et autres outils connectés.

La police précise :

« Il s’agit d’une proposition du groupe Réseaux sociaux de la police nationale pour les parents et leurs enfants mineurs de moins de 13 ans afin qu’ils établissent avec eux quelques règles de bon usage (sûr, privé, respectueux) de leur smartphone, tablette, ordinateur ou autre outil connecté au moment d’acheter un nouveau gadget à leur enfant. »

Les règles

Parmi les points de ce contrat :

  • aller acheter ensemble l’outil ;
  • installer ensemble les logiciels et applications ;
  • si le nouvel usager est encore petit, installer des filtres parentaux d’un commun accord. De toute façon, installer des anti-virus, n’installer que des programmes aux sources vérifiées, installer des programmes ou applications qui permettent de récupérer les contenus effacés et oblitérer l’œil de la webcam pour prévenir d’un usage malveillant ;
  • respecter les règles d’usage de l’établissement scolaire ;
  • s’engager à avoir un usage respectueux des règles à la maison (dans quelle pièce ? à quelle heure ? avec quel niveau sonore ? etc.) ;
  • jusqu’à un âge fixé ensemble, le nouvel usager s’engage à faire connaître à un adulte de confiance ses identifiants et mots de passe (mails, comptes des réseaux sociaux etc.) et à utiliser son mobile, ordinateur ou tablette dans un lieu accessible à tous ;
  • les parents s’engagent à ne lire que le strict minimum et à respecter l’intimité du nouvel usager et à comprendre que celui-ci, tant qu’il respecte les règles ci-dessus, doit pouvoir bénéficier de son espace propre pour discuter avec ses amis ;
  • parents et enfants s’engagent à ce que ce contrat soit évolutif, et que les règles visent à s’assouplir, en fonction de l’âge et des preuves de bon usage ;
  • les réseaux sociaux et autres plateformes nécessitent d’avoir un âge minimum, le nouvel usager s’engager à le respecter ou partager son profil avec ses parents ;
  • dans ses relations en ligne (réseaux sociaux ou jeux), le nouvel usager s’engage à n’ajouter que des gens qu’il connaît dans la vie réelle, à se méfier de ce qu’on lui raconte et à éviter de confier des données personnelles ;
  • à demander de l’aide à un adulte en case de problème ;
  • ne mettre ou partager aucune photo (de lui ou de ses proches) qui puisse être inappropriée ;
  • la nuit, mettre à charger l’appareil dans une pièce commune, hors de la chambre ;
  • connaître les règles de fonctionnement de chaque appli ;
  • éviter des contenus offensants pour d’autres…

Mention particulière à la règle 19, et avant-dernière :

« Ce sera le nouvel usager qui dominera la technologie, et NON L’INVERSE : il évitera les addictions et la connexion permanente et addictive à un jeu, un tchat, un forum… Connecte-toi à la vie réelle ! »

Et la dernière :

« L’utilité, le respect et l’usage intelligent, légal, responsable, sûr, privé et rationnel de la technologie devront être à la base de toute décision concernant le nouvel outil. PROFITES-EN BIEN ! »

On peut évidemment regretter le ton assez défensif de ces règles (et sans doute illusoire aussi). Mais elles relèvent d’un certain bon sens.

Que ce soit la police nationale qui propose les termes d’un contrat entre parents et enfants, c’est un peu plus bizarre. Il s’agit d’une « proposition », dit le document. Encore heureux.

Services internet en fleur (mkhmarketing/Flickr/CC)

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Une pluie de roquettes touche Palmyre

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( source AFP )

Une pluie de roquettes tirées par le groupe extrémiste État islamique (EI) sur la ville antique de Palmyre a coûté la vie à cinq civils, dont deux enfants, rapporte lundi l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Parallèlement, les violents combats se poursuivaient lundi matin, d’après l’ONG, entre les troupes du régime et les djihadistes aux périphéries de cette ville vieille de plus de 2 000 ans située dans le désert syrien, limitrophe de la frontière irakienne. « Au moins cinq civils, dont deux enfants, ont péri dimanche soir lorsque l’EI a tiré des roquettes sur plusieurs quartiers de la ville de Tadmor (nom arabe de Palmyre) », a indiqué l’OSDH.

« C’est la première fois que l’EI tire avec autant d’intensité sur la ville », a indiqué à l’AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de cette ONG qui dispose d’un large réseau de sources civiles, médicales et militaires à travers la Syrie. Les djihadistes, qui ont lancé leur offensive le 13 mai, se trouvent tout autour de la ville. Depuis samedi, ils sont à un kilomètre du célèbre site connu pour ses colonnades torsadées romaines et ses tours funéraires, et situé dans le sud-ouest de la ville. Samedi, ils avaient réussi à s’emparer de la majeure partie du nord de Palmyre avant d’être repoussés à la périphérie moins de 24 heures plus tard par l’armée.

Le Comité de coordination de la révolution à Palmyre, un réseau de militants dans la ville, a affirmé que l’armée de l’air du régime avait lancé lundi matin six raids aériens sur la périphérie nord de la ville. Le site de Palmyre, l’un des plus importants foyers culturels du monde antique, est inscrit au patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco, qui a tiré la sonnette d’alarme avec le début de l’offensive djihadiste.

( source )